Le temps presse et les avoirs de l’Algérie s’amenuisent à vue d’œil. Il n’y a pas de grand choix possible à faire: ou redresser la barre ou couler. Même si on parle de se réorienter vers d’autres secteurs plus rentables, comme l’agriculture, ou de relancer la machine de production nationale hors hydrocarbures, les résultats ne seront pas pour demain la veille. Alors autant travailler avec du concret, avec ce qu’on a sous la main, et cela s’appelle pétrole.
De ce fait, le ministre de l’Energie Salah Khabri fait un forcing immodéré avec les pays amis (car même convoquer tout le monde n’est pas chose aisée), pour convoquer une réunion extraordinaire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dans le but de discuter de la question du recul des cours du pétrole sur les marchés internationaux: «Les consultations avec les pays membres de l’OPEP sont en cours pour prendre une décision de réduire ou non la production du pétrole», a révélé Khabri.
Les hydrocarbures représentent en moyenne 96% des recettes de l’Algérie, et constituent l’axe central d’une politique basée sur l’aide sociale et les subventions, alors que les prix du Brent sont passés de 110 dollars/baril en juin 2014 à seulement 48 dollars/baril début aout.
Bien entendu, l’Algérie commence par «travailler» les pays amis, comme le Vénézuela ou l’Iran, eux aussi, tout comme l’Algérie, victime du «braconnage pétrolier» des puissances.
Tout le monde le sait, ce sont les Etats Unis et l’Arabie Saoudite qui ont été les deux pays les plus influents dans la chute actuelle des cours des prix de pétrole. Cette chute n’est seulement liée à la loi millénaire de l’offre et de la demande ; elle est aussi politique et stratégique et demeure liée à la volonté de certaines puissances de faire couler des économies émergentes, comme celle de l’Algérie. D’ailleurs, réagissant aux déclarations du secrétaire général de l’OPEP, Abdallah Salem El Badri, qui a exclu toute révision à la baisse de la production de l’organisation, Khabri souligne que «le SG ne représente pas l’organisation. Il y a la conférence ministérielle, qui est au-dessus du SG».
L’Algérie est une victime collatérale du jeu géopolitique des grands producteurs de pétrole, qui voulait faire chuter les prix et casser l’Iran dans son élan économique très inquiétant, tant pour Washington, toujours soucieuse de préserver la suprématie d’Israël au Proche-Orient, que pour Riad, très sourcilleuse vis-à-vis de la montée en puissance de l’économie de Téhéran, considéré comme puissance chiite face au sunnisme des pétromonarchies.
Le prix du baril est sur le point de descendre sous la barre fatidique des 50 dollars, et si le jeu de coulisses à l’Opep ne réussi pas, Alger aura du souci à se faire à l’avenir…
Par Fayçal Oukaci