La commune de Khemis Miliana comptait au dernier recensement près de 100 000 ha, chiffre largement dépassé de nos jours. Bien que chef-lieu de daïra, la ville n’a pas cessé de voir son cadre de vie se dégrader au fil des années, et ce, malgré les nombreuses opérations réalisées dans différents secteurs, tels que l’habitat, les structures éducatives, certains aménagements dans quelques quartiers, l’AEP et l’assainissement pour ne citer que ces secteurs.
Khemis Miliana n’est pas seulement la commune la plus importante de la wilaya du point de vue démographique, mais aussi une position géostratégique, un carrefour des grands axes de communication, est-ouest et nord-sud.
En plus d’une intense activité commerciale, Khemis Miliana c’est également un pôle universitaire avec un campus de plus de 20 000 étudiants avec un Institut national de la formation professionnelle.
Cependant, il faut reconnaître que ces atouts ont fait de Khemis Miliana une ville très attractive mais pas attrayante car de par son attractivité, elle a attiré durant la guerre de Libération nationale et même pendant les années 1960-1970, mais aussi durant la décennie 1990 qui a vu les localités alentour se dépeupler et des populations rurales sont venues s’installer, souvent à la périphérie, à la recherche de sécurité et de moyens de survie, après avoir abandonné tout ce qu’elles possédaient comme biens.
Ces populations, il fallait les prendre en charge dans les domaines de l’éducation, de la santé, du travail, de l’AEP, de l’assainissement, des soins, du logement mais avec des moyens que la ville ne possédait pas d’où la naissance de plusieurs quartiers d’habitat précaire, des pans entiers de la ville où chaque famille s’est installée selon ses moyens, dans un environnement anarchique en l’absence de toute norme d’urbanisation.
Et Khemis Miliana n’a pas été la seule ville à être confrontée à ces situations, El-Abadia, Miliana, Djendel, El-Attaf n’ont pas été exemptes.
Par ailleurs, de l’avis de plusieurs hauts responsables, Khemis Miliana a aussi été mal gérée, pour cause, entre autres, d’instabilité des APC durant le dernier mandat, dont pas moins de 5 présidents ont défilé à la tête de l’exécutif et 4 durant le mandat précédent.
Très récemment encore, il y a de cela un mois, l’Assemblée a failli changer de président au moins pour deux raisons principales, la première à cause d’une liste bien que provisoire de bénéficiaires de logements sociaux, liste très controversée qui a failli déclencher des émeutes, d’une part, et aussi parce que des groupes de manipulateurs ont mis leur grain de sel et ont créé la fitna au sein de l’Assemblée. Pour couper court à la scission qui s’est installée au sein de l’Assemblée, de nouvelles alliances ont été réalisées et le groupe de dissidents qui boycottait les réunions de l’Assemblée a été mis en minorité, et le cours des délibérations a repris.
Pour aplanir ces zizanies, inexpliquées, le chef de l’exécutif de la Wilaya a, lors d’une importante réunion qui s’est tenue à la fin de la semaine écoulée, mis les points sur les «i» et la réunion a regroupé, outre les 23 élus de l’APC, les directeurs de secteurs et les membres des différentes administrations.
Le message du premier responsable de la Wilaya a été on ne peut plus clair : «Qu’il y ait des incompatibilités d’humeur, des mésententes entre les uns et les autres, cela peut arriver mais il est inadmissible que ces incompatibilités arrivent à faire oublier aux élus que la population les a investis d’une mission qui est la gestion des affaires de la commune et non pas des affaires personnelles, ce qui est inadmissible et inacceptable, voire intolérable et que chacun se le tienne pour dit.» Et d’ajouter : «Chacun doit remplir sa mission qui est celle de collaborer au développement de la commune et de ses habitants, et ce, en assurant le suivi des opérations engagées sur le terrain.»
