Le Koweït renoue avec son passé d’innovateur en politique. En 1963, il avait été le premier émirat du Golfe à se doter d’un Parlement. En 2005, il avait également créé un précédent en destituant constitutionnellement le cheikh Saad Al-Abdallah Al-Sabah, émir en puissance affaibli par la maladie, qui n’avait pas recueilli l’assentiment des députés. Dimanche 17 mai, l’élection, à l’occasion du scrutin législatif, de quatre femmes (sur un total de 50 députés) permet au Koweït de regagner le terrain perdu en matière d’émancipation féminine puisque des émirats plus conservateurs que lui, le Qatar ou Oman, leur avaient avant lui accordé le droit de vote.
Autorisées à voter et surtout éligibles depuis 2005, les candidates koweïtiennes avaient tenté leur chance, sans succès, en 2006, puis en 2008. La troisième fois aura été la bonne, notamment pour celle qui avait été, en 2005, la première femme ministre du Koweït, Massuma Al-Moubarak, arrivée en tête dans l’une des cinq circonscriptions fournissant chacune dix députés au Parlement. Les quatre élues présentent sensiblement le même profil : il s’agit de libérales (l’un des trois grands courants politiques koweïtiens avec les élus tribaux et les islamistes), diplômées d’universités américaines.
Les islamistes, dont les plus radicaux avaient fait campagne contre la participation des femmes, ont essuyé un revers lors de ces élections marquées par le bon résultat des chiites (qui ont presque doublé leur représentation avec 9 élus). Les chiites constituent environ un tiers de la population locale de l’émirat. Les élections avaient été provoquées par l’émir Sabah Al-Ahmad Al-Sabah en raison de la guérilla qui oppose depuis des mois les pouvoirs exécutif et législatif. Il n’est pas sûr que les résultats de dimanche, qui ne modifient pas en profondeur la composition du Parlement, permettent d’y mettre fin.
