Le Paradou AC est bien connu pour être un club formateur que pouvez-vous nous dire succinctement sur cette expérience ?
C’est une question très vaste dans la mesure où il y a beaucoup à dire sur le processus de formation. La formation, il faut d’abord la vouloir. Une fois la volonté existante, il va falloir prendre la décision de la pratique. Ensuite vient donc la formation véritable. Et là, il faut parler vrai. Il faut que tout le monde soit convaincu de la politique de formation prise. Il y a ensuite la mise en place des fondements, ce qui a été bien fait par le Paradou. Il fallait préciser le type de formation ; les catégories d’âges et enfin les objectifs. Et plus important, il faudrait s’armer de beaucoup de patience. Il faut penser moyen et long terme.
Et si on vous demande de livrer un bilan succinct de ce processus de formation entamé par la PAC il y a cinq ans ?
Nous avons deux types de formations : il y a la formation classique. C’est-à-dire celle consistant à suivre les jeunes joueurs depuis la catégorie des minimes jusqu’à celle des séniors. La preuve, beaucoup de joueurs sont actuellement intégrés dans des clubs professionnels de Ligue 1 et 2.
Peut-on avoir des noms ?
Il y a Tedjar, El Orfi, Tatem, Djediat et Ouali Bilal, entre autres. Ils ont été des produits de cette formation classique et ce, malgré le peu de moyens que possède le PAC. En parallèle, il y a le second type de formation que nous assurons , c’est celui de l’Académie avec la participation du Centre de formation de Jean Marc Guillou. Celle-ci a débuté en 2007. Nous venons donc de boucler notre cinquième année et nous venons de voir les fruits de cette formation avec l’envoi de 3 de nos jeunes au Paris FC afin de les aider à côtoyer une division où ils puissent acquérir de l’expérience et les ficèles du métier de professionnel.
Quels sont ces trois joueurs ?
Il y a Benrabah Anis ; El Mouden Abdellah et Ibouzidane Djamel. Ils ont donc commencé en France dans ce club en National dans l’espoir d’apprendre le métier dans la perspective de les voir intégrer un grand club dans le futur. Ce qui permettrait donc à notre sélection nationale d’en bénéficier. Il y a aussi d’autres résultats fruits de notre formation qu’on récolte, à savoir la présence et la sélection de nos jeunes de l’Académie dans les sélections algériennes des U17 et des U20. Et nous venons d’écrire une correspondance à la Fédération algérienne de football pour lui demander d’engager une équipe de l’Académie dans le championnat national des U20.
Quels sont les problèmes auxquels vous étiez confronté durant ces cinq années d’existence en matière de formation des jeunes catégories à partir de l’âge de 11-12ans ?
Il existe beaucoup de problème et le plus important est le côté financier dont souffre également la majorité des clubs algériens et pas seulement le Paradou. Il y a ce manque de finances et ce, en dépit des aides des autorités à travers le Fonds de soutien professionnel. Les ressources sont donc insuffisantes pour financer le projet de l’Académie. Nous essayons donc de réduire les charges de l’équipe séniors pour investir dans la formation pour récolter les fruits plus tard par des transferts des joueurs à l’étranger. Ce qui générera des finances permettant à l’Académie d’avoir son autonomie. Nous avons investi d’ailleurs dans un projet de Centre de Tessala El Merdja pour l’Académie. On ne possède pas pour l’instant des sponsors, mais il y a la Directrice de la communication qui est chargée donc de trouver des sponsors pour cette Académie.
Quels sont les objectifs de cette formation académique ?
Nos objectifs sont d’abord de continuer le travail de formation entamé depuis 2007.
Former des jeunes académiciens pour l’EN des U 20 qui doit participer à la prochaine CAN de la catégorie et puis il y a aussi l’EN des U17 qui prépare également la phase finale de la CAN. J’espère que les responsables de la fédération et en particulier la DTN choisisse et s’appuie sur une ossature académique. Les jeunes joueurs ont montré leurs capacités. De là, on espère pourvoir les transférer dans de grands clubs étrangers pour leur permettre de progresser dans le haut niveau. Ainsi, nous aurons une double gagne : faire bénéficier l’EN et le club formateur pour qu’ils peuvent générer une source financière.
