Près de 100 entrepreneurs ont fait l’objet, durant ces dix derniers mois, d’une attaque parfois armée de la part des réseaux du banditisme. A Chéraga, un entrepreneur s’est fait voler un milliard de centimes. A Chlef, un autre a été assassiné par ses employés, alors qu’en Kabylie, des entrepreneurs sont enlevés pour des rançons.
Si, au Sahel les groupes terroristes ciblent particulièrement les Occidentaux pour exiger des rançons, en Algérie, ce sont les entrepreneurs qui sont la cible des bandes de malfaiteurs. Selon une source sécuritaire digne, depuis janvier passé près de 100 entrepreneurs ont fait l’objet d’une attaque des bandits. L’argent, voilà ce qui intéresse le plus les assaillants.
Agissant souvent sous forme de groupes, parfois, dotés d’armes à feu, ces derniers s’en prennent aux entrepreneurs, ces gens richissimes, ils les enlèvent avant de demander de l’argent pour les libérer. En Kabylie, ce genre d’acte se produit souvent, d’ailleurs c’est la région la plus touchée par ce fléau, ce qui a poussé des centaines d’entre eux à fuir la région et s’installer ailleurs. A Alger, le phénomène a commencé à devenir sérieux.
Ici, une dizaine d’entrepreneurs ont été agressés et leur argent volé. L’entrepreneur de Chéraga est un cas de figure flagrant. Le 21 août passé, vers 11h30, un entrepreneur sortant de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) après avoir retiré la somme d’un milliard de centimes a été braqué par plusieurs individus à bord de deux véhicules de marque Kangoo et Clio avant de l’agresser et voler son argent.
Le braquage a eu lieu à 500 mètres du siège de la sûreté de daïra de Chéraga, selon des témoins oculaires. Réputé pourtant comme étant un lieu sécurisé d’où les policiers de la Sûreté nationale contrôlent, habituellement, un lieu sans qu’aucun incident n’ait lieu dans ce périmètre.
Mais cette attaque avait chamboulé toutes les cartes des policiers, car elle a eu lieu en plein jour et dans le territoire de compétence de la police. La victime avait juste le temps de marcher quelques petites minutes avant d’être prise dans une attaque des occupants des deux véhicules.
«L’un des assaillants était armé d’un fusil de chasse, dont il s’est servi pour menacer l’entrepreneur», ajoutent les témoins. Après cette attaque, la police d’Alger a diffusé des recherches pour identifier les plaques d’immatriculation des deux véhicules, Kangoo et Clio, utilisés par les assaillants. Ces derniers, faut-il le souligner, ont eu le temps d’agir en plein jour et devant la sûreté de daïra sans crainte des représailles.
ASSASSINÉ PAR SES EMPLOYÉS
En janvier 2012, les gendarmes avaient reçu un appel sur le «10 55» de quatre citoyens leur annonçant la découverte d’un cadavre d’un homme gisant dans une mare de sang, dans une forêt à Tiaret.
Un an après, les auteurs, au nombre de trois, sont identifiés et arrêtés. Il s’agit de ses employés, des maçons qui travaillaient pour le compte de cet entrepreneur. Pour 50 000 DA, ils ont tué leur employeur.
Les auteurs sont identifiés et arrêtés, après de longs mois d’enquête. En effet, il s’agit de trois jeunes maçons, les nommés A.B., A.A. et B.T. coupables du meurtre après un an d’enquête. Tout a commencé le 24 janvier 2012, lorsque la victime avait été découverte par quatre jeunes personnes de passage dans la forêt, à bord de leur véhicule.
En s’arrêtant, ils ont été attirés par la présence d’un cadavre d’un homme gisant dans une mare de sang, cela à 50 m de la route reliant le Centre de dressage des chevaux au chef-lieu de la ville de Tiaret.
