Kouici: « Belhadj doit s’améliorer défensivement »

Kouici: « Belhadj doit s’améliorer défensivement »

Kouici, l’ex-international et joueur du CRB, répond aux questions de Compétition tout en évoquant le jeu des Verts et leurs chances en CAN et au Mondial 2010.

Que pensez-vous du groupe de la sélection nationale en Coupe du monde ?

C’est un groupe jouable, car à mon avis, hormis l’équipe d’Angleterre qui est au-dessus du lot, les deux autres équipes sont à la portée de notre équipe nationale.

Notre parcours dépendra de l’état d’esprit du groupe et de la forme des joueurs. On doit, néanmoins, améliorer notre jeu et je pense que l’entraîneur Saâdane est bien placé pour connaître les lacunes de l’équipe. La Slovénie n’est pas une nation de football, mais il faut la prendre au sérieux. Il ne faut pas oublier qu’elle a arraché le billet qualificatif pour le Mondial devant la Russie. Les USA sont une équipe très valable comme en témoigne son parcours en Coupe des Confédérations. De ce fait, on doit bien préparer la prochaine Coupe du monde pour tenter de faire un parcours honorable.

Ne croyez-vous pas que la victoire face à la Slovénie est impérative pour espérer aller aux 1/8es de finale ?

Le premier match est important dans ce genre de compétition. On a eu la chance de ne pas tomber sur l’Angleterre au premier match, et de ce fait, je crois qu’il est impératif de s’imposer devant la Slovénie. Notre parcours en Coupe du monde dépendra du résultat de la première rencontre.

Quelles sont les chances des Verts pour aller aux 1/8es de finale en Afrique du Sud ?

Les chances d’atteindre les 1/8es de finale en Afrique du Sud dépendront de la forme et de la mentalité des joueurs. S’ils remportent le premier match face à la Slovénie, à 70% ils se qualifieront pour le deuxième tour.

Comment se présente pour vous la prochaine CAN qui se déroulera en Angola ?

La coupe d’Afrique sera, pour moi, le baromètre pour la Coupe du monde. On doit aller le plus loin possible en Angola, car notre parcours en coupe d’Afrique sera déterminant pour notre participation en Afrique du Sud. Il faut qu’on défende crânement nos chances dans cette compétition.

Certains pensent que l’EN a les moyens pour aspirer remporter la CAN, êtes-vous de ceux-là ?

– Il faut être réaliste, il y a des équipes plus fortes que nous et je pense que ça serait déjà très intéressant d’atteindre les ½ finales en Angola. Ça serait la cerise sur le gâteau si on parvient à figurer parmi le dernier carré.

Vous dites que ce serait intéressant d’atteindre les ½ finales, mais ce ne sera pas facile, puisque en cas de qualification pour les ¼ de finale, les Verts tomberont soit sur la Côte d’Ivoire ou le Ghana…

Les deux équipes ont d’énormes potentialités, et ce ne sera pas facile pour nos joueurs, mais ils ont les moyens pour décrocher le billet qualificatif pour les ½ finales. Mais je ne vous cache pas que je préfère que l’EN tombe sur le Ghana aux ¼ de finale.

Pourquoi vous préférez le Ghana plutôt que la Côte d’Ivoire ?

Le Ghana pratique un football technique et il nous arrange mieux. En revanche, le football ivoirien est un mélange de physique et de technicité. Aussi, la Côte d’Ivoire renferme de très bons joueurs, à l’image de Didier Drogba qui sort du lot.

Vous avez sans nul doute suivi le parcours de l’EN lors des éliminatoires combinées de la CAN et de la Coupe du monde, quel regard portez-vous sur cette équipe ?

Mon constat est qu’on doit progresser dans la construction du jeu, car par rapport aux autres équipes engagées en Coupe du monde, notre jeu laisse vraiment à désirer.

Justement, à votre avis, l’effectif actuel doit-il être renforcé ou pas en prévision de la CAN et du Mondial ?

Je crois que s’il y a des joueurs qui peuvent ramener un plus à l’équipe, pourquoi ne pas faire appel à eux. Mais si pour ramener des joueurs d’égales valeurs à ceux qu’on a actuellement, je ne vois pas l’utilité de faire appel à eux. En plus, l’entraîneur Saâdane connaît bien le groupe et c’est lui qui sait où réside les besoins de l’équipe.

