Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a estimé, jeudi à Bruxelles, que les programmes phares développés par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à travers notamment, les projets d’infrastructures dans le plan d’action de l’Union africaine et le plan intégré pour le développement de l’agriculture, « offrent des perspectives de coopération et de partenariat mutuellement avantageux », pour l’Union européenne et pour l’Afrique.
« Il est attendu des partenaires de développement de l’Afrique, notamment l’UE, de contribuer, au côté des Etats africains, à traduire ce plan ambitieux dans les faits », a déclaré M. Djoudi dans un discours prononcé au Forum de Crans Montana à Bruxelles sur « L’Afrique après le G20 de Pittsburgh et Londres: les nouveaux paramètres économiques ».
« C’est dans ce domaine que l’UE pourrait intervenir pour fournir à l’Afrique les ressources nécessaires d’agir et lui permettre de mettre en valeur ses ressources et ses capacités », a précisé le ministre qui a rappelé que l’Afrique « dispose de ressources naturelles et intellectuelles pour mener à bien cette mission, et qu’il ne lui manque que l’appui financier et technique pour se construire ».
Après avoir souligné que depuis quelques années, beaucoup de progrès ont été enregistrés en Afrique notamment en matière de croissance économique, il a affiché son optimisme en soutenant que la reprise de la croissance en Afrique à partir de 2010 « constitue un signal positif et laisse présager de perspectives prometteuses pour la croissance mondiale ».
A cet égard, il précisera, néanmoins, que « le chemin à parcourir par l’Afrique pour parvenir au développement durable est encore long », tout en estimant que, pour sa part, « les relations entre les institutions européennes et l’Afrique doivent s’inscrire dans la perspective d’une démarche favorisant l’investissement, la croissance économique et le développement durable ».
Plus concrètement, M. Djoudi a souhaité que l’UE aide l’Afrique à attirer des investissements africains et étrangers et à mettre en oeuvre des politiques favorisant la croissance économique.
Il lui a également demandé de faciliter le renforcement des capacités et le transfert de l’expertise en Afrique pour la réalisation de projets d’infrastructures en accordant une attention particulière aux initiatives régionales.
Il a aussi plaidé pour qu’elle appuie ce continent dans les efforts qu’il déploie pour faire avancer l’intégration économique régionale et pour développer le commerce extérieur, et pour qu’elle accentue son aide dans la lutte contre le phénomène de la pauvreté.
« Il est clair que l’Afrique ne peut, à elle seule, venir à bout de ses problèmes. La responsabilité de la communauté internationale est clairement engagée pour aider ce continent à assurer son développement économique et à honorer l’engagement auquel il a souscrit pour atteindre les OMD, et ce, bien entendu à un coup acceptable pour le développement », estime-t-il.
Il a, à cet égard, exprimé sa conviction, que « l’UE, proche voisin de l’Afrique et partenaire de longue date de cette dernière, est bien placée pour mieux identifier les besoins d’assistance et son aide à ce continent pour impulser son développement durable et partager ensemble de la croissance ».
A ce sujet, il indiquera qu’au plan de soutien en direction de certains pays africains, l’Algérie, en dépit du fait qu’elle soit à revenu intermédiaire, « a consenti des efforts en accordant des aides humanitaires concrétisées sous différentes natures orientées principalement vers des actions de luttes contre la pauvreté, à travers des subventions financières non remboursables, des dons en produits alimentaires et d’opérations d’allègement et de réaménagement de la dette que l’Algérie détient sur un certain nombre de pays ».
Mettant, par ailleurs, en exergue le fait que ce continent, qui affronte la pauvreté, les maladies et l’insuffisance d’infrastructures socio-économiques, évolue dans un environnement international marqué d’une instabilité significativement induite par les politiques des pays développés, le ministre soulignera que « la crise financière puis économique résultant de choix de politiques économiques et monétaires propres aux pays développées a traduit pour tout un continent une diminution de flux extérieurs et de flux d’IDE, un renchérissement des coûts de financement et en dernière instance une revue à la baisse des plans de développement ».
« Dans ce contexte où l’Afrique s’évertue à sortir de son sous-développement, ou sa responsabilité dans l’origine de la crise n’est pas engagée, se doit d’être prémunie par des systèmes de compensation et l’UE, comme partenaire privilégié, doit la soutenir », a estimé M. Djoudi.
Pour lui, « en tout état de cause, le partenariat avec l’UE devrait en dernière instance traduire des flux d’IDE productifs et à fort potentiel de transfert technologique pour asseoir une croissance durable, bâtie sur des économies diversifiées, réduisant la dépendance des pays africains de revenus provenant des matières premières.
Ceci la mettra à l’abri des fluctuations conjoncturelles des marchés mondiaux qui ne s’expliquent pas toujours par des considérations économiques ».
Enfin, M. Djoudi a souligné qu’en renforçant leurs capacités propres et en développant un partenariat solide, l’Afrique et l’UE « contribueraient à l’instauration de nouveaux équilibres internationaux, nécessaires à la stabilité et à la prospérité partagée dans le monde ».