Quand Karim Tabbou adresse une lettre à António Guterres

Quand Karim Tabbou adresse une lettre à António Guterres

Figure de l’opposition en Algérie, Karim Tabbou, a fait hier samedi, une remarquable sortie médiatique. Le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS), a publié le texte de la lettre qu’il a adressé au secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

Dès le début de la lettre, on devine l’empressement avec lequel Karim Tabbou est passé d’un croquis rapide de la situation mondiale et du réchauffement climatique, à ce qui ce qui se passe actuellement en Algérie, et ce, en transitant par l’Afrique, ou il indique qu’en « deux années, plus d’une dizaine de coups d’état militaires ont été commis dans des pays africains, dans le silence quasi-total de la communauté international ».

Tabou dresse un tableau noir de l’Algérie

Tabbou passe vite donc à « l’exemple de l’Algérie », qui selon lui est « édifiant ». Le politicien justifie notamment sa démarche par « le verrouillage politico-médiatique » qui l’a obligé à  « se tourner vers les organisations et les ONG internationales ». Cette nouvelle direction que prend Tabou tend cependant toujours à « démasquer le pouvoir et ses pratiques » et à dénoncer « les violations massives et sauvages des droits de l’homme dans notre pays », peut-on lire sur la page Facebook de l’opposant démocratique.

Pour Tabbou, « le tableau est sinistre ». Il indique qu’en plus des « milliers de poursuites judiciaires », il y a « des centaines de détenus d’opinion qui croupissent en prison en attente de jugement, des blogueurs et des influenceurs des réseaux sociaux arrêtés dans des conditions rocambolesques ». L’activiste ajoute,  que les Algériens font également face à « des rumeurs d’arrestations colportées par les services du pouvoir pour terroriser les citoyens ».

Tabbou s’insurge, et rappelle que le Hirak, qui a duré « deux ans consécutifs », n’avait pour objectif que de « changer le système de pouvoir et engager le pays dans un processus d’édification d’un État de droit ». Cependant, déplore Tabbou, le pouvoir, « lors de la pandémie de Covid-19, …. n’a pas hésité à imposer une législation scélérate et liberticide, pour interdire toutes les manifestations publiques ». Le même pouvoir, poursuit tabbou, « par la force, la manœuvre et la ruse avec l’histoire, … a fini par réduire l’un des plus beaux et plus vastes pays au monde, riche en ressources naturelles et d’une jeunesse dynamique et extraordinaire, à la misère sociale, à la récession économique et à la paralysie politique ».

Que veut tabou de Guterres ?

Selon Tabbou, « l’Algérien qui ne s’aligne pas sur les options du régime n’est pas à l’abri d’un emprisonnement, d’un contrôle judiciaire ou d’une intimidation des services de sécurité ». Jugeant qu’il s’agit d’une « amère réalité qui ne peut être dissimulée ni par les « représentations diplomatiques officielles », à l’étranger ni par les discours trompeurs et pompeux des dirigeants », Tabbou appelle le secrétaire général de l’ONU à agir.

« Les structures onusiennes sont appelées à ne plus se suffire de rappels que les violations de ces droits sont proscrites en adoptant des résolutions qui ne contraignent pas les pays, au respect de leurs engagements en matière des Libertés et des Droits », écrit Tabbou qui finit par s’adresser directement à Gutteres.

« Il est de votre devoir personnel et du devoir de toutes les instances des Nations Unies d’exercer une pression diplomatique sur les autorités Algériennes, pour exiger d’elles la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d’opinion, injustement incarcérés, ainsi que l’annulation pure et simple des poursuites judiciaires contre les militants et les animateurs politiques, culturels et sociaux », écrit Tabbou.

Pour Conclure, Tabbou plaide pour un retour des « manifestations pacifiques » et ne manque pas de dénoncer « le recours systématique à la répression contre la population ».