A la recherche de cadavres et d’éventuels explosifs, les secours fouillaient ce matin les décombres du centre commercial, lieu d’une tragique prise d’otages qui aura duré près de quatre jours avec un bilan provisoire de 61 civils, 6 soldats et 5 assaillants tués. Des dizaines de personnes sont portées disparues. Les premiers témoignages des survivants sont tout simplement poignants et disent toute l’horreur que les clients de Westgate ont endurée.
«Nous avons humilié et vaincu nos assaillants, cette partie de notre tâche est finie», a déclaré le président kenyan dans une allocution télévisée à la nation. «Nous avons été durement touchés, mais nous avons été braves, unis et forts», a poursuivi le chef de l’Etat kenyan. «Nous avons regardé le mal dans les yeux et nous avons triomphé», a-t-il ajouté. Faisant état de «pertes immenses» pour le pays, M. Kenyatta a annoncé un deuil national de trois jours à compter de ce mercredi, au cours duquel «les drapeaux seront en berne».
Selon un bilan encore provisoire du président Kenyatta, 61 civils et six membres des forces de sécurité été tués. «Durant l’opération, trois étages du centre commercial Westgate se sont (partiellement) effondrés et des corps sont toujours bloqués», a-t-il précisé, laissant entendre que le bilan pourrait encore s’alourdir. Selon une source sécuritaire kenyane et un pompier, c’est une partie du parking aérien du centre commercial qui s’est effondrée hier, fragilisée par l’incendie ayant éclaté lundi. Le parking servait de toit à la section arrière du Westgate, notamment au premier étage d’un vaste supermarché. L’incendie s’est déclenché après de violentes explosions survenues dans des affrontements entre les assaillants retranchés dans le supermarché et les forces spéciales kenyanes. Le centre kenyan de gestion des crises a rappelé que 175 personnes ont en outre été blessées.
Au cours de presque quatre jours de siège, «cinq terroristes ont été tués», a encore dit le président kenyan, affirmant que 11 «suspects (étaient) en détention». «Ces lâches affronteront la justice, tout comme leurs complices et leurs chefs, où qu’ils se trouvent», a-t-il promis.
Un commando islamiste de dix à quinze hommes armés et masqués avait pénétré samedi à la mi-journée dans le Westgate, l’un des centres commerciaux les plus huppés de la capitale kenyane.
Les assaillants avaient lancé des grenades et tiré à l’arme automatique sur les employés du centre commercial et la foule de Kenyans et d’expatriés venus faire leurs courses du week-end, avant de se retrancher dans le dédale de magasins du bâtiment, d’où il résistait depuis aux forces de l’ordre.
L’attaque du Westgate avait été rapidement revendiquée par les insurgés islamistes somaliens shebab, qui avaient dit agir en représailles à l’intervention militaire kenyane en Somalie lancée fin 2011. Pendant quatre jours, rafales d’armes automatiques, explosions et tirs sporadiques ont retenti dans le Westgate.
Une partie de «cache-cache»
Selon un membre des forces spéciales kenyanes ayant participé aux affrontements, ceux-ci ont pris des allures de parties de «cache-cache» avec les islamistes, avantagés par la configuration du centre commercial : une myriade de magasins, de restaurants et un complexe de cinéma répartis sur quatre étages dans des galeries donnant, au rez-de-chaussée, sur un grand hall ouvert jusqu’au toit. Alors qu’approchait la fin du siège, les forces de sécurité ont multiplié les opérations de ratissage du lieu, pour s’assurer que plus aucun des assaillants n’était encore en état de nuire.