Karim Younès s’inquiète de la chute des prix du pétrole, « Il est temps de redéfinir une stratégie de développement »

Karim Younès s’inquiète de la chute des prix du pétrole, « Il est temps de redéfinir une stratégie de développement »
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L’ancien président de l’APN soucieux

Il est urgent de battre le rappel de toutes les intelligences pour dessiner la voie de l’Algérie du siècle en cours et dresser l’inventaire des nouveaux défis, estime-t-il.

La chute des prix du pétrole inquiète l’ancien président de l’APN, Karim Younès. Dans une tribune intitulée «quel impact réel ou supposé de la chute des prix du pétrole sur notre économie?», il plaide pour une sortie de cette dépendance à la rente pétrolière.

«La situation actuelle caractérisée par la chute du prix des hydrocarbures, notre ressource essentielle puisque 98% en dépendent, est incertaine qui fait craindre des lendemains inquiétants à notre pays. Il est irresponsable d’adopter des positions d’attentisme, de complaisance, de flagornerie, de patriotisme manipulateur ou de nationalisme d’apparat», souligne-t-il.

LG Algérie

Le discours des pouvoirs publics, renouvelé à chaque fois, faisant part de la volonté de diversifier l’économie nationale pour échapper à la fatalité de dépendance éternelle aux hydrocarbures a été battu en brèche.

L’ancien président de l’APN fait remarquer que «pendant cinquante ans, nous avons discouru sur la nécessité d’une économie productive hors hydrocarbures alors que les recettes pétrolières et gazières procurent aujourd’hui les 98% des recettes totales d’exportation et les 67% du budget de l’État».

Pour lui, l’évaluation globale des stratégies économiques mises en place n’a pas donné des résultats probants. Il dénonce le fait que le pays ait dilapidé une bonne part de ses ressources et n’ait toujours pas éradiqué la prédation.

«L’augmentation du prix du baril de pétrole depuis 2000 a permis de rembourser la totalité de la dette extérieure, d’accumuler des réserves de change avoisinant les 200 milliards de dollars pour conforter la masse monétaire dinar en circulation, et de mettre de côté un fonds de régulation des recettes qui a contribué à faire face au déséquilibre budgétaire quand cela est nécessaire», rappelle-t-il. «Mais hélas qu’a-t-on fait des 7 à 800 milliards de dollars dépensés puisque l’objectif affiché de tout temps était de bâtir une économie indépendante des hydrocarbures?», se désole-t-il, ajoutant que «certes beaucoup d’infrastructures utiles, des investissements sociaux aussi, et par conséquent du ‘confort », mais très peu de réalisations pouvant produire de nouvelles richesses et de la plus-value».

Le constat prend un peu plus de gravité quand Karim Younès précise que la rente pétrolière est menacée non seulement par la baisse des prix dont on peut envisager une reprise, mais surtout par la baisse des réserves et des capacités de production.

A ses yeux, la manne pétrolière que l’on estime à une soixantaine de milliards de dollars par an, selon les chiffres récemment avancés par la Sonatrach pourrait très largement contribuer à l’investissement scientifique tel que d’autres ont pu le faire par ailleurs. Mais hélas.

Dans sa contribution, l’ancien président de l’APN regrette que «nous n’avons pas pu mobiliser la société parce que nous avons été incapables de réguler les ambitions, d’apaiser les tensions, d’ordonnancer les alternances, de libérer les énergies, de satisfaire les aspirations, d’assurer la transparence qui instaure la confiance entre la société et l’État».

Pour sortir de cette situation et angoisse, Karim Younès estime qu’il est urgent de battre le rappel de toutes les intelligences pour dessiner la voie de l’Algérie du siècle en cours, dresser l’inventaire des nouveaux défis.

«J’en appelle aux intelligences libres et non à celles inféodées à une quelconque chapelle, à des intelligences qui ne s’embarrassent pas de prétentions mercantiles et qui ne nourrissent d’autres ambitions que de servir leur peuple», lance-t-il. Il évoque entre autres «les 40.000 cadres supérieurs algériens exilés au Canada dans les années 1990 et tous ceux, partis bien avant la décennie rouge, fuyant la vindicte des cancres politiques accrochés aux postes de responsabilité dans la périphérie du système politique en place».

«Il est grand temps s’il n’est pas encore trop tard d’activer le chantier d’une nouvelle perspective, de redéfinir une stratégie de développement du pays, de projeter notre grand pays dans le monde pour y tisser des relations internationales, y faire reconnaître nos atouts potentiels, assumer notre part dans la coopération et le partenariat avec les pays de l’Afrique subsaharienne», plaide-t-il encore, en appelant à prendre conscience qu’il est vain de prétendre développer l’économique sans avoir au préalable assaini le politique.