Puissant défenseur des Super Eagles durant de longues années, Stephen Okechukwu Keshi a bien réussi sa reconversion.
Puissant défenseur des Super Eagles durant de longues années, Stephen Okechukwu Keshi a bien réussi sa reconversion. Après avoir qualifié le Togo en Coupe du monde pour la première fois de son histoire, il a injustement remercié quelques mois avant le début de la compétition. Il rebondira à la tête des Aigles du Mali au lendemain d’une élimination sans gloire au premier tour de la CAN-2008. Depuis, le Nigérian réalise de bons résultats avec une qualification aisée à la prochaine CAN où il retrouvera une vieille connaissance : l’Algérie. Dans l’entretien qu’il nous a accordé hier, il nous en parle et revient sur la qualification des Verts en Coupe du monde. « Une qualification méritée » pour ce jeune technicien.
Tout d’abord, nous vous remercions d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Il n’y a aucun problème. Je suis à votre entière disposition surtout que l’Algérie est un pays qui m’est très cher.
Il y a moins d’une année, vous avez affronté l’Algérie lors d’un match amical à Rouen (1-1). Ce jour-là, vous imaginiez-vous que l’Algérie allait se qualifier se qualifie au mondial, aux dépends de l’Egypte ?
C’était difficile de le savoir à l’époque, mais en football tout est possible. Même si sur le papier le favori c’était l’Egypte, l’Algérie reste une très bonne équipe qui a toujours pratiqué un très beau football. Je suis bien placé pour le dire puisque j’ai plusieurs fois affronté les Algériens en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Il ne suffit pas d’avoir le statut de champion d’Afrique pour être sûr d’aller en Coupe du monde. A mon avis, le déclic c’était la victoire des Algériens contre les Egyptiens au match aller. Ce jour-là, j’ai su que l’Algérie avait son mot à dire dans les éliminatoires. Sur le terrain, vous les avez bouffés.
Vous avez sans doute tiré des renseignements sur l’Algérie ce jour-là ?
Les Algériens ont encore une fois prouvé qu’ils jouaient avec le cœur, comme le faisaient leurs aînés. Il y avait aussi une très bonne disposition tactique sur le terrain.
Maintenant que les éliminatoires sont terminées, pensez-vous que l’Algérie a mérité sa qualification ?
Oui, bien sûr. Vous n’avez qu’à revoir le parcours de l’Algérie pour vous en convaincre. Depuis le premier match des éliminatoires, les Algériens ont occupé la première place du groupe. A partir de là, ce n’est pas par hasard que l’Algérie se soit qualifiée à la coupe du monde. Ils ont produit du très beau jeu, mis à part au Caire où ils ont craqué dans les dernières minutes, alors qu’ils avaient les moyens de se qualifier directement pour l’Afrique du Sud. Je pense que ce qui s’est passé avant le match avait influé négativement sur les joueurs.
Que pensez-vous justement des incidents du Caire ?
Le monde entier a vu ce qu’a enduré la délégation algérienne au Caire. Les joueurs ont été agressés par des supporters et c’est vraiment dommage. De telles choses ne devraient pas se passer. Cette fois-ci, les Egyptiens ont dépassé les limites, c’est inadmissible.
Le Mali a par contre déçu avec cette troisième place. Que vous a-t-il manqué pour faire mieux ?
Le temps. Il faut savoir que je suis à la tête du Mali depuis un an et demi seulement. Certes, j’ai des joueurs d’un bon niveau, mais cela ne suffit pas. Il faut du temps. A mon sens, dans une année, l’équipe du Mali aura son mot à dire sur la scène continentale et internationale.
Avec sa pléiade de joueurs de niveau mondial, le Mali n’arrive pas à se qualifier en coupe du monde. C’est paradoxal, non ?
Oui, c’est vrai, ce que vous dites. Mais, il y a parfois des circonstances atténuantes comme c’est le cas en juin dernier. Figurez-vous que le nombre de blessés a atteint 15, ce qui m’a contraint de puiser dans le championnat malien pour composer une équipe valable.
Vous allez croiser l’Algérie dès le mois de janvier à la CAN. Comment voyez-vous ce match ?
Avec tout le respect que je dois à l’Algérie, il est prématuré pour moi de penser d’ores et déjà à notre match contre l’Algérie. Parler de ce match c’est manquer de respect à l’Angola, notre premier adversaire à la CAN. C’est le match qui m’intéresse actuellement car ce sera en ouverture. L’Algérie, ça viendra par la suite.
Qu’avez-vous à dire de l’Angola ?
C’est une équipe très performante, elle a de bons joueurs notamment Manucho, qui évoluait par le passé en Angleterre, et actuellement en Espagne. Les Angolais partiront avec un avantage, celui de jouer à domicile, mais ce ne sera pas leur seul avantage car ils jouent bien au ballon et ils l’ont prouvé lors de leurs derniers matchs amicaux.
Et l’Algérie…
L’Algérie fait partie actuellement des meilleurs équipes du continent africain. La preuve, elle a réussi à décrocher le billet qualificatif pour le mondial. Elle possède des joueurs talentueux qui évoluent dans de grandes équipes en Europe. L’Algérie, ce n’est pas la même équipe d’avant, cette équipe possède beaucoup d’expérience. Ce sera sans doute l’attraction de la Coupe d’Afrique.
Un mot enfin le Malawi…
Le Malawi est une équipe que je connais parfaitement. J’ai déjà disputé des matchs face à cette équipe même en tant que joueur, et je pense qu’elle possède un groupe très soudé.
D’après-vous, qui sont les favoris de ce groupe pour passer au second tour?
A mon avis, il n’ya pas de favori dans ce groupe. Toutes les équipes se valent. Ce sera très ouvert. Seul l’Algérie possède un avantage avec son statut de mondialiste. Je pense que cette CAN sera très intense et nous, on sera là pour jouer les troubles fêtes.
Pourtant M. Nouzaret est convaincu que l’Algérie et le Mali passeront au prochain tour au détriment de l’Angola et du Malawi…
Je remercie beaucoup M. Nouzaret pour cette marque de confiance. Ça m’honore beaucoup en tant que sélectionneur du Mali, mais personnellement je n’enterrerai pas l’Angola qui est une bonne équipe. J’espère que le pronostic de M. Nouzaret s’avèrera juste.
Il y a deux joueurs maliens dans le championnat d’Algérie. Comptez-vous faire appel à eux ?
Je suis de très près les performances de Moussa et Idrissa Coulibaly, qu’ils se rassurent, mais il est encore prématuré de parler de nouvelles têtes au sein de la sélection malienne. Qu’ils continuent à briller avec leurs clubs et je n’hésiterai pas à les convoquer si le besoin se fait sentir.
On vous laisse le soin de conclure cet entretien…
Je félicite tout le peuple algérien pour cette brillante qualification en Coupe du monde et je passe un grand bonjour à mon ami Rabah Madjer, que je n’ai pas rencontré depuis longtemps. J’espère aussi que l’Algérie réalise une bonne Coupe d’Afrique afin d’aborder la Coupe du monde dans les meilleures dispositions psychologiques.
Entretien réalisé par Hamza Rahmouni