Le procès de Rafik Moumen Khalifa, 47 ans, l’ancien milliardaire algérien, s’est ouvert le 2 juin au Tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris.
L’ancien milliardaire Rafik Moumen Khalifa, incarcéré à Alger, est jugé par contumace depuis lundi passé à Nanterre, près de Paris. Accusés comme lui d’abus de confiance, de détournement et de banqueroute, dix coaccusés sont attendus à la barre.
En l’absence du principal accusé, incarcéré à la prison d’El Harrach, à Alger, après son extradition de Grande-Bretagne en décembre dernier, ce sont dix autres personnes, dont son ex-épouse, Nadia Amirouchène, ses principaux anciens collaborateurs, un notaire, d’anciens représentants de son entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique, qui vont défiler à la barre pour répondre des chefs d’inculpation d’abus de confiance, de détournement et de banqueroute.
Les audiences ont dévoilé que le milliardaire dépensait l’argent au nom d’El Khalifa sur l’ensemble de ses employés, et sa famille, chose qui a causé sa faillite de ses sociétés qui ont connu leur âge d’or entre 2000 et 2002.
Selon les différents témoins et prévenus, passés à la barre, juste avant sa chute il préparait son expansion vers d’autres pays en Europe du Nord et de l’Ouest, et même aux Etats-Unis. Parmi ses rituels gagnants : recevoir sur ses comptes personnels 5% sur toutes les transactions que réalise son groupe !
Nadia Amirouchène, pharmacienne de formation, mariée à Rafik Khalifa en septembre 1995 et divorcée en 2004, n’a pas moins bénéficié des largesses de son ex-mari. Pour assurer son confort et celui de sa fille, née en 1998, Rafik Khalifa lui a acheté un duplex de 262 m² à proximité de la Tour Eiffel. Montant de l’acquisition de cet appartement de deux étages, payé par Khalifa Airways : 1,2 million d’euros. Qui a réglé la note ? Rafik Khalifa, répond l’ex-épouse. Connaissait-elle le prix de l’achat, le montant des loyers ? Nadia Amirouchène ne souciait pas de l’intendance dès lors que Rafik subvenait aux besoins de la famille. Il payait tout, parfois par chèque, au nom de Khalifa Airways, parfois en espèces. »
Quant à la stratégie de défense d’Amirouchen Nadia – mise en cause en tant que gérante de KRG Pharma et en tant que bénéficiaire de deux appartements luxueux – apparaît plus simple : nier toute implication ou complicité dans les magouilles de son mari à l’époque des faits. «Il décide de tout, il ne me dit rien», a-t-elle répondu presque à tous les questionnements de la juge. Le tribunal a voulu surtout savoir «dans quelles conditions les deux appartements ont été achetés et payés» dans le même immeuble (1er et 2e étages) d’un quartier chic au 7e arrondissement de Paris. Il s’agit, premièrement d’un appartement dont la valeur est estimée à 1,2 million d’euros, acheté au nom de la société Khalifa Airways en mars 2000, mais «détourné par le couple Khalifa pour en faire leur habitation privée». «Je ne savais rien des conditions de son acquisition. Je me suis juste contentée de m’y installer à la demande de mon mari», explique l’ex-madame Khalifa.