Quatre ans après avoir été kidnappée par sa grand-mère algérienne, la petite Sophie Scharbook, 7 ans, a retrouvé son père, mercredi 1er juillet, à Marseille.
L’enfant, de nationalité française, était arrivée en France mardi après-midi par un vol en provenance d’Alger, accompagnée par le consul général de France, Francis Heude, à qui les autorités algériennes l’avaient remise le matin même. « Sophie est en bonne santé et en pleine forme.
Nos retrouvailles sont progressives, mais tout se passe on ne peut mieux », nous a déclaré Jacques Scharbook, manifestement ému par l’épilogue d’une affaire qu’il aura vécue comme un drame interminable.
Depuis le 15 mars, Sophie n’était plus aux mains de sa grand-mère, Safia Bennekrouf, 74 ans, qui l’avait subtilisée à son père en mars 2005, pendant les obsèques de sa fille, Farah Belhoucine-Bennekrouf, tuée à Oran dans un accident de la route.
La justice algérienne n’ayant cessé d’ordonner que Sophie soit restituée à Jacques Scharbook, la police avait fini par donner l’assaut du domicile de la grand-mère, il y a trois mois, et récupéré l’enfant, avant de l’envoyer à Alger dans un établissement spécialisé.
Jacques Scharbook, lui, se désespérait. Non seulement il n’avait toujours pas retrouvé sa fille mais il n’avait pu lui rendre visite une seule fois.
Les autorités algériennes, pendant ce temps, gardaient le silence sur un dossier qui menaçait de prendre la tournure d’une affaire d’Etat.
Il a fallu une nouvelle lettre de Nicolas Sarkozy, mi-juin, au président Bouteflika pour débloquer les choses.
Dans ce courrier – le troisième en deux ans -, le chef de l’Etat français soulignait l’importance qu’il attachait à ce dossier « sensible ».
Quelques jours plus tard, le ministère algérien des affaires étrangères avertissait l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, que Sophie Scharbook serait remise aux autorités françaises « avant la fin du mois de juin ». Le calendrier a donc été respecté.
Jacques Scharbook, ancien directeur commercial de Renault Véhicules industriels à Oran, où il aura passé trente ans jusqu’à son veuvage, compte désormais rester avec Sophie dans le sud de la France, près de sa mère, 88 ans, et de sa soeur.
« Ma fille a été manifestement très bien traitée ces derniers mois, dans l’établissement où on l’avait placée à Alger. On lui a réappris le français qu’elle avait totalement oublié pendant ses années de cavale, ce qui me permet de communiquer sans problème avec elle », indique-t-il, soulagé.
L’assistante sociale algérienne, qui s’était occupée de l’enfant à Alger, a fait le déplacement de Marseille, afin que la transition s’effectue en douceur.
Pour l’heure, Sophie ne sait toujours pas que l’homme qu’elle voit plusieurs heures par jour, et qu’elle appelle « Jacques », est son père.
« La grand-mère algérienne m’a tellement diabolisé, en tant que père, qu’il m’a été déconseillé de dire la vérité à ma fille dans un premier temps.
Sophie croit que je suis un ami de Francis Heude (le consul général de France à Alger qui l’a ramenée à Marseille), mais elle est étonnamment confiante.
Peut-être a-t-elle des « flashs » de sa petite enfance. En tout cas, elle ne cesse de me prendre par la main et de m’embrasser spontanément », se réjouit Jacques Scharbook.
L’enfant n’a pas non plus retrouvé son prénom de Sophie. Elle garde pour l’instant celui d’Amira, que sa grand-mère algérienne lui avait imposé, en cas de contrôle de la police algérienne.
« J’ai tout mon temps pour rectifier les choses. Rien ne presse après quatre ans d’attente ! », dit M. Scharbook en souriant.
Au nombre des projets en cours, il y a le baptême de Sophie. Son parrain devrait être Francis Heude.