Selon vous, quels sont les compartiments à renforcer ?

– Comme je vous l’ai déjà dit, il y a un manque au milieu, et le renforcement de l’attaque par un élément serait une bonne chose pour l’équipe. Il y a aussi le poste d’arrière gauche. Nadir Belhadj a d’énormes qualités et il fait un travail sur le plan offensif, mais il a des faiblesses sur le plan défensif.

Si vous aviez bien vu les buts encaissés par l’EN lors des éliminatoires jumelées de la CAN et de la Coupe du monde, vous verrez bien que c’était à cause des erreurs commises sur le côté gauche. Belhadj doit progresser sur le plan défensif et ça serait bien de renforcer ce poste.

Vous avez certainement des noms en tête…

Saâdane a sûrement des noms, car il connaît bien les joueurs. Moi, je pense à Babouche à qui on doit donner sa chance lors de la prochaine CAN. Je le trouve bon sur le plan défensif.

Mais Babouche n’a pas assez d’expérience…

Il est le meilleur au niveau national et je pense que s’il joue en coupe d’Afrique, il gagnera en confiance. Je dois vous dire que Saâdane sait ce qu’il veut et il connaît bien ses joueurs.

On parle de l’imminente arrivée de Lacen en équipe nationale, connaissez-vous ce joueur ?

Je n’ai pas vu Lacen jouer pour me prononcer sur sa réelle valeur, mais on doit faire confiance à Saâdane, lequel suit de plus près tous les joueurs.

Si on revient au Mondial 1982, vous étiez sûrement frustré de n’avoir joué aucun match en Espagne…

Bien sûr, ma frustration était grande. Il y avait une injustice commise à mon encontre. J’avais participé à tous les matches des éliminatoires et j’étais chagriné de ne pas avoir joué de match. Il y avait des erreurs de part et d’autre, mais j’ai oublié et j’ai pardonné à ceux qui m’avaient lésé.

Pourquoi vous n’aviez joué aucune rencontre en Espagne ?

– Je me suis déjà exprimé sur le sujet, mais j’accepterai volontiers de répondre à votre question. J’étais blessé aux adducteurs face à l’Allemagne, mais pour les deux autres matches, j’étais prêt à jouer. Le staff technique disait que j’étais blessé, mais ce n’était pas vrai. Le médecin de l’équipe m’avait même donné son feu vert pour que je joue. Cela m’avait fait très mal, mais cela fait partie maintenant du passé.

Il y avait aussi Bencheikh qui n’avait pas apprécié son statut de remplaçant en Espagne…

Il n’y avait pas uniquement Bencheikh et moi qui étions mécontents. Même Tlemçani et Maroc n’avaient pas apprécié leur statut de remplaçants. Il y avait quelques erreurs qui étaient commises, car j’estime que je devais jouer face au Chili, d’autant que Mansouri n’avait pas joué au poste d’arrière gauche. On avait un groupe de 20 joueurs et on aurait pu se qualifier au deuxième tour s’il n’y avait pas la combine entre l’Autriche et l’Allemagne ainsi que certaines erreurs que je viens de vous citer.

Malgré votre frustration, vous avez sûrement jubilé après l’exploit face à la RFA…Oui, j’ai chanté et dansé après l’exploit. Notre force résidait dans la solidarité qui existait dans le groupe.

Quelles étaient vos relations avec Mansouri qui jouait à votre place au poste d’arrière gauche ?

Mansouri était comme un frère pour moi. Bien qu’on jouait au même poste, j’étais le premier qu’il appelait lorsqu’il venait en Algérie. Même Larbès, j’entretiens de bons rapports avec lui. A notre époque, il n’y avait pas de différence entre les pros et les locaux. A part Liegeon (Medjadi) avec qui on avait des problèmes, les autres, à l’image de Dahleb et Djadaoui, pour ne citer que ceux-là, étaient comme des frères pour nous.

Quel est votre meilleur souvenir avec les Verts ?

C’était la médaille d’or remportée aux Jeux africains de 1978 et la qualification pour le Mondial de 1982.

Quel était votre dernier match avec l’équipe nationale ?

