«Ma femme est Algérienne et je serai de tout cœur avec les Verts face au Maroc» > «En Algérie, j’avais une seule idole, Lalmas»
C’est finalement à l’aérodrome de Metz que la méga star, Khaled, a rencontré les membres de la délégation algérienne réduite seulement aux joueurs locaux et à l’encadrement qui l’accompagna au Luxembourg.
– C’est un plaisir de vous croiser ici à l’aérodrome de Metz…
– D’abord, Saha Aïdkoum, cela m’a fait plaisir de croiser nos joueurs et leur encadrement et, en plus, je tenais à les accompagner à l’aéroport, mon beau-frère est soigneur dans cette équipe (il s’agit de Maâmar Belilis, le masseur de l’EN, dont l’un de ses frères est marié avec la sœur de Khaled – Ndlr). En tant qu’Algérien, amoureux de son pays, c’était un devoir pour moi que de faire le déplacement ici pour saluer tout le monde.
– Mercredi soir, vous étiez obligé de quitter le stade, il paraît que, harcelé par vos admirateurs, il vous était impossible pour vous de suivre tranquillement le match ?
– Effectivement, j’ai quitté le stade à la mi-temps parce que je ne voulais pas casser l’ambiance de l’équipe nationale quand même (rires !) ; mais, je ne vais pas me plaindre tout de même de cet engouement pour ma personne, les gens m’aiment bien et puis me voir dans un stade, c’est rare. Je voulais participer à cette ambiance alors que j’avais la possibilité de solliciter une place VIP. Mercredi, je suis venu en simple supporter au stade.
– Qu’avez-vous retenu des 45 minutes auxquelles vous avez assistées ?
– Malgré le froid qui sévissait, les joueurs étaient à la hauteur. Certes, le Luxembourg n’a dans ses rangs que deux joueurs professionnels, je crois. Néanmoins, pour les Algériens qui résident à Metz ou Thionville (ville frontalière avec le Luxembourg), c’était l’occasion de voir de plus près une équipe admirée par tous les Algériens pour le plaisir des yeux ; c’est un événement qu’il ne fallait rater en aucun cas.
Je le dis en connaissance de cause car, quand je fais des tournées, je le vois chez mes citoyens cet amour pour ma personne, alors je me dis : «Khaled, c’est toi qui fais le déplacement pas eux», c’est pareil pour l’EN.
– On a cru entendre que c’est la Fédération luxembourgeoise qui vous a invité ?
– Non, pas du tout. Récemment, lors d’un gala que j’ai donné à Paris, un jeune compatriote proche de l’équipe nationale, accompagné d’un joueur (Khaled ne connaît pas les noms des joueurs – Ndlr), s’est proposé de me ramener des tickets du match, d’autres amis m’ont également remis des tickets.
Néanmoins, le premier qui s’est proposé de m’inviter au match m’a ramené des tickets qui ont été mis en …vente, ce qui fait que ce n’était pas une invitation comme il me l’avait promis.
Figurez-vous, qu’à mon arrivée au stade Josy Barthel, des gamins m’ont reconnu et sont venus vers moi : «Khaled, si t’as besoin de tickets, on peut t’en donner un ou deux.» Je leur ai répliqué que c’était moi qui donnais des tickets
– Au préalable, il était prévu que vous rendiez visite à l’équipe nationale à l’hôtel, pourquoi vous ne l’avez pas fait ?
– Oui, j’avais envisagé de le faire, mais faute de temps, je n’ai pas été à leur hôtel. Cependant, j’ai tenu à rectifier le tir en me déplaçant ce matin à l’aéroport pour les saluer avant leur retour au pays. Hélas, il n’y avait pas tous les joueurs puisque la majorité des pros ont rejoint directement leurs clubs. Ceci dit, j’ai pris des photos et rigolé avec les jeunes qui étaient là, pour leur montrer qu’il y a un petit Khaled qui est connu dans le monde, mais qui garde son comportement naturel, une façon de leur dire aussi qu’ils ne doivent pas négliger leurs admirateurs, au contraire, il faut qu’ils répondent à toutes leurs sollicitations.
– Pour la Coupe du monde 1986 au Mexique vous avez chanté à la gloire de l’EN avec le tube «Dakhlou Khaoua Goudamna», pourquoi vous n’avez pas produit une autre chanson en 2010 ?
– J’ai fait un concert au Caire en compagnie d’un grand artiste là-bas pour l’amitié le soir de l’arrivée de l’EN en Egypte. Malheureusement, il y a eu cet événement inattendu (attaque du bus algérien – Ndlr). C’est arrivé, il ne faut pas dramatiser cet incident ; même chez nous dans les stades, quand des équipes de Kabylie et d’Oran se rencontraient, il y avait du grabuge dans le stade.
Certes, les fans égyptiens sont allés un peu loin. En tant que musulman, on ne tient pas rancune à nos frères égyptiens. De toute façon, notre revanche, on l’a eue sur le terrain, ce qui était le plus important. Le soir de la qualification, j’étais à Las Vegas, on l’a fêtée avec des amis algériens.
– Outre l’EN, vous étiez le représentant de l’Algérie en Afrique du Sud, est-ce une fierté pour vous ?
– Ah oui, quand la FIFA m’a invité, je n’ai pas hésité une seconde pour donner mon accord. Cette dernière m’a fait deux propositions : soit je faisais un duo avec Shakira la veille, pendant toute une soirée, ce qui aurait constitué pour moi une grosse pub, soit je chantais durant deux minutes en ouverture de la Coupe du monde.
