La ville de Koléa, dans la wilaya de Tipasa, est réputée pour être un pôle national de la menuiserie et de l’ébénisterie. Cette activité, qui se transmet souvent entre les Koléaciens de génération en génération, a connu, au fil des années, pour ne pas dire des époques, une dynamique et un développement qui ont fini, à la longue, de jeter les soubassements d’une filière économique locale.
De l’atelier jusqu’à son aval (la commercialisation des meubles et autres produits en bois), ce créneau ne cesse de renforcer ses marques dans une ville qui a dédié pour ainsi dire des quartiers entiers de son territoire à cette activité, au point d’en devenir une référence nationale en la matière. Si les menuiseries se comptent par dizaines à Koléa, il est de même pour les commerces spécialisés dans la vente de meubles. Kerkouba, une véritable ville dans la ville, située sur le territoire de la commune de Koléa et à proximité de Fouka, s’est imposée comme une place commerciale incontournable spécialisée dans la vente de meubles en bois de tous les genres et modèles. On y trouve des lotissements entiers dédiés à cette activité commerciale, à telle enseigne qu’entre un salon de vente de meubles et un autre, il y a systématiquement un autre magasin de même nature.
Fait remarquable dans ce véritable temple des meubles : les salons d’expositions sont vastes, certains occupent même trois niveaux. La concurrence y semble à première vue rude. « Bien qu’on soit des dizaines à investir dans le même créneau, cela ne veut aucunement dire que le marché est arrivé à saturation », remarque un commerçant de la place. Selon lui, il faut redoubler d’ingéniosité pour attirer le client et le convaincre par la suite à faire commande. « Le sourire, la propreté, la manière dont on présente les meubles et l’esthétique des lieux sont des paramètres déterminants pour attirer le client. D’ailleurs, tous les commerçants font de leur mieux et innovent en ce sens pour ne pas rester à la traîne », explique un autre vendeur, dont la famille est propriétaire d’une menuiserie à Koléa. a priori, cette offensive de séduction porte ses fruits, dans la mesure où il est plus ou moins rare de trouver un salon vide. « Je vais me marier le mois de mai prochain. Je suis venu d’Alger pour faire du repérage.
Depuis la matinée, j’ai visité une trentaine de commerces. Je veux m’acheter une chambre à coucher, mais je n’arrive pas à me décider encore. Ce qui m’importe, c’est le rapport qualité-prix », confie un journaliste d’Alger. Attirer le client n’est pas apparemment une fin en soi. « Nous avons aussi d’autres arguments à faire valoir. En plus d’exposer une variété riche de modèles, nous assurons également le transport et le montage des meubles. Ce sont deux options imparables à tous les coups », explique un autre commerçant. A Kerkouba, on ne vend pas seulement le produit local.
De nombreux commerçants vendent des meubles importés notamment de Turquie. « Ce sont les tendances du marché et on ne peut pas aller à contre-courant de la volonté du client qui, dans bien des cas, opte pour des produits d’importation », explique un vendeur. « A mon avis, et bien qu’ils soient fabriqués avec des matières peu solides, les meubles d’importation ont l’avantage d’avoir de belles finitions », observe un client. Selon un vendeur spécialisé dans le produit local, cette idée est loin de refléter la réalité des choses. « Tous les produits exposés dans mon salon sont usinés ici à Koléa. Je vous défie de trouver un seul défaut », lance-t-il. Il est vrai aussi que l’introduction de la main-d’œuvre syrienne en Algérie à apporter un plus à l’activité.
D’ailleurs, certains vendeurs n’hésitent pas à rappeler à leurs clients que tel meuble est l’œuvre d’un menuisier ébéniste syrien.