Mon dernier match avec les Verts, c’était devant l’Egypte en 1983 qui a été disputé en Algérie pour les qualifications aux Jeux olympiques. Rogov m’a appelé en 1984 pour que je réintègre l’EN, mais j’avais refusé, car je ne pouvais plus continuer.

Vous aviez certainement arrêté votre carrière internationale à cause de votre frustration au Mondial de 1982…

Effectivement, la frustration de 1982 a été pour beaucoup dans la décision de mettre un terme à ma carrière internationale.

En plus, je m’étais marié et j’avais pris la décision qu’il était préférable que je m’occupe de ma carrière.

Racontez le match amical disputé face à Nottingham Forest où l’entraîneur vous avait laissé sur le banc, vous et Merzekane, avant de vous aligner pour que l’EN ne perde pas devant le club anglais…

Je me rappelle bien de cette rencontre qu’on avait disputée avant le Mondial de 1982. L’entraîneur Hamid Zouba voulait tourner son effectif, car avant, on jouait plusieurs matches par semaine.

Le stade était archicomble, il y avait environ 100 000 supporters. Il avait aligné aux postes d’arrières latéraux, si ma mémoire est bonne, Serar et Benhalima, mais au bout de 15 minutes, l’équipe nationale était menée par un but à zéro, et c’est à ce moment que l’entraîneur nous avait dit, à Merzekane et à moi : ‘’levez-vous pour vous échauffer’’, avant que les supporters ne se retournent contre nous.

Chaâbane et moi avions fait un match plein et nous avions beaucoup aidé l’attaque, et c’est ainsi que l’équipe avait égalisé avant la fin de la première mi-temps. Nous avions réussi en deuxième mi-temps à ajouter deux autres buts et on avait terminé la rencontre par trois buts face à Nottingham Forest.

Avez-vous d’autres anecdotes à raconter pour ceux qui ne se rappellent pas des exploits de l’EN durant les années 1980 ?

Vous savez, j’ai beaucoup d’anecdotes à raconter et je pense que même un livre ne suffirait pas pour vous les conter toutes. J’ai beaucoup voyagé, notamment en Afrique, et on avait vécu des moments merveilleux que je n’arrive toujours pas à oublier, malgré ma frustration lors de la Coupe du monde de 1982.

Par exemple, lors de la CAN de 1980, disputée au Nigeria, plus précisément à Ibadan, dans le groupe de l’Algérie, il y avait la Guinée, le Maroc et le Ghana qui avait dans ses rangs un grand gardien en la personne de Cari. On avait affronté le Ghana, et malgré toutes les occasions qu’on s’était créées, on n’avait pas pu marquer le moindre but.

Le soir, je discutais avec le défunt Khedis dans le salon de l’hôtel et l’entraîneur de la sélection guinéenne s’était approché de nous, je lui avais dit que le gardien Cari mettait les gris-gris sous sa casquette qu’il portait le jour des matches.

Il ne voulait pas me croire, mais on s’était lancé un défi que si l’un de ses joueurs enlevait la casquette à Cari et que la Guinée marque, il me payera le dîner. Le jour du match, nous avions affronté le Maroc. Durant les années 1980, ce n’était pas comme maintenant, les joueurs pouvaient rester sur le terrain pour suivre l’autre match du groupe. Le défunt Khedis et moi suivions avec un intérêt particulier le gardien de la sélection ghanéenne. Il était avec sa casquette et il prenait à chaque fois le dessus sur les attaquants de la Guinée. 20 minutes après le coup d’envoi, un attaquant guinéen avait fait semblant de quitter le terrain non loin de la surface de réparation de Cari, il s’était rapproché par la suite du keeper du Ghana avant de lui voler sa casquette.

Une bagarre avait éclaté entre les deux joueurs avant que la situation ne dégénère. La rencontre a été interrompue pendant plus d’un quart d’heure avant que le jeu ne reprenne, mais l’attaquant guinéen a eu ce qu’il voulait, puisqu’il avait non seulement subtilisé la casquette de Cari, mais il avait réussi aussi à lui marquer un but. Le match s’était terminé par un but partout et l’entraîneur de la Guinée n’avait pas oublié son pari, puisqu’il m’avait payé le dîner le soir du match. Il y avait beaucoup de choses drôles qui se passaient en Afrique, mais il faut plus de temps pour raconter toutes nos aventures.