Kidal, Gao et Tombouctou contraintes de vivre à l´afghane

Kidal, Gao et Tombouctou contraintes de vivre à l´afghane

A Malian soldier partrols in the streets of Kidal 26 May 2006. Mali's regular army was firmly in control of the northeastern town of Kidal 25 May following an uprising earlier in the week by Tuareg dissidents who took over two military camps in the desert region. The so-called "blue people", named for their protective clothes against the fierce sun and harsh desert conditions, traditionally have scant regard for state borders and wanted social and economic benefits in exchange for becoming more settled. AFP PHOTO / KAMBOU SIALa vie est train d´empirer de jour en jour pour les habitants du nord du Mali quelques semaines seulement après la prise, par les salafistes touareg, de Kidal, Gao, Tombouctou et l´ensemble des localités des principales villes de cette région limitrophe de l´Algérie.

Les témoins sur place, où la presse internationale ne peut plus s´aventurer, parlent de début d´ «afghanisation» de la vie sociale, imposée par les nouveaux maîtres du territoire azawad où l´Etat malien, lui, est totalement absent.

La femme, cible privilégiée

Les comportements les plus austères dans cette partie du pays, le plus pauvre du monde, sont imposés en priorité aux femmes.

Ce sont elles, désormais, qui sont les cibles privilégiées des groupes armées dès leur entrée dans ces villes et villages.  Auparavant, ce fut la politique de la «terre brûlée». Les endroits qu´ils assimilent à des lieux de débauche, comme les bars et salles de cinéma, sont saccagés.

Les écoles mixtes ont été fermées et dans le meilleur des cas, les filles sont séparées des garçons. Le fait de fumer ou d´écouter de la musique expose les imprudents à des dizaines de coups de fouet fabriqué à base de peau de chameau durcie.

La liste des actes susceptibles d´être punis de flagellation est très longue. Le moindre détail d´une attitude susceptible d´être interprétée comme une atteinte à la morale islamique est réprimé publiquement. Etre simplement femme ou journaliste vaut un châtiment ayant valeur d´exemple.

C´est le cas d´un journaliste d´une radio locale qui avait reçu 80 coups de fouet au prétexte d´avoir diffusé une information qui avait incommodé Ayad Agh Ghaly. Ce dernier est le chef de la branche salafiste du Mouvement national de libération de l´Azawad (MLNA) qui avait proclamé la création de la «République Islamique de l´Azawad», après la prise de Gao, le 1er avril dernier. Seule la diffusion des versets du Coran est tolérée sur ces radios locales qui ont toutes cessé d´émettre.

Lapidation publique

Le journaliste d´El Pais, Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb et du Sahel, a rapporté, hier, cette scène dans un reportage basé sur le témoignage recueilli par téléphone portable à Kidal : «Ils ont sorti des rangs une femme et l´ont plaquée au sol. Ils se sont mis à la fouetter sans raison en obligeant d´autres femmes à la lapider, avant de s´en aller».

Une fois leur leçon administrée, ces groupes fanatiques, qui circulent en 4X4 sahariens se déplacent vers un autre endroit de la ville ou dans la localité la plus proche pour organiser des scènes de violence similaires. Le ras-le-bol a commencé, ces derniers jours, à gagner les populations locales dont le mode de vie africain ne s´accommode pas des nouvelles lois des salafistes.

Choquées par ces scènes de lapidations, des femmes accompagnées de quelques dizaines de jeunes sont sorties manifester leur colère et leur indignation dans les rues de Kidal, selon un témoin du journal El País. Cet ancien guide touristique,

au chômage depuis que Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) s´est spécialisée dans les prises d´otages des ressortissants européens, rapporte qu´à la différence de Kidal, à Gao ce sont des jeunes adultes qui ont pris l´initiative de manifester publiquement contre les salafistes qui ne leur ont laissé d’autre  choix que d´aller à la mosquée ou rester chez eux.

Hania A.