Kit mains libres, Entre le plaisir de l’écoute et les dangers de surdité

Kit mains libres, Entre le plaisir de l’écoute et les dangers de surdité
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Avoir des écouteurs aux oreilles ou le kit mains libres devient de plus en plus une mode, un symbole d’attachement et d’adaptation aux nouvelles technologies chez les jeunes et même chez certains adultes.

Ils se voient incapables de se séparer de leurs gadgets pour écouter de la musique ou passer des communications interminables au téléphone. Cette « mode » démesurée fait le bonheur des vendeurs d’accessoires informatiques et de la téléphonie mobile. Il suffit d’observer devant les CEM, les lycées ou même les universités pour voir l’engouement des jeunes pour ces outils auxquels ils sont souvent « collés ».



La majorité des personnes interrogées affirment que cet objet accroché à l’oreille les met à l’abri du tapage de la rue. Avec la musique, ils s’amusent pleinement. Les filles, quant à elles, avancent le motif de bien-être ; c’est une manière pour elles de s’écarter des discussions inutiles et des embêtements verbaux. « A vrai dire, les écouteurs nous offrent la paix de l’esprit », disent la majorité des élèves.

Musique pour certains, émissions radiophoniques pour d’autres, ils sont tout le temps branchés à leurs casques et écouteurs. Mais ces jeunes sont-ils conscients des répercussions nocives de cette habitude ? Connaissent-ils les dangers qu’ils encourent pour leur ouïe ? Si les universitaires affirment être « au courant des effets à long terme », les collégiens et les élèves ne cherchent pas à en connaître le danger, l’essentiel pour eux, c’est d’écouter les tout derniers tubes. « Puisque les fabricants n’ont rien signalé, ça veut dire qu’il n’y a absolument rien à craindre », lance un adolescent.

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Ils se divertissent, donc, pleinement, ignorant que cette dépendance peut se retourner contre leur santé. L’inconscience est la même chez les plus âgés. Au niveau des cybercafés, rares sont les internautes qui n’écoutent pas de la musique tout en effectuant des recherches ou menant des discussions sur les réseaux sociaux. Du côté des magasins, les clients se retrouvent devant un panel de choix. « Ici, chacun peut s’offrir les écouteurs ou le casque de son choix, selon ses moyens financiers.

Les prix varient généralement entre 300 et 1.200 dinars », indique Amine, vendeur dans une boutique spécialisée dans les produits télécoms. Il avoue que la vente des outils d’écoute de la musique représente la majeure partie des recettes. « Il y a même une concurrence entre les jeunes sur la meilleure marque des casques et écouteurs. Chacun veut s’offrir le meilleur produit quel que soit le prix à payer. Il est des marques qui sont très prisées et parfois, je n’arrive pas à satisfaire toute la demande », a-t-il ajouté pour résumer l’engouement des jeunes pour ces produits. La demande vertigineuse pousse certains commerçants à changer carrément d’activité pour se mettre aux nouvelles technologies.

Les médecins tirent la sonnette d’alarme

Lors de son passage récemment sur les ondes de la Radio nationale, le Docteur Benharrath, du Centre de correction auditive de l’hôpital d’El Biar affirme que « l’exposition prolongée à la musique commence à faire des victimes dans la société. Des enfants et des jeunes sont atteints d’une diminution de l’audition, se font de plus en plus ausculter par des spécialistes en oto-rhino-laryngologie (ORL) ». En conséquence, il affirme que le nombre de ce genre de cabinets médicaux ne cesse d’augmenter. « Aujourd’hui, dans presque chaque ruelle, l’on se trouve en face d’une plaque indiquant l’ouverture d’un nouveau cabinet », a-t-il souligné.

Pour ce qui est des patients, il indique que beaucoup de jeunes se sont fait ausculter chez lui. « Ils viennent souvent pour se soigner, pour avouer avoir une diminution de leur audition en raison de l’écoute non stop de la musique », affirme-t-il. Certains cas nécessitent une simple thérapie par des médicaments, d’autres seront contraints d’utiliser des implants auditifs. « La mauvaise habitude d’écouter de la musique pendant de longues heures abîme l’ouïe et peut aller jusqu’à la détruire entièrement. Il explique que le capital auditif ne se régénère pas en cas de lésions au sein de l’appareil auditif, mais « le risque le plus grave consiste en la destruction de la cage intérieure de l’oreille ou avoir le tympan perforé, ce qui complique leurs chances de guérison ».

L’atteinte de l’ouïe est le plus souvent perceptible, selon le Dr Benharrath, à travers certains symptômes, à commencer par des douleurs intenses, des bourdonnements et puis l’intéressé ressent des maux de tête, suivis d’anxiété et de perte de concentration. « Beaucoup de patients estiment que leur maladie est d’ordre psychologique. Mais ils ne consultent pas les psychologues et achètent plutôt des somnifères, ce qui ne règle en rien le problème. Pire, ils deviennent dépendants de ces médicaments », souligne-t-il. La lutte contre ce phénomène commence en premier au sein de la famille. Selon le médecin, les parents doivent absolument contrôler leurs enfants et interdire l’utilisation abusive des ces outils, dits de détente. Il regrette aussi le manque de campagnes de sensibilisation. « Aucune campagne de sensibilisation n’a été menée. Les établissements scolaires, les maisons de jeunes, les associations de la société civile et les associations de médecins spécialistes ne font rien pour combattre ce phénomène qui risque de nuire à la santé auditive de centaines de milliers de personnes.

Abbas A. H.