S’exprimant dans un entretien publié, ce vendredi 16 mars par El Watan week end, Mme Toumi rappelle la « sacralité » de la guerre de libération nationale pour justifier la loi adoptée en 2011 imposant la soumission de toute production cinématographique sur la guerre de libération à l’accord préalable du gouvernement.
Khalida Toumi: » Quand l’Etat finance, il s’en mêle »
La soumission de toute production cinématographique portant sur la guerre de libération nationale ou ses symboles à l’accord préalable du gouvernement est une nécessité pour sauvegarder la mémoire nationale, selon la ministre la Culture, Khalida Toumi. S’exprimant dans un entretien publié, ce vendredi 16 mars par El Watan week end, Mme Toumi rappelle la « sacralité » de la guerre de libération nationale. «Il est clair que notre Histoire mérite d’être traitée avec respect, rigueur et sérieux», a t elle dit.
En outre, la nouvelle loi régissant la cinématographie – et plus précisément, l’article 6 portant sur la protection de la mémoire – n’est pas «l’apanage» des Algériens, affirme la ministre. Pour étayer ses propos, elle cite l’exemple de la France qui a, selon elle, «veillé à protéger ce qui est considéré comme étant l’intérêt supérieur de la France concernant l’Histoire de la guerre algérienne d’indépendance.»
Mais les professionnels, pour leur part, ne partagent pas cet avis. Pour eux, cette loi adoptée en 2011 n’a fait que mettre en place de nouveaux obstacles. « On pourrait comprendre le fait que l’État veuille avoir un regard sur les films », estime le réalisateur et producteur algérien, Bachir Derraïs, joint par le journal électronique par TSA. Il déplore, en revanche, l’inexistence d’interlocuteurs ou d’organismes mis en place pour la lecture et la validation de ce genre de projet. D’ailleurs, avec son équipe, il attend toujours l’aval du ministère des Moudjahidine pour entamer le tournage de son film sur Larbi Ben M’hidi, l’une des figures majeures de la révolution algérienne. « On a déposé le scénario en novembre 2010 mais on n’a reçu aucune réponse jusqu’à maintenant. » regrette M. Derraïs, ajoutant: « En France, le cinéaste qui veut travailler sur un film d’Histoire sait très bien à qui il doit s’adresser pour présenter son projet et obtenir les autorisations nécessaires. Pas en Algérie», assure le producteur. D’autres soulignent que la promulgation de cette nouvelle loi était totalement inutile. « L’État, à travers le ministère de la Culture, a toujours gardé la main sur la production cinématographique et audiovisuelle », assure un documentariste algérien qui rappelle que le ministère de la Culture et la Télévision algérienne sont les seules institutions qui financent ce genre de projet en Algérie.
Pour Khalida Toumi : « Quand l’État finance ou contribue au financement d’une production, il se garde le droit de regard sur ce qui a été fait. (…) On ne peut pas demander à l’État de donner de l’argent et lui refuser un droit de regard sur ce qu’on va faire avec cet argent. Celui qui ne veut pas que l’État s’en mêle, qu’il paie de sa poche », avait-elle déclaré aux journalistes, en marge de la séance d’adoption de la loi.
Rappelons que dans le cadre du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, près de 150 scénarios ont été retenus par le ministère de la culture mais leur financement reste encore incertain, en raison d’un conflit de compétences avec le ministère des moudjahidine qui doit valider les scénarios.
D’autres films sur des figures de la révolution sont prévus mais leur réalisation reste incertaine… Pour des raisons bureaucratiques en général, mais aussi politiques. Cette loi adoptée en 2011 donnant un droit de regard à l’Etat sur les films qu’il finance, spécialement pour ceux qui se rapportent à l’histoire, crée de nombreux blocages. C’est le cas pour un projet consacré à Krim Belkacem, un des grands chefs militaires de la révolution algérienne. Un projet de film sur Larbi Ben M’hidi rencontre, lui aussi, des blocages.
R.N