Khelil dresse un tableau noir du marché gazier

Khelil dresse un tableau noir du marché gazier

ministre-algerien.jpgLa réunion du Forum des pays exportateurs du gaz (FPEG), hier à Oran, s’est soldée par un consensus celui de la nécessité de poursuivre les efforts pour indexer le prix du gaz sur celui du pétrole.

« La déclaration finale a été approuvée à l’unanimité. Tous les ministres des pays membres du FPEG se sont mis d’accord pour atteindre l’objectif d’indexation du prix du gaz à celui du pétrole », a déclaré le ministre de l’Energie russe M. Serguei Shmatko à la fin des travaux de la 10 e session du FPEG. Il faut dire que le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, a appelé les membres du Fpeg à une meilleure coopération concernant la planification des nouveaux investissements de la chaîne gazière.

« Dans un contexte caractérisé par de nombreuses incertitudes, un nouveau modèle de coopération fondé sur une approche équitable devrait être envisagé », a soutenu M. Khelil lors de l’ouverture des travaux de la 10e session du FPEG. Le ministre a relevé la nécessité de « définir toutes les options possibles pour la mise en oeuvre d’une stratégie adéquate et appropriée pour atteindre les objectifs que s’est fixé le forum ».

Le président en exercice du Forum a estimé important pour l’organisation d’évaluer les récentes évolutions sur le marché gazier et d’avoir tous les moyens lui permettant de « parvenir à une analyse pointue afin que l’action du Forum soit fondée sur des conclusions solides ».

Selon lui, le marché du gaz et ses fondamentaux, sur ces deux dernières années « ont affecté gravement un nombre de conditions qui ont été enracinées dans l’esprit des intervenants au marché du gaz ». « Il semblerait que rien ne serait comme dans le passé », a-t-il conclu lors de son intervention d’ouverture des travaux qui se déroulent à huis clos.

Il a également indiqué dans ce contexte que l’Algérie ne s’attend pas au rétablissement de la demande mondiale de gaz avant 2013. Selon le ministre, les prévisions de production de gaz pour les cinq années à venir sont plutôt alarmantes: Alger prévoit en effet une dynamique molle sur le marché mondial du « combustible bleu ».

La demande globale de gaz ne devrait retrouver son niveau de 2008 qu’en 2013. La demande gazière a baissé d’une façon « significative » en 2008 et 2009 et les prévisions pour les cinq prochaines années sont peu reluisantes, en raison des prévisions annonçant une faible reprise économique mondiale, a-t-il poursuivi.

Selon M. Khelil, cette demande « restera incertaine », appelant les pays producteurs à rester « vigilants ». Aussi cette demande est affectée par le développement des gaz conventionnels aux Etats-Unis, et devant être aggravée par le surplus de production qui va émaner de l’Australie à la faveur de développement des techniques d’extraction de gaz de schiste, a-t-il encore expliqué.

Cette situation a donné naissance à de nouvelles pratiques commerciales sur le marché du GNL entraînant une concurrence entre pays producteurs qui ont augmenté leur production pour maintenir les niveaux de leurs recettes. Le marché gazier risque de rester tendu, selon M. Khelil, si la taxe sur les énergies fossiles venait à être instaurer ce qui va freiner l’introduction du GNL sur de nouveaux marchés.

Concernant le prix du gaz sur le marché spot, il a relevé l’importance d’assurer un équilibre entre l’offre et la demande, mettant l’accent « sur la nécessité d’envisager un nouveau modèle de coopération entre les pays producteurs de gaz ».

Le ministre a également indiqué que les nouvelles taxes sur les énergies fossiles en raison des changements climatiques sont aussi des sources d’inquiétude. « L’augmentation des coûts pourrait ralentir l’entrée du gaz dans de nombreux segments économiques.

Cela dit, il faut éviter d’être entraîné dans des extrapolations exagérées. Mais, il faut être actif et ne pas exclure l’apparence de phénomènes inattendus », a-t-il déclaré. « Il semblerait que rien ne sera comme avant. Notre organisation devra évaluer toutes les évolutions possibles. Elle doit avoir tous les instruments lui permettant d’avoir une analyse pointue afin que notre action future soit bien guidée, fondée sur des conclusions solides et justifiées », a-t-il ajouté.

La réunion d’Oran marquera, selon lui, le début d’une nouvelle ère pour le FPEG. Pour sa part, le ministre russe de l’Energie, Sergueï Chmatko a estimé que la Russie juge « improductive » la concurrence entre les livraisons de gaz spot et les contrats à long terme qui garantissent la stabilité du marché,. « L’essentiel, c’est l’attachement des fournisseurs aux contrats à long terme.

Le marché spot est aussi important mais il ne doit pas rivaliser avec les contrats à long terme qui peuvent garantir la stabilité » et donc les intérêts des consommateurs, a souligné le responsable. Selon lui, les pays producteurs devraient examiner les mesures en vue d’empêcher cette « concurrence » de s’approfondir. Il faut noter dans ce sens que la Russie et le Qatar ont signé une déclaration commune sur la coopération dans le secteur gazier.

Le document n’a pas été signé dans le cadre du Forum, mais lors d’une rencontre bilatérale entre le ministre russe de l’Energie Sergueï Chmatko avec son homologue qatari Abdallah Al-Attiya, a-t-il déclaré. Cette déclaration est axée sur la coordination des actions de Moscou et Doha dans le secteur gazier ainsi que sur le renforcement de la stabilité au sein du marché du « combustible bleu », selon la source.

Samira G.