Karim Tabou, FFS : «La démocratie d’abord, la révision de la Constitution ensuite»

Karim Tabou, FFS : «La démocratie d’abord, la révision de la Constitution ensuite»

Le Front des Forces Socialistes (FFS), qui renoue en force avec la scène politique, semble décider à participer aux élections législatives de 2012

C’est du moins ce qu’a laissé entendre, hier, son premier secrétaire, Karim Tabou, qui, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne III, a souligné que le choix sera « politique et non pas mécanique ». Les changements qui s’opèrent sur la scène nationale renforcent la décision du FFS qui, cette fois-ci, se montre déterminé à mettre de côté sa politique de « la chaise vide », lui qui a boycotté de nombreuses échéances électorales.

Sans pour autant exprimer, explicitement, une décision définitive quant à la participation ou non du vieux parti aux élections prochaines, M. Tabou a fait observer que son parti « pense que le pays bouge et cela peut être très important et une bonne chose pour les Algériens. Ces derniers reprendront ce droit de désigner, de décider et de choisir eux-mêmes le comment d’aller vers la démocratie ».

Il va sans dire que le FFS se voit dans l’obligation de renforcer ses rencontres de proximité, d’échange et d’explication, pour reprendre ses dires, avec la population, dans la mesures où il estime que la priorité des priorités est d’arriver à rétablir la relation entre les citoyens et la politique, et aussi, avec les institutions de l’Etat et le pouvoir.

Le FFS est une formation, ajoutera-t-il, qui pose des idées et qui respecte celles des autres et œuvre pour l’instauration de changements, non par la violence, mais pacifiquement. «Nous voulons des changements pacifiques, sérieux qui conduiront le pays à la démocratie», a-t-il dit, avant d’ajouter que «les Algériens le méritent ».

Cependant, il estime nécessaire de faire participer tous les acteurs de la société dans ces changements car il considère que ces derniers tels qu’ils sont présentés actuellement semblent «s’orienter beaucoup plus vers la réorganisation interne du pouvoir que de permettre à l’Algérie d’accéder à des profonds changements». Il estimera que «jamais l’Algérie n’a connu autant de contestations et face auxquelles le pouvoir continue de s’entêter.

«Le régime algérien, à mon sens, ne veut pas aller en cohérence avec l’histoire mais il préfère la ruse». Ce qui l’amène à dire que le FFS ne compte pas participer aux travaux d’élaboration de la révision de la Constitution. «Ce qui pose problème c’est que la solution se pose en termes bureaucratiques.

Le meilleur moyen pour ne pas régler un problème c’est de lui créer une commission. Le FFS avait fait partie d’une commission chargée d’enquêter sur la fraude électorale de 1990 et à ce jour, le rapport n’a pas été rendu public. Pis encore, il a disparu des assemblées.

C’est un pays où des commissions naissent et meurent sans que les problèmes soient réglés», déplore-t-il avant d’ajouter que «le FFS a choisi d’exister là où la population bouge et non dans des commissions bureaucratiques qui arrangent les intérêts du pouvoir plus que ceux de la population».

Cela étant dit, la révision de la Constitution se fera-t-elle sans le FFS ? «Plutôt, sans le peuple», a-t-il précisé. C’est ce que justifie, ajoute-t-il, « la proposition du FFS d’aller vers une assemblée populaire constituante qui sera l’émanation, pour la première fois, de la population. La première étape est d’instaurer la démocratie et ensuite réviser la Constitution ».

Concernant la loi sur les partis, il a souligné que le problème ne se pose pas en termes de création de nouvelles formations politiques mais d’accorder le droit d’exercice de la politique et la liberté d’expression, ajoutant que « les partis doivent eux-mêmes élaborer cette nouvelle loi ». Sur la loi électorale qui consacre le droit aux femmes de participer en force, M. Tabou considère qu’il est plus judicieux de penser d’abord à l’abrogation du code de la famille.

La représentativité et le choix démocratique doivent être le maître-mot de cette loi. Sur la position du FFS quant aux accusations de certaines parties libyennes selon lesquelles l’Algérie s’est ingérée dans la crise libyenne en envoyant des mercenaires, M. Tabou a souligné que le « silence de l’Algérie au début de la crise n’était pas normal et l’Algérie est loin de se placer en position de donneur de leçons ».

Wassila Ould Hamouda