Cela dit, le wali a dévoilé un vaste plan d’aménagement en vue d’une amélioration du cadre de vie des habitants de la ville, un plan pour lequel des moyens financiers ont été puisés sur le budget de wilaya, le FCL, le budget de la commune, et le plan communal de développement en plus des interventions des différents secteurs.
Les directeurs de l’exécutif ont donné, tour à tour, lecture des opérations inscrites et à lancer dans l’immédiat, au titre de l’année 2018 et celles qui seront lancées en 2019.
Ainsi, au programme du secteur des ressources en eau avec une enveloppe estimée à 16 milliards de centimes, figurent 10 opérations qui vont être lancées et consisteront en plusieurs actions, à savoir l’interconnexion des réservoirs, équipement de nouveaux forages, réhabilitation d’autres, mise en place d’un équilibrage dans la distribution de l’eau potable, donc 10 opérations qui visent à étendre la plage horaire pour se rapprocher au maximum d’une distribution permanente 24h/24 dans tous les secteurs de la ville ce qui est très réalisable puisque la ressource ne manque pas. Pour l’heure, indique-t-on, seulement 40% de la population ont de l’eau en permanence.
A noter, également, le lancement des travaux de la Step (station d’épuration des eaux) qui traitera les rejets des villes de Miliana et de Khemis Miliana, soit une population estimée à 250 000 habitants. Le secteur des équipements publics interviendra dans ce vaste plan avec une enveloppe de 15,4 milliards de centimes pour réaliser des opérations d’aménagement et de réhabilitation de différents systèmes de fonctionnement tels que le chauffage, l’éclairage, l’engazonnement des terrains de sport, et ce, au niveau des 4 cycles, universitaire, secondaire, moyen et primaire.
Le secteur de l’urbanisme aura à entamer, dès à présent, la réalisation de 6 grandes opérations au niveau de plusieurs quartiers de la ville (routes, éclairage…) avec une enveloppe de 38,37 milliards de centimes.
La DJS disposera de 23,7 milliards de centimes pour des aménagements et des équipements de 3 stades (OMS et 2 stades communaux).
Le secteur de la santé dotera le centre d’hémodialyse de 4 générateurs supplémentaires et l’hôpital de 3 respirateurs et de 6 monitors.
La forêt récréative de Sidi Sbaâ, l’ouverture de pistes d’accès à la zone forestière sur 8,5 km et le soutien à la filière apicole seront à la charge du secteur des forêts à un coût estimé à 5,4 milliards de centimes.
La DAL (Administration des collectivités locales) financera 15 opérations pour 16 milliards. Le FCCL (Fonds commun des collectivités locales) financera 5 opérations estimées à 32 millions de centimes. Le PCD (Plan communal de développement) participe à la réalisation de ce vaste plan de mise à niveau de la ville avec une enveloppe de 81 millions de dinars pour exécuter 16 opérations d’aménagement urbain dont le jardin public et la mise en place de 4 toilettes publiques : Khemis Miliana, depuis toujours, n’en dispose que d’une seule pour les 100 000 habitants.
Enfin, la directrice du logement donne lecture de son programme de réalisation en cours et à lancer. Il s’agit de 1 778 logements sociaux, 1 700 logements du segment location-vente, et de 100 logements du FNPOS.
Au programme en cours, figurent 2 798 unités, à savoir 1 288 logements sociaux, 200 LPA. Quant au programme à lancer, il s’agit de 1 390 unités, soit 540 logements sociaux, 400 LPA et 450 AADL.
Toujours à propos de la question du logement, source de multiples turbulences, le wali a rappelé la procédure inscrite dans la loi, à savoir que toute liste lors de son affichage est provisoire et sujette à vérification après l’introduction des recours durant les 8 jours qui suivront l’affichage, que tous les recours sont étudiés en commission de wilaya présidée par le chef de l’exécutif qui la validera avant d’être transmise à l’OPGI pour les attributions.
Karim O.