Le ministre des Finances, Karim Djoudi, affirmait, avec l’aplomb que requiert pareille circonstance, puisqu’il venait d’inaugurer le siège de l’Office central de répression de la corruption (OCRC), à Hydra, que «les autorités algériennes sont déterminées à mener une lutte sans merci contre la corruption qui ronge l’économie nationale», tout en appelant «les citoyens et les responsables à tous les niveaux à participer activement à cette démarche».
Selon le ministre des Finances, « les hautes autorités du pays, et à leur tête le président de la République, sont déterminées à mener une lutte contre la corruption sous toutes ses formes et ne ménageront aucun effort pour y parvenir ».
Présageant d’une moue sceptique que feraient les citoyens à la lecture de pareille déclaration, Karim Djoudi précise que « cette lutte est loin d’être conjoncturelle mais représente une action permanente », parce que, justement, « la corruption est un crime préjudiciable pour l’argent public et pour l’économie nationale et nécessite le développement de nouveaux mécanismes de répression, confortés par les efforts internationaux en la matière, d’où l’importance de l’OCRC ».
Djoudi a affiché sa confiance concernant « la capacité de l’office de traiter les dossiers (de suspicion de corruption) avec rigueur et professionnalisme », tout en promettant de le doter de tous les moyens nécessaires pour accomplir convenablement ses missions. Toutefois, la clé de la réussite demeure la mobilisation de tous : »Pour réussir un tel challenge, les citoyens et les responsables à tous les niveaux doivent être vigilants pour pouvoir dénoncer tout dépassement touchant à l’argent public ».

Après la fin de mission programmée de la Cour des Comptes, dont on n’a vu aucune bribe d’enquête ou de résultat d’enquête, l’OCRS va activer aux côtés des autres structures spécialisées dans la lutte contre la corruption en Algérie. L’OCRC a été créé en 2011, mais n’est devenu fonctionnel qu’à partir d’hier. Témoigne-t-il de « la ferme orientation de l’Etat à lutter contre ce fléau» ? Est une «réponse à l’opinion publique nationale et internationale et une preuve que l’Etat algérien est déterminé à combattre la corruption», comme le prétend le ministre ?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais il y a urgence à donner du crédit à la guerre contre la corruption. Le temps presse, et l’Etat n’aura pas encore le temps de faire des manœuvres, et encore moins de tergiverser au sujet des gros dossiers de corruption en suspens. Le compte à rebours à déjà commencé..
Annane Imad-Eddine