Bourses en panique, crise de l’euro et baisse de la notation de la dette US, que se passe-t-il ? Il y a deux mois à peine on parlait encore de reprise ; aujourd’hui on parle d’une réédition de la crise de 2008 en plus grand.
Un retournement inédit dans les économies les pays capitalistes, qui se trouvent, semble-t-il, dans une impasse historique. Le système de production capitaliste a atteint le summum du parasitisme, ses contradictions sont de plus en plus approfondies et ses crises irrémédiables.
Aux Etats-Unis, c’est-à-dire l’épicentre des monopoles les plus grands du système capitaliste, la crise de la dette a mis à genou l’économie de la première puissance mondiale. L’onde de choc de la crise dite de la dette américaine a atteint les pays de l’Union européenne où les bourses ont lourdement chuté. En Algérie, des incertitudes s’installent sur les conséquence de cette crise sur notre économie, notamment après l’abaissement de la note souveraine des États-Unis par l’agence Standard & Poor’s.
Des experts jugent préférable que l’Algérie garde ses placements en devises aux États-Unis mais d’autres estiment que la structure actuelle de notre économie implique des risques réels. Hier, les places financières européennes continuaient de subir les contrecoups de la sévère crise de la dette qui s’étend aux deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, la trêve aura été brève pour les dirigeants de la zone euro. A peine deux semaines après un sommet extraordinaire, ils sont contraints d’accélérer la cadence face à des marchés pris de panique à cause de la crise de la dette aux Etats-Unis et des craintes de ralentissement économique. L’heure est à l’urgence, d’autant plus que d’autres turbulences sont à prévoir. L’agence de notation Standard & Poor’s vient en effet de retirer le AAA des Etats-Unis, une première dans l’histoire, ce qui risque de faire encore peser une pression plus forte sur les Etats lourdement endettés. Les dirigeants européens, qui s’étaient entretenus vendredi avec Barack Obama, font tout pour tenter de calmer les marchés, inquiets à l’idée d’une contagion à l’Italie et à l’Espagne de la crise de la dette, peu de temps après le plan de sauvetage provisoire de la Grèce. L’abaissement de la note américaine pourrait faire douter les investisseurs sur l’avenir de la zone euro et sa capacité à stopper l’hémorragie. Malgré la mobilisation générale des dirigeants politiques, Barack Obama en tête, et des banquiers centraux de la planète, les marchés financiers ne parvenaient pas à trouver une direction claire et mettre un terme à la spirale baissière. En Europe, les principales Bourses s’effondrent en chute de 4% à 6%. Hier matin en milieu de matinée, Londres perdait plus de 5%, Paris 3,47% et Francfort plus de 6%, alors que Madrid, après une ouverture en hausse, lâchait 3,4% et Milan près de 2%. La Bourse suisse replongeait de 3%, après avoir brièvement évolué dans le vert, et les deux Bourses de Moscou repartaient nettement à la baisse dans le sillage des autres places financières.
Les marchés asiatiques limitaient leurs pertes, hier, après une ouverture en chute libre. La journée de lundi avait été marquée par la forte baisse enregistrée à New York, la mobilisation des dirigeants et des banquiers centraux, qui s’efforcent de calmer des marchés angoissés par le spectre d’une nouvelle crise, ne semblant pas convaincre. Après avoir chuté de près de 10% en séance, dans le sillage du plongeon des places financières internationales la veille, la Bourse de Séoul limite ses pertes en clôturant sur une baisse de 3,64%. La chute est bien plus marquée à Hongkong, qui lâche 5,66%. Seule place financière à finir dans le vert, Sydney se redresse et finit sur une hausse de 1,2%.
Après la Grèce, Londres s’embrase
En Angleterre, les affrontements entre la police de Scotland Yard et les manifestants continuent. En plus de la crise économique et la politique de restriction budgétaire qui s’en est suivie, l’Angleterre sombre dans une violence sans précédent. Les émeutes ont déjà fait un mort. Un homme de 26 ans, blessé par balle dans une voiture lundi soir lors des émeutes à Londres, a succombé à ses blessures, a annoncé la police britannique hier. Il s’agit du premier mort depuis le début des violences, le week-end dernier. Pour la première fois depuis le début des émeutes, les violences se sont étendues à d’autres villes du pays dans la nuit de lundi à mardi : Birmingham, Liverpool et Bristol sont ainsi touchées, poussant le Premier ministre à rentrer d’urgence à Londres. Crise économique, population paupérisée, chômage, les causes des émeutes de Londres semblent être multiples.
Ces tensions sociales sont sans doute exacerbées par la politique de restriction budgétaire mise en place par le gouvernement de David Cameron qui touche les services publics et les aides aux plus pauvres. Comme dans les années 80, alors que Margaret Thatcher était Premier ministre. Une situation qui ne devrait pas aller en s’arrangeant. En début d’année, le maire de Londres, Boris Johnson, a ainsi craint que la récente baisse des allocations logements entraînent à terme une «épuration sociale» du centre de Londres et une concentration des plus défavorisés dans certains quartiers.
Par Hocine Larabi