Quel commentaire faites-vous sur les derniers mauvais résultats de nos sélections jeunes des U 17 et des U20 ?
Je suis très surpris, notamment, par les deux défaites des U17 lors du Tournoi de Tunisie. Là, trois de nos académiciens ont été sélectionnés, mais, malheureusement, le staff technique n’a pas fait jouer la moindre minute à aucun d’entre eux !
Qui sont ces joueurs ?
Il s’agit de Melikchi, Meziani et Raouf. On était donc étonné de ne point voir un des académiciens qui ont travaillé depuis 5 ans disputer le moindre match. D’autre part, Lobelo ne fait pas confiance à plus d’académiciens. Il est vrai que c’est un choix et que je n’ai point à le discuter. ? En tous les cas les jours prochains vont montrer si ces choix etaient bons. Tout le monde parle et évoque la formation du PAC, mais les joueurs ne sont même pas bien considérés au sein des équipes nationales. C’est à se demander pourquoi ? Et la question reste posée.
Pouvez-vous nous toucher un mot sur la préparation de l’équipe fanion du PAC ?
Les joueurs se préparent bien et nous avons fait un bon recrutement. Les joueurs ont déjà oublié cette rétrogradation en Nationale amateurs. Notre objectif est donc de retrouver la Ligue 2 professionnelle. La compétition va être très rude avec 4 ou 5 clubs qui sont aussi motivés pour le même objectif.
Que pensez-vous de la double confrontation entre l’Algérie et la Libye pour la CAN 2013 ?
C’est une finale en soit qui se disputera sur deux manches. Il faut être très prudent face à cette équipe libyenne qui est composée de joueurs de qualités. Jouer à l’extérieur n’est un avantage pour aucune formation. Les algériens doivent éviter la défaite pour pouvoir faire la différence au match retour. Et s’ils perdent, il ne faut pas que cela soit avec plus de deux buts d’écarts pour ne pas compliquer la tâche au match retour.
Les dispositions des joueurs après l’inter saison et la période de préparation n’est pas de bon augure qu’en dites-vous ?
Connaissant le coach Halilhodzic je ne pense pas qu’il va se baser sur des joueurs qui n’ont pas de clubs ou qui manquent de préparation. Je suis certain qu’il ne va pas s’aventurer. Mais, plutôt choisir les joueurs les plus en formes et les plus aptes pour assurer un bon match aller.
Je suis convaincu qu’il va s’appuyer sur des joueurs compétitifs dans ce match.
Pensez-vous que les Verts puissent se qualifier dans ce groupe «H» de la Coupe du Monde ?
L’Algérie est certes favorite, mais il faut bien se méfier des équipes de ce groupe. Ça serait, certes difficile, mais j’estime que l’Algérie pourrait bien se qualifier en se surpassant.
Que vous inspire le processus du professionnalisme en cours chez nous ?
Je crois à travers ce que j’entends des présidents de club qu’on ne va pas vers le bon port. On remarque trop de déficit chez les clubs du point de vu financier. Et il n y a pas pire ennemi d’une société que les dettes. Or, les clubs algériens sont à majorité endettées. Mieux encore, ils s’enfoncent de plus en plus dans l’endettement. Et si ça continue come ça, le professionnalisme ne réussirait pas.
Et que préconisez-vous pour réussir ?
Il faut que les responsables puissent tracer une ligne directrice pour éviter l’endettement. On remarque d’ailleurs que 70% à 80% du budget des équipes va vers les salaires. Et comme les salaires augmentent d’une manière exponentielle, cela va donc générer des déficits. Il va falloir mettre en place une politique telle, qu’il faudrait équilibrer entre les recettes et les dépenses.
Quelle est votre conclusion ?
J’espère qu’il y aurait révision générale de la politique de développement du football chez nous. Il faut bien réfléchir aujourd’hui, puis faire travailler ensuite nos réflexions et surtout s’armer enfin de patience pour atteindre les résultats dans le futur et non dans l’immédiat. Et si, on ne revient pas à la formation comme base de travail, on ne réussira rien du tout.
Interview réalisée par S. B.