Les arguments présentés par la ministre de la Culture n’ont pas, apparemment, été convaincants puisque de nombreux députés ont émis des critiques et des réserves sur le projet de loi sur le cinéma.
Khalida Toumi, qui a présenté hier ce projet devant l’APN, a pourtant d’emblée mis en exergue la nécessité d’élaborer « un texte de loi adapté aux développements enregistrés dans le domaine cinématographique marqué par une grande anarchie, en l’absence de mécanismes d’encadrement et de contrôle adéquats ».
Dans son exposé la ministre a surtout insisté sur le fait que le secteur cinématographique avait un grand besoin d’un nouveau cadre législatif, ce d’autant que la loi actuelle date de l’année 1967. « Dans ce dernier texte de loi il y avait 10 articles relatifs au contrôle de la production cinématographique. Or dans le projet actuel un seul article évoque ce volet» a indiqué Khalida Toumi ajoutant que « l’on a d’ailleurs chargé le terme contrôle par celui de visionnage préalable».
Le texte vise également à instituer les fonctions d’inspection et de contrôle des salles de cinéma, à travers la soumission des inspecteurs à la prestation de sermon. Pour la ministre le projet de loi entre dans le cadre d’une nouvelle démarche qui n’a pas pour but de « freiner les initiatives, mais de créer des cadres appropriés d’organisation des professions relatives à ce domaine vital le contenu de ce projet s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation du cinéma algérien, le développement des capacités nationales dans le domaine et le bannissement des pratiques négatives en encourageant le professionnalisme ».
À propos de la relance de l’activité de ce secteur sensible Khalida Toumi dira que le projet de loi consacre un article à la création d’un fonds de promotion de l’industrie cinématographique, comme il allége les procédures adoptées dans la production de films réalisés dans le cadre des conventions cinématographiques gouvernementales. La ministre compte aussi beaucoup sur les salles de cinéma pour booster l’activité.
Elle dira à ce propos que « les salles de cinéma seront désormais soumises à un cahier des charges » et d’ailleurs, a-t-elle précisé, le ministère a repris 48 salles de cinéma. Elle a ainsi révélé que 300 salles de cinéma, dont une vingtaine se trouvant sous la tutelle de son département ministériel, sont fermées.
A propos des motifs ayant dicté la révision de l’ordonnance , datant de 1967, la ministre dira que cette derrière était devenue obsolète dans la mesure où, a-t-elle tenu à préciser, sur les 76 articles en vigueur 12 articles ont été abrogés, 4 articles sont non applicables alors que 22 autres articles nécessitaient une refonte.
Le texte de loi n’a pourtant pas suscité l’enthousiasme de nombreux députés qui ont ainsi rejoint l’avis de la commission de la culture, de la communication et du tourisme de l’APN. Cette dernière, présidée par un député du RCD, a d’ailleurs introduit de nombreux amendements tout en n’hésitant pas à critiquer le projet de loi. Les députés du parti de Saïd Sadi n’ont pas manqué, à l’unisson, d’égratigner la ministre en estimant que le projet de loi est loin de répondre aux attentes.
Est-il besoin de préciser que ces critiques étaient fort attendues de la part des députés du RCD, l’ex- parti de Khalida Toumi… Cela dit la commission de la culture a surtout reproché au projet de loi sa « superficialité » par rapport à l’ordonnance de 1967.
Cette commission permanente a aussi émis des réserves sur la multiplication des autorisations que doivent avoir les professionnels pour passer au stade de la production ce qui, selon le rapport préliminaire, les mettraient sous la coupe de l’administration centrale.
La commission a aussi rejeté, dans la forme, l’article 5 qui parle de l’autorisation préalable du gouvernement pour toute production relative à la guerre de Libération nationale. Pour la commission le projet de loi doit expliciter la partie qui octroie l’autorisation.