Si le phénomène a déjà marqué la société algérienne avec le premier kidnapping connu dans les années soixante-dix, il inquiète de par son ampleur durant les dix dernières années.
Entre 2001 et 2008, les statistiques officielles font état de la disparition de 841 enfants. En l’an 2000, 28 cas d’enlèvement ont été enregistrés pour un seul mois. En 2002, 117 enfants ont été kidnappés, dont 71 filles. Le nombre d’enfants disparus en 2004 s’élève à 168.
La plupart des cas de disparition d’enfants ont été enregistrés dans les grandes villes, avec une plus grande concentration de victimes à Oran, Alger et Annaba.
D’après le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) le Professeur Mustapha Khiati, « le phénomène devient important avec le kidnapping d’un millier d’enfants en 10 ans, soit une moyenne de 100 cas par an ».
Les facteurs qui favorisent cette amplification sont, selon lui, « d’ordre mercantile dans le cas d’enlèvement de bébé comme celui d’il y a une quinzaine de jours à la maternité d’El Harrach, de pédophilie, de problèmes familiaux et de règlement de comptes, ou encore pour trafic d’organes ».
« Le cas de la fillette de 3 ans enlevée et sauvagement assassinée à Mascara confirme la thèse d’une probable existence d’un réseau de trafiquants d’organes. Un réseau a même été démantelé en 2007 », affirme le Pr Khiati. Tout en saluant la dernière décision des pouvoirs publics de criminaliser le versement des rançons.
D’après le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, 11 milliards de centimes de rançons ont été versés aux ravisseurs. Ainsi, l’attribution de ces disparitions au développement des réseaux criminels officiant dans le trafic d’organes ou pour des motivations d’ordre sexuel est avérée. La société algérienne est désormais confrontée à ce phénomène.
Chaque jour de nouvelles disparitions viennent allonger la liste des anges violentés, tués. Elles rappellent la nécessité d’être vigilant. Le visage angélique de Yacine Bouchelouh, âgé de 4 ans, disparu le 2 mai 2007 et retrouvé mort à 200 mètres du domicile de ses parents à Bordj-El-Kifan, hante encore les esprits.
Plus récemment, un enfant de 5 ans a été kidnappé à Seddouk Oufella (Bejaia). Ses kidnappeurs ont exigé de son père entrepreneur une rançon de quatre milliards de centimes. Plongeant dans l’inquiétude les familles bougiotes. D’autant que le phénomène de rapt dans cette région a atteint un rythme fort ces derniers temps.
En effet, en l’espace de quelques jours, pas moins de six kidnappings ont eu lieu sur le territoire de la wilaya dont la majorité a eu pour cible des enfants. Si la perspicacité des gendarmes a permis de sauver l’enfant enlevé à Seddouk, les autres cas d’enlèvement connaissent des fins tragiques. Les enfants sont retrouvés dans la majorité des cas morts, et atrocement mutilés.
Devant ces enlèvements, la vigilance des parents doit être de mise. D’après le président de la Forem, « 80% des cas d’enlèvements peuvent être évités si les parents sont sensibilisés sur la nécessité de surveiller leurs progénitures et de leur inculquer la méfiance à l’égard des étrangers à la famille».
A ce sujet, il préconise l’implication du mouvement associatif dans un travail de sensibilisation auprès des enfants et de leurs parents. Mieux, il appelle à la mise en place d’un dispositif de recherche « Alerte enlèvement» comme celui installé à l’étranger.
Souhila H.