Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghlamallah, a appelé, dimanche, les imams à consacrer un prêche du vendredi par mois pour sensibiliser au phénomène des enlèvements d’enfants. Ghlamallah a également donné instruction à la direction des Affaires religieuses d’interdire aux enfants de quitter seuls les écoles coraniques et de s’assurer qu’ils soient remis à leurs familles, à la fin des séances.
Il a déclaré avoir reçu un rapport affirmant qu’un étranger a tenté d’enlever deux enfants devant une école coranique, mais que le pire a été évité grâce à la vigilance de la mourchida de l’école concernée. De son côté, le président du Haut Conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane, a exprimé, hier, lors d’une émission radiophonique, sa ferme condamnation des crimes odieux à l’encontre des enfants et a affirmé joindre sa voix à celles qui exigent des enquêtes minutieuses et demandent l’application des peines maximales comme moyen de dissuasion.
Cheikh Bouamrane affirme partager l’avis de ceux qui pensent que l’application de la peine de mort contre les criminels «peut sauver des centaines de vies ». Pour Bouamrane, le kidnapping et l’assassinat d’enfants est une «planification étrangère» et qu’il ne faut pas s’arrêter «aux simples manifestations » mais, bien au contraire, «il faut des lois strictes pour dissuader les criminels». Sur le même registre, le président du réseau algérien de protection des droits de l’enfant «Nada», M. Abderrahmane Arar, a appelé, dimanche, à la mise en place d’un mécanisme juridique pour la structuration et l’encadrement d’un dispositif de dénonciation de cas d’enlèvement d’enfants. Dans un entretien à l’APS, M. Arar a précisé que l’acte de dénonciation des comportements violents et certains fléaux sociaux, à travers le numéro vert est «conventionnel », ce qui nécessite, a-t-il dit, sa structuration par la mise en place d’un nouveau mécanisme juridique pour définir les objectifs, les procédures de dénonciation et les prérogatives d’intervention de chaque partie concernée par la lutte contre ce phénomène.
Il a expliqué que le projet de mise en place d’un numéro vert unifié entre les différentes parties concernées par la lutte contre le phénomène d’enlèvement d’enfants (Gendarmerie et Sûreté nationales, secteurs ministériels, société civile), nécessite la création d’un mécanisme juridique pour encadrer l’acte de dénonciation de cas d’enlèvement. Selon M. Arar, ce phénomène est un des «résidus de la tragédie nationale» qu’a connue l’Algérie. La décennie noire, a-t-il expliqué, a laissé des séquelles dans le comportement des enfants qui l’ont vécue, se traduisant, à l’âge adulte, par la violence et les fléaux sociaux.

LES CHIFFRES DE LA GENDARMERIE
Selon la Gendarmerie nationale, 3 cas d’enlèvement de mineurs ont été enregistrés, depuis le début de l’année 2013. Durant les mois de janvier et février, 03 cas d’enlèvement d’enfants, dont 1 suivi d’assassinat à Ghardaïa, selon le colonel Mohamed Tahar Benaamane, responsable de la Sécurité publique à la Gendarmerie nationale. La même source a indiqué que les services de la Gendarmerie nationale ont reçu 25 plaintes officielles concernant les cas d’enlèvements des mineurs, durant la même période (2013), alors que les enquêtes ont révélé qu’il s’agissait seulement de 3 cas d’enlèvement, dont 1 suivi d’assassinat, à Ghardaïa.
Les deux autres ont été enregistrés à Alger et Annaba. Quant à l’auteur du crime d’enlèvement suivi d’assassinat à Ghardaïa, il sera «arrêté dans les plus bref délais», car les preuves scientifiques et matérielles », sont disponibles, affirme M. Benaamane. Parmi les plaintes reçues, 7 concernent des tentatives d’enlèvement, dont 2 à Oran, et une respectivement à El Tarf, Ain Témouchent, Saida, Alger et Boumerdès.
Dans le même contexte, le colonel Benaamane a affirmé que les services de la Gendarmerie nationale ont enregistré 15 cas présumés d’enlèvement, alors que les enquêtes ont révélé qu’il s’agissait de détournement de mineurs et de fugues pour diverses raisons, dont l’échec scolaire et les problèmes familiaux. Selon les chiffres de la Gendarmerie nationale près de 3 millions d’appels téléphoniques ont été passés en 2 ans via le numéro vert «1055», dont 12.605 appels pour dénoncer des menaces contre des personnes et plus 84.600 appels de détresse.
De son côté, la police a reçu plus de 31.000 appels, en février 2013, sur son numéro vert «15-48», dont 530 pour signaler des accidents de la route, demander de renseignements (11.331), des interventions (7.419) et divers autres objets (12.162).
R. N.