Karim Djoudi, « L’abaissement des dépenses d’équipement menacerait la croissance et détruirait l’emploi »

Karim Djoudi, « L’abaissement des dépenses d’équipement menacerait la croissance et détruirait l’emploi »

Le ministre des Finances algérien a estimé, dans une interview à l’APS, que la prudence recommandée dans la gestion de l’argent public ne signifiait pas une baisse prochaine des dépenses d’équipement du pays. Il a appelé les banques à jouer leur rôle dans la stimulation de la croissance hors-hydrocarbures.

Tout en réaffirmant la volonté du gouvernement de mener une « politique budgétaire prudente », le ministre des Finances Karim Djoudi a écarté, dans une interview à Algérie Presse Service (APS), l’éventualité d’un abaissement des dépenses d’équipement de l’Algérie: « En l’l’état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d’équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l’emploi et réduirait le pouvoir d’achat des citoyens. »

Le défi, a estimé le ministre, est la préservation de « l’équilibre budgétaire à moyen terme sur la base d’un prix acceptable du baril de pétrole permettant à la fois de sauvegarder les intérêts des générations futures tout en stimulant la croissance économique ». Ce « prix acceptable », suffisant pour équilibrer le budget, se situe, d’après lui, autour de 71 dollars le baril alors que les cours internationaux de l’or noir dépassent les 111 dollars. Se montrant rassurant sur l’état des finances de l’Etat, il a expliqué que le déficit du Trésor en prévision de clôture pour 2013 enregistrait un « repli substantiel (par rapport à 2012, Ndlr) pour s’établir à 1.138 milliards (mds) de dinars pour un prix d’équilibre situé à 71 dollars le baril ».

M. Djoudi a donné quelques indications sur l’état des finances publics et les « résultats positifs déjà réalisés » dans leur gestion. Cette gestion a-t-il dit, a permis de consolider le solde du Fonds de régulation des recettes (FRR), passé de 171,5 mds de DA (4% du PIB) en 2001 à 2.931 mds de DA (34% PIB) en 2006 pour arriver à 5.634 mds de DA (35%) en 2012. Elle a également permis, a-t-il ajouté, de réduire le ratio de la dette publique intérieure par rapport au PIB de 23,6% en 2001 à 8,3% en 2012 et de faire baisser la dette extérieure de 18,1 milliards de dollars en 2001 à 402,5 millions de dollars en 2012, soit de 33,1% du PIB à 0,2%.

Les banques et la croissance hors-hydrocarbures

M. Djoudi a souligné que l’accroissement des dépenses publiques ne venait pas uniquement des revalorisations salariales décidées par le gouvernement mais aussi des « charges récurrentes générées par la réception des nouveaux équipements publics réalisés dans le cadre des programmes d’investissement engagés depuis 2001 ». Il a expliqué l’explosion de la facture des importations (46 milliards de dollars en 2012 hors services) par la hausse des investissements publics et privés et une forte demande de consommation locale. Répondant aux critiques selon lesquelles l’institution, en 2009, du Crédit documentaire (Credoc), comme moyen de paiement des importations a gonflé les importations au lieu de les réduire, il a jugé que cette décision n’était pas destinée à réguler les volumes importés mais à assurer la « traçabilité financière des opérations du commerce extérieur ».

Pour rappel la loi de finances de 2013 a prévu 2.544,2 milliards (mds) de DA, soit 33,5 milliards de dollars, de dépenses d’équipement, en baisse de quelque 10% par rapport aux dépenses prévisionnelles de 2012. Elle prévoit aussi un déficit budgétaire de près de 19% du PIB. La dépense sociale budgétisée représenterait, selon des experts, presque un quart du budget et 13% du PIB national et atteindraient les 30% du PIB si l’on incluait les subventions non budgétisées (produits énergétiques, etc.)

M. Djoudi a estimé, dans ses déclarations à l’APS, que la stimulation de la croissance économique hors hydrocarbures (une moyenne de 6%/an pour la période 2001-2012) incombait aux banques: « Les banques jouent un rôle primordial en accompagnant les acteurs véritables de la croissance que sont les entreprises créatrices de richesse et d’emploi. » Et de rappeler la « contribution décisive » apportée par les pouvoirs publics aux banques publiques en confortant leur assise financière. »