Alertant les gendarmes, ces derniers se sont déplacés vers le lieu où le cadavre se trouvait. C’est le choc, le visage de la victime a été complètement arraché, cela jusqu’à son cou, et il était difficile, voire pratiquement impossible pour les gendarmes de l’identifier, d’autant qu’aucune pièce d’identité n’avait été trouvée sur la victime. Cela sans compter sur des coups de poignard découverts au dos de la victime et les traces de violence qu’elle avait subie avant de rendre l’âme.
Grosso modo, la victime avait subi une terrible torture de la part de ses assaillants. Entamant une enquête, les gendarmes avaient reçu le 24 janvier 2012, des renseignements faisant état de la présence d’un véhicule suspect de marque Pajero, abandonné dans un quartier de la ville de Tiaret. Fouillant le véhicule, les gendarmes avaient découvert un permis de conduire appartenant au nommé B.A., résidant à Hussein Dey, Alger.
Ce dernier est porté disparu depuis des jours (en janvier 2012). Passant au crible le véhicule, les gendarmes avaient découvert, surtout, des traces de sang sur la porte-avant de la voiture.
Ici, la police scientifique relevant de la Gendarmerie nationale avait prélevé des empreintes digitales de la victime, tout en prenant des échantillons des objets qui se trouvaient aux alentours de la scène de crime, cela dans le but d’identifier le ou les coupables de cet assassinat.
En contrôlant le numéro de série de la voiture, il s’est avéré que le véhicule en question appartenait à une femme qui habite dans la commune de Baraki, à Alger.
La femme avait été convoquée pour se rendre au siège de la Brigade de la GN de Tiaret. Ici, en voyant la Pajero, la femme avait rapidement reconnu qu’il s’agissait de la voiture de son père qui, d’habitude, l’utilisait dans ses déplacements, tout en confirmant que la dépouille était celle de son père.
Poussant encore leur enquête, les gendarmes ont exploité les appels émis sur le téléphone cellulaire de la victime qui, après son assassinat, les auteurs ont pris avec eux le téléphone mobile et l’ont utilisé pour leurs appels.
Au bout de quelques semaines, les enquêteurs ont réussi à interpeller un individu, le nommé A.B., qui utilisait le téléphone de la victime. Ce dernier avait déclaré aux enquêteurs qu’il est innocent et qu’il avait acheté le mobile au marché de proximité sis à Jolie Vue, à Tiaret, sans savoir qu’il appartient à une personne tuée.
Mieux, en achetant le téléphone cellulaire, comme l’avait expliqué cet individu, ce dernier s’est déplacé, par la suite, à Bab El Oued, à Alger, pour rencontrer une personne.
En parallèle, les résultats de l’expertise de l’Institut national de la criminalistique et de criminologie (INCC) de Bouchaoui ont confirmé que les empreintes digitales trouvées sur le cadavre de la victime et celui du sang prélevé de la personne arrêtée, B.A., sont identiques.
C’est-à-dire elles lui appartiennent. Grâce à cette preuve solide, la personne arrêtée, A.B., a tout avoué aux gendarmes. Il a fini par craquer, en expliquant qu’il avait reçu deux téléphones mobiles de la part de B.T. et B.K. avec une somme d’argent estimée, par lui, à 25 000 DA. Ce n’est pas tout, il avait dévoilé aux gendarmes que durant cette journée, il avait rencontré une personne à bord d’un véhicule de marque Pajero de la victime.
L’interrogatoire passé avec B.K. a permis de dévoiler le reste de cette affaire. En effet, en procédant à l’arrestation de B.K., ce dernier avait relaté comment lui et un certain A.A. avaient assassiné B.A. l’entrepreneur, cela avec la complicité de A.B., tous employés chez l’entrepreneur. Les trois coupables, A.B., A.A. et B.K. ont été présentés il y a un mois seulement devant le procureur de la République près la cour de Tiaret, lequel a ordonné leur emprisonnement.
L. IA