J’ai choisi cette dernière afin de donner du courage à nos joueurs, qu’ils ne sont pas les seuls à représenter le pays. Pour revenir à votre question sur la chanson que je n’ai pas produite après avoir constaté que des centaines de chanteurs ont sorti des tubes à la gloire de l’EN. J’ai pris attache avec Cheikh Blaoui Houari et également avec le Cheikh Rabah Deriassa qui m’ont composé des chansons, mais après réflexion, je me suis dit : «Khaled, tu risques de te casser la gueule, en jugeant que pour éviter que notre sélection soit victime du mauvais œil, laissons ça pour après.» Et en 2012, je promets de sortir un tube sur les Verts.
– Pourquoi 2012 ?
– Et bien, cela a été décidé ainsi avec Blaoui Houari qui m’a dit que cette chanson risque de rester une légende, à vie, parce qu’elle n’aura pas de nom. Blaoui est un grand professeur de musique. Figurez-vous qu’il m’a dit que cette chanson, je pourrai la reprendre quatre ans après sans problème parce que dans les paroles de cette chanson, on ne citera aucun nom de joueur.
– D’autant plus qu’on s’est rendu compte que vous ne connaissez pas les noms des joueurs actuels…
– Je ne le nie pas, je ne connais pas ces joueurs ; dans le football, j’ai eu comme amis Lakhdar Belloumi ou Mokhtar Chibani (ancien avant-centre du GCM), ou Miloud Hadefi, Allah Yarahmou. En Algérie, j’avais une seule idole, c’était Hassan Lalmas qui était un esthète du ballon rond.
– Il est malade actuellement…
– J’en profite pour lui souhaiter un prompt rétablissement. En tout cas, moi qui ne suis pas très footeux, c’est quelqu’un qui m’a marqué par la beauté de son jeu.
– Et le MCO, c’est votre équipe préférée, non ?
– Détrompez-vous, je suis surtout un supporter d’un autre Mouloudia en Algérie…
– …. Celui d’Alger ?
– Non, je supportais le MOC. Je vous explique pourquoi j’aimais cette équipe. Un jour, alors que je regardais leur match à la télévision, j’ai été irrité par la prestation de l’arbitre qui lésa les Constantinois. Comme, je suis un type qui n’aime pas l’injustice, je me suis pris d’affection pour le MOC.
– Un Algérie- Maroc se déroulera au mois de mars prochain…
– Sans démagogie, je dirais que ce sera différent du match face à l’Egypte. Déjà, les Marocains ont supporté l’Algérie au dernier Mondial, sans oublier leur soutien après le fameux incident du Caire ; les Marocains, ce sont nos frères, nos cousins, et puis le prophète Mohamed(QSSSL) insistait sur le bon voisinage, et le Maroc est un pays voisin.
– Il paraît que vous êtes très ami avec le roi Mohamed VI ?
-Mon amitié avec sa Majesté le Roi Mohamed VI date d’il y a longtemps, avant même qu’il n’accède au trône, une amitié qu’on a gardée depuis.
– Sachant aussi que votre épouse est originaire du Maroc…
– (Il nous coupe !) Qui l’a dit, non ma femme est Algérienne, et d’ailleurs de la même région que son Excellence Abdelaziz Bouteflika, plus exactement de J’Balla (région de Tlemcen). Ma femme a un passeport algérien.
Cela dit, nous les Oranais, de par le positionnement géographique de notre ville par rapport au Maroc, on a plus d’affinités avec nos voisins, de nombreuses familles mixtes ont été fondées, sans oublier qu’on a grandi ensemble à Oran où il y’avait une forte colonie marocaine qui nous a laissé l’accent oujdii (le dialecte des citoyens d’Oujda- Ndlr).
Les anecdotes racontées par Khaled aux joueurs
> De l’incident du Caire, Khaled se souvient surtout de cette anecdote. «Alors que j’étais dans ma suite, je reçois un texto : Khaled allume la télévision. J’ai tout de suite déduit que quelque chose venait de se passer. Gêné, le chanteur égyptien avec qui je devais animer la soirée tapa quelques instants après à ma porte et me dit : Khaled, il ne faut pas croire ce que racontent les journalistes, alors que j’avais vu les visages de nos joueurs maculés de sang. Je l’ai invité à voir avec moi les images sur une chaîne d’informations, le chanteur égyptien est resté muet.»
> Ne maîtrisant apparemment pas le football, Khaled pensait que Hafid Tasfaout était l’entraîneur national ; un lapsus qui l’obligea à présenter des excuses à Benchikha lequel, pendant les salutations, était attablé avec le manager général.
> A propos des exigences du peuple algérien envers l’EN, Khaled dira aux joueurs (locaux) : «Moi, je suis surpris qu’on ait critiqué vos performances. Déjà en mettant les pieds en Afrique du Sud, pour moi, c’était un exploit après 24 ans d’absence en Coupe du monde.»
> Un jour, un Algérien est venu se plaindre auprès de ma personne : «Khaled, tu chantes sur la Serbie alors que ce pays a massacré nos frères bosniaques». Je lui ai répliqué, mais j’ai chanté «Serbi Serbi (qui signifie servir) et non pas la Serbie.» Eclats de rires de Lemouchia et de ses camarades.
> Quand je vivais à Oran, une fois j’ai passé une longue soirée avec mon pote Mokhtar Chibani lequel m’a déposé chez moi à 5H30 du matin.
Alors que je dormais encore vers 15H00, ma mère est venue me réveiller : Allume la TV, il y a ton copain qui joue un match. En m’exécutant, je suis tombé des nues en constatant que Chibani jouait le match, Alors que moi, je n’étais même réveillé, lui jouait un match de championnat. C’est pour vous dire qu’à l’époque, on s’en foutait de la récupération d’avant match.»