Karim Nabi, directeur général de Numidis (Cevital), à “Liberté” “UNO va baisser tous ses prix durant le Ramadhan”

Karim Nabi, directeur général de Numidis (Cevital), à “Liberté” “UNO va baisser tous ses prix durant le Ramadhan”

Dans cet entretien, réalisé en marge de la signature d’une convention avec l’École des hautes études commerciales d’Alger, mardi dernier à Koléa, le directeur général de Numidis, Karim Nabi, révèle l’offensive commerciale que prépare l’enseigne UNO, le leader de la grande distribution en Algérie, en prévision du mois de Ramadhan. Comme il revient sur les objectifs arrêtés à court et à moyen termes par Numidis, une filiale de Cevital, qui s’attelle à devenir, dès 2022, un pôle d’excellence dans le marché de la distribution et de la consommation.

Liberté : Nous sommes à deux semaines du Ramadhan. Est-ce que vous avez prévu une campagne en direction des clients, notamment sur les produits de grande consommation, d’autant qu’on assiste à une flambée des prix sur le marché, à l’instar de la viande ?

Karim Nabi : Absolument. Comme tous les ans, nous avons une campagne promotionnelle très forte en direction des clients des hypermarchés UNO. Elle est essentiellement focalisée sur tous les produits prisés en cette période de grande consommation et qui touchent des produits que les ménages algériens demandent et cherchent en priorité en ce mois sacré. Bien entendu, ce sont tous les produits alimentaires qui seront touchés par les promotions, y compris les viandes. D’ailleurs, je profite de cette occasion pour préciser que, contrairement aux pratiques du marché depuis des années, nous n’augmenterons pas les prix de la viande pendant le Ramadhan. Au contraire, UNO baisse ses prix pour permettre au consommateur d’accéder à ces produits. Après, la campagne de promotion touchera aussi tous les équipements de la maison, en particulier la vaisselle, le matériel de cuisine et les accessoires. D’autant qu’en cette période, les ménages aiment renouveler leur matériel. Et là, UNO a pensé à une campagne promotionnelle offensive pour répondre à tous ces besoins. Je rappelle que nous venons de sortir d’une campagne d’anniversaire, à savoir les 10 années d’UNO (2007-2017-ndlr) pour enchaîner sur une autre grosse campagne qui est celle du Ramadhan.

UNO a développé son réseau de grande distribution pour toucher le maximum de clients. Qu’en est-il justement du développement des hypermarchés UNO et des points de vente de proximité ?

Comme vous le savez, UNO a ouvert cinq hypermarchés à Alger, Bouira, Aïn Defla, Mostaganem et Sétif. Nous avons deux supermarchés et une dizaine de magasins de proximité, c’est-à-dire des magasins UNO en petits formats et qui sont tous complémentaires. C’est dire qu’UNO a l’avantage d’avoir la vocation multiformat. Ensuite, nous avons les relais autoroutiers sur les surfaces de Naftal en l’occurrence et qui répondent également à des besoins très spécifiques, comme les cafétérias et les magasins de proximité. Mais, nous avons d’autres projets ! Chaque année, nous ouvrons une dizaine de magasins. Pas de supermarchés, car ce sont des cycles plus longs à développer contrairement aux petites surfaces. Cela dit, en 2018, nous ouvrirons deux nouveaux supermarchés à Oran et à Alger. De toutes les façons, la grande distribution a besoin d’une taille critique pour que le modèle soit vertueux afin d’offrir de la compétitivité à nos clients, de présenter une expérience d’achat et un choix en qualité. C’est là que nous pourrons dérouler le business modèle. Aujourd’hui, nous sommes à 40 000 m2 de surface de ventes. Dans dix ans, c’est-à-dire en 2027, nous allons passer à 300 000 m2 de surface de ventes. Car, nous sommes dans le défi d’offrir à l’ensemble du pays la possibilité d’accès à un niveau de consommation modèle. Aussi, nous passerons de 2 000 employés en 2017 à 10 000 emplois directs en 2027. C’est cela les gros projets et c’est cela la taille critique de la grande distribution.

On assiste à l’émergence de grandes surfaces semblables aux concepts de supermarchés. La grande distribution pourra-t-elle se développer rapidement en Algérie à travers l’expérience de Numidis ?

Je pense que la grande distribution a un avenir énorme en Algérie et pour plein de raisons. Il y a le sens du développement économique dans le monde. Il est établi qu’il n’y a pas d’économie sans la grande distribution. Même si celle-ci est insuffisante, elle est nécessaire. Parce qu’elle structure la consommation, éduque le consommateur, offre un choix de produits compétitifs, la qualité, la sécurité et l’hygiène alimentaire. Comme elle contribue à lutter contre l’érosion du pouvoir d’achat en offrant de la compétitivité sur les produits de large consommation et de bazar, les promotions et l’expérience d’achat. D’autres facteurs contribuent également au développement de la grande distribution, comme l’animation des zones urbaines. C’est aussi un vecteur de recettes fiscales importantes pour le pays et un vecteur d’emplois. À plus forte raison, avec la baisse du prix des hydrocarbures, l’Algérie ne pourra plus maintenir un modèle économique basé sur la rente. Il va bien falloir que l’économie se lance dans la création de valeur ajoutée, aussi bien avec la production industrielle que les services de l’agro-industrie. Ensuite, la grande distribution en Algérie ne représente que 4% de parts de marché. C’est un taux incomparable avec la Tunisie (25%) et le Maroc (30%). En revanche, je ne pense pas que la grande distribution arrivera à 90%. Ce n’est pas souhaitable non plus. Car, nous n’avons pas les mêmes spécificités que les marchés européens. C’est important que la distribution traditionnelle subsiste. Mais, avec 30% de parts de marché, la grande distribution apportera de la valeur ajoutée et incitera le marché traditionnel à mieux s’organiser en terme de compétitivité, de sécurité et d’hygiène alimentaire et à hausser son niveau d’exigence. Donc, il y a du potentiel et de l’avenir.

UNO vient d’ouvrir les portes aux jeunes universitaires, à savoir les étudiants en commerce, qui pourront profiter des opportunités offertes par Numidis. Quels attendus avez-vous définis pour cette démarche ?

Nous avons signé une convention avec l’École des hautes études commerciales d’Alger à Koléa et je pense qu’il y a deux objectifs essentiels. Le premier, c’est la nouveauté du secteur de la grande distribution qui est encore méconnu par les consommateurs et la population active du pays, à commencer par les étudiants. Il s’agit de faire découvrir de manière synthétique ce domaine et de susciter des envies et des curiosités, peut-être même des vocations. Parce qu’il s’agit d’une activité très riche et dynamique. Autour de la grande distribution gravitent plus d’une centaine de métiers et d’activités. C’est un secteur riche en carrières professionnelles et en métiers d’avenir. La deuxième est directement liée avec la convention signée avec cette prestigieuse école. Il s’agit de pouvoir offrir à l’école un partenariat avec une entreprise privée qui lui permet d’obtenir des stages pour les étudiants. Dans les écoles de commerce, les étudiants ont besoin de ces stages pratiques et cela permet à ces établissements d’envoyer régulièrement des stagiaires pour mettre à jour leurs connaissances et leur savoir. Pour nous, cela permet, en amont, de former des étudiants à notre activité. Cela permettra à ceux qui voudraient se lancer dans cette activité de nous rejoindre en ayant déjà une partie de la formation et du savoir-faire avec nous, mais surtout connaître les rouages du métier. L’objectif final, c’est de placer le capital humain au cœur du métier. Du coup, nous aurons affaire à des têtes bien faites, opérationnelles et efficaces.