Kenya, Nairobi face au fléau de la multinationale terroriste

Kenya, Nairobi face au fléau de la multinationale terroriste

La traque des Shebab, retranchés depuis deux jours avec des otages dans le centre commercial Westgate de Nairobi, tire à sa fin. « Nous contrôlons tous les étages (du centre commercial), les terroristes ne peuvent pas s’échapper », a annoncé, hier, le ministre de l’Intérieur kényan, Joseph Ole Lenku, au cours d’une conférence de presse.

L’assaut imminent contre le commando « multinational », qui refuse toute négociation, remet au centre des préoccupations la menace terroriste qui pèse sur toute la région. Elle traduit, en conformité avec la thèse algérienne longtemps défendue dans les institutions internationales, le caractère transfrontalier du fléau.

Tout naturellement, l’Algérie, qui a condamné avec « la plus grande énergie » l’attaque terroriste « lâche et haineuse » a tenu à réaffirmer, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, le rejet du terrorisme « sous toutes ses formes » et toute sa détermination à « combattre ce fléau qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationale ».

Au cœur de la tragédie, le Kenya, qui panse ses blessures et qui paie aussi le prix fort d’un engagement sans concession. Par-delà le choix fort symbolique du modèle de consommation honni, l’attaque du centre commercial Westgate visait en premier lieu à infliger le maximum de pertes humaines (69 morts et 200 blessés et 63 disparus), s’assurer une publicité mondiale en s’attaquant à la communauté étrangère, diffuser la terreur au sein de la population qui compte ses nombreuses victimes et saper le tourisme kényan.

En point de mire, en raison de son implication dans le démantèlement des Shebab boutés hors de la capitale somalienne, Mogadiscio remise aux mains d’un nouveau gouvernement de transition, Nairobi est régulièrement l’objet d’opérations punitives ciblant en 2011, les deux principales villes (Nairobi et Mombasa).

Comme du reste, l’autre force ougandaise participant à la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) touchée également, à quelques jours du sommet africain par un double attentat à la bombe qui a fait 76 morts. « Les Shebab restent la menace principale à la survie du nouveau gouvernement somalien », estime dans un rapport l’ISS (Institut pour les études et la sécurité) basé en Afrique du Sud.

Une menace qui présente un facteur d’instabilité régionale traduite par l’émergence d’un arc d’insécurité qui couvre la Corne de l’Afrique, à son extrémité orientale, jusqu’aux rivages occidentaux du Nigeria en passant par le Sahel. Dans les colonnes du Daily Nation, son rédacteur en chef, Murithi Muthiga, soutient que la tragédienne kényane est l’occasion de faire réaliser au monde que « nous vivons dans un monde interconnecté et qu’avoir un pays failli comme voisin, tel que la Somalie, peut avoir des effets bien au-delà de ses frontières ».

Face à cette dure épreuve, il s’agit, bien sûr, comme le proclame à juste titre, le Daily Nation, de sauvegarder le « véritable esprit kényan » qui ne doit jamais « être anéanti ». Le quotidien kényan rappelle, de ce fait, qu’« il est plus important que jamais de rester unis, peu importent notre religion, notre race ou notre appartenance politique ». Outre l’esprit de résistance au chantage terroriste, la riposte collective à l’échelle continentale et mondiale reste la thérapie de choc la plus indiquée pour tourner ensemble définitivement la page noire d’un fléau reconnu transfrontalier et porteur d’une menace contre la paix, la sécurité et la stabilité mondiale.

Larbi Chaabouni