Khebri somme le nouveau management de Sonatrach : «Vous serez comptables de vos objectifs»

Khebri somme le nouveau management de Sonatrach : «Vous serez comptables de vos objectifs»

«Terminé, le temps de l’impunité», affirmait hier le ministre de l’Energie à l’adresse du nouveau management de Sonatrach, dorénavant «comptable» de ses objectifs. La compagnie pétrolière revoit son programme de développement à moyen terme, avec une probable réduction du montant d’investissement.

Nommés sur décision présidentielle, quatre vice-présidents du groupe Sonatrach ont été installés officiellement hier, sous l’égide du ministre de l’Energie, Salah Khebri. Il s’agit de Arbi-Bey Slimane en tant que vice-président Transports par canalisation (TRC), de Salah Mekmouche en tant que vice-président Amont (exploration-production), de Akli Remini en tant que vice-président Aval et de Omar Maaliou en tant que vice-président Commercialisation. Une nomination qui entre dans le cadre du «processus de changement annoncé par Sonatrach», considérera le Président-directeur général de ce groupe, Amine Maazouzi. Un nouveau management qui aura pour mission d’œuvrer à la réalisation des objectifs assignés essentiellement en termes d’augmentation des réserves et de la production d’hydrocarbures. Soit d’œuvrer à assurer une offre conséquente, des capacités de production idoines et à mêmes de répondre aux besoins du pays, agir pour «redynamiser Sonatrach» et contribuer à juguler le déclin avéré en matière de production, considérera le ministre de l’Energie. Considérant que le gouvernement et le pays attendent beaucoup de Sonatrach, Salah Khebri estimera fondamental que la compagnie « revoit ses méthodes de management ». Cela étant, le ministre de l’Energie ne manquera pas d’adresser, au-delà de ses félicitations et de ses souhaits, une véritable sommation à ce nouveau management.

Ainsi, Salah Khebri affirmera que le management de Sonatrach sera «comptable» de ses objectifs. «Terminé, le temps de l’impunité», dira-t-il, évoquant une réalité managériale assez négative. Ainsi, Salah Khebri constate qu’en dépit des efforts consentis, le management manquait auparavant de réactivité à l’égard des partenaires étrangers, concernant les gisements en association. «Qu’en est-il des gisements en propre ?», déplorera-t-il.

Voire, le ministre de l’Energie dénoncera le «retard quasiment généralisé» dans la conduite des projets, le fait que les objectifs assignés par les plans de développement à moyen terme «ne sont pas respectés» et par conséquent le risque que les projets et investissements programmés à l’horizon 2020-2025 soient impactés négativement. «C’est inacceptable», dira M. Khebri qui déplorera le fait qu’aucune responsabilité n’a été assumée de par le passé, concernant les retards mais aussi le déclin de la production d’hydrocarbures qui perdure selon lui depuis 2009. «Qu’a-t-on fait ?», s’interrogera-t-il. Des dysfonctionnements que le nouveau management devra œuvrer à supprimer, incitera-t-il par conséquent et d’autant qu’il bénéficie d’une certaine autonomie de gestion.

Ce faisant, le ministre de l’Energie estimera résolument que les organes sociaux du groupe (Conseil d’administration, Assemblée générale, management…) doivent assumer leurs rôles et prérogatives, notamment en termes de contrôle et d’orientation conformément aux dispositions du Code de Commerce. Ainsi, les responsables seront «comptables» des objectifs qu’ils auront assignés à la compagnie, sous le contrôle périodique des organes dont le conseil d’administration, considérera Salah Khebri.

Notons par ailleurs que le groupe Sonatrach revoit actuellement son programme de développement à moyen terme (PMT). C’est ce que le P-dg de la compagnie indiquera en marge de la cérémonie d’installation, tout en assurant que ce PMT sera «optimisé». Il ne s’agira pas, certes, de remettre en cause les divers projets inscrits et qui sont «structurants» et «porteurs» et seront poursuivis, tiendra à préciser Amine Maazouzi, à charge de «prioriser» selon la rentabilité et les besoins à moyen et long terme. Toutefois, le P-dg de Sonatrach n’a pas écarté «la probabilité» d’une baisse du montant des investissements projetés dans le cadre du PMT, fixé initialement à 80 milliards de dollars. C’est ce que le PMT en cours de révision devra justement définir, indique M. Maazouzi.

Relevons que le programme de développement en cours de maturation devra contribuer à insuffler une autre dynamique d’efficience en termes de gestion et maîtrise des coûts et des délais, conduite des projets, relations avec les partenaires, développement de l’engineering…

C. B.