Evoquer la préservation de l’environnement à Khemis miliana, la plus grande commune de la wilaya, une commune de plus qui ne cesse de s’étendre, prête à rire.
Il semble que les habitants et la municipalité conjuguent leurs efforts non pas pour entretenir un environnement sain et le préserver mais au contraire pour le rendre invivable tant les amoncellements d’ordures en tous genres, ordures ménagères, détritus, gravats, déchets solides et liquides envahissent de plus en plus les trottoirs et même les chaussées des rues et des ruelles. Si on ajoute l’état des routes ou pour éviter un nid-de-poule, une crevasse ou un des centaines de dos-d’âne, une cabine des lignes souterraines dégarnies et non protégées, la ville de Khemis Miliana va de mal en pis, et son environnement ne cesse de se dégrader de jour en jour dans l’indifférence et la léthargie des uns et des autres, hormis quelques enclaves dans les grands ensembles où les habitants se sont mobilisés pour instaurer une discipline et une propreté très louable.
Le marché du centre-ville, en face de la Poste principale où tout se vend et tout s’achète, où règne l’anarchie totale, où la marmelade de sardine côtoie des étals de vêtements, de chaussures, de fruits et légumes, d’abattage de poulets à ciel ouvert malgré les multiples arrêtés pris par les différents walis. Tout prolifère à une vitesse grand V. Ce marché devient quasiment impénétrable de par la concentration des étals qui gangrènent chaque jour un peu plus non seulement la place mais aussi les rues et ruelles tout autour.
A ce tableau quasi apocalyptique, chaque habitation, chaque commerce s’est accaparé un espace d’expositions de différents produits, des meubles, des vêtements voire même melons, pastèques et maintenant les figues de barbarie depuis déjà quelques jours comme chaque année, et ce, à même les trottoirs et pire encore, même des segments de chaussée où on interdit à tout véhicule de stationner dans l’impunité totale sans que personne ne trouve à redire, ce qui pousse les automobilistes qui veulent stationner, à se livrer au diktat des individus qui s’imposent au moyen de gourdins, comme gardiens de parkings chacun s’accaparant sa part, voire son territoire dans l’impunité la plus totale.
Un autre haut-lieu du commerce informel est celui dit «Dala» (sur le dallage de la couverture de l’oued Boutane) qui se tient dans une anarchie indescriptible au grand dam des habitants de la cité Sidi Maâmar dans sa partie sud surtout.
Dans l’intention de libérer et la place et le marché dit «dala», à coups de milliards prélevés sur le budget de la Wilaya, 5 marchés de proximité ont été réalisés, achevés mais tous fermés depuis plus de 5 ans et exposés à des dégradations énormes à l’image de celui de la cité Houria construit juste derrière le siège de la daïra.
A ce sujet, plusieurs fois, des listes de bénéficiaires ont été établies et chaque fois remises en cause pour diverses raisons les unes plus mystérieuses que les autres, certains des 4 P/APC du mandat en cours ont été destitués, d’autres ont choisi de déposer leur démission, ayant démontré leur incapacité totale à gérer la chose publique ou de par leur incurie.
A propos des envahissements et la multiplication des décharges sauvages près des grands ensembles, qui sont sources de moustiques et où prolifèrent les rats et autres chiens et chats errants, certains esprits ne trouvent pas mieux que de mettre le feu à ces décharges en pleine nuit et laisser des nuages de fumées très nocives empoisonner la vie des habitants et ce dans la léthargie la plus totale et l’indifférence criminelle de tous sans qu’aucune autorité ne trouve à redire, chaque partie accusant l’autre de ne pas accomplir son devoir. Des décharges en feu il s’en produit souvent, rue des frères Messous, derrière une école et en plein milieu d’un quartier populeux régulièrement à partir de 22h et souvent la décharge qui a été installée entre la cité policière et celle du 17-Octobre au bord de la RN4, décharge d’où des volutes de fumeroles continuent à se dégager toute la journée.
Il y a à peine quelques jours, les habitants d’une de ces cités se sont mobilisés, ont nettoyé et éradiqué cette décharge et projettent d’installer une sorte de vigie pour empêcher que des individus venant de toutes parts viennent se débarrasser de leurs détritus et autres gravats et en cotisant, se sont mobilisés aussi pour installer une clôture de protection. Dans un sursaut de conscience, des jeunes et des moins jeunes ont pris pelles et pioches et ont entrepris de restaurer les espaces verts.
Les services de nettoiement communaux ont alors placé des poubelles dans l’enceinte de la cité du 17-Octobre, où logent de nombreux cadres, mais des habitants les ont regroupées et les ont déplacées loin derrière le stade, chacun refusant que ces poubelles s’installent devant sa cage d’escalier, chacun sachant pertinemment que les habitants balancent les sacs d’ordures partout sauf dans la poubelle géante et que, de plus, l’enlèvement des ordures ne s’effectue pas régulièrement.
Interrogé aussi sur cette situation, le vice-président de l’APC avance : «Nous avons réaménagé tout le parc de la commune, nous avons réparé plusieurs engins de ramassage des ordures, nous en avons maintenant 10 et 2 camions, c’est suffisant mais nous avons un manque crucial de moyens humains, nous recourons souvent au dispositif “Algérie la Blanche”, il nous faut le recrutement d’au moins 50 nouveaux agents.»
Faut-il rappeler aussi que le jardin public, le seul poumon d’oxygène de la ville est en train de périr faute d’entretien, fermé depuis des années et ce malgré les dernières injonctions, à 2 reprises, faites en public au maire, rien n’a été fait malgré les disponibilités financières de la commune, reconnues par le premier élu, ce jardin qui faisait la fierté de la ville et qui est en train de périr au fur et à mesure des chaleurs estivales qui se succèdent.
Certains des habitants interrogés n’ont pas caché leur désappointement quant à l’attitude des élus et des responsables locaux «nous savons que bientôt, certains à l’approche des élections locales viendront nous solliciter pour avoir nos voix, ils peuvent d’ores et déjà avoir la certitude que nous ne voterons pas et qu’ils n’auront pas nos voix parce qu’on nous a abusés plus d’une fois», nous a-t-on dit.
Par ailleurs, beaucoup de citoyens ne cachent pas leurs inquiétudes pour l’avenir de la ville de Khemis Miliana. «D’où viendra le salut ?» s’interrogent-ils «l’anarchie a dépassé l’inconcevable».