Kamel Zaït, journaliste à France 24 : «Les policiers m’ont tabassé avec leurs matraques»

Kamel Zaït, journaliste à France 24 : «Les policiers m’ont tabassé avec leurs matraques»
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Le journaliste correspondant de la chaîne France 24 en Algérie, Kamel Zaït, a été agressé samedi 26 février par des policiers alors qu’il couvrait la marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNC). DNA a recueilli son témoignage et publie le communiqué du SNJ dénonçant cette agression.

« Je me trouvais à proximité du siège de l’APC de la Casbah, en marge de la foule des manifestants. J’avais entre les mains le micro avec dessus, le logo de la chaîne France 24. Un premier policier, puis un deuxième me demandent de circuler. En déclinant ma profession, ils me laissent travailler. Mais un troisième policier ne veut rien comprendre. Malgré mes explications, il insiste pour que je quitte les lieux.

Il commence à me pousser avec son bouclier, mais je refuse de quitter les lieux. Je suis journaliste, je fais mon travail comme lui fait le sien. Il n’a pas d’ordres à me donner.

Deux de ses collègues se sont joints ensuite à lui et les tous trois me chargent de plus en plus violemment. Ils m’assènent des coups de matraques. Je porte des blessures au niveau des jambes.

Heureusement, un de leurs supérieurs est intervenu pour leur demander d’arrêter de tabasser et de me laisser travailler. Le même responsable m’a ensuite demandé des excuses.

Plus tard, j’ai reçu des appels téléphoniques de la part de plusieurs responsables et même du cabinet du ministère de l’Intérieur qui se sont tous excusés du comportement des policiers.

Les responsables du ministère de l’Intérieur m’ont assuré qu’ils allaient ouvrir une enquête à ce sujet

Franchement, je ne comprends pas cette attitude de la part des policiers. J’avoue que d’habitude, nous travaillons le plus normalement du monde moi et mon équipe. D’habitude, nous n’avions même pas besoin de montrer nos cartes professionnelles

Le logo de la chaîne sur la caméra et le micro suffisaient pour qu’on nous laisse travailler normalement.

Communiqué du SNJ (Syndical national des journalistes)

Notre confrère Kamel Zaїt, correspondant à Alger de la chaîne française France 24, a fait l’objet d’une scandaleuse agression perpétrée par des policiers en uniformes qui se sont rués sur lui alors qu’il accomplissait son travail, la couverture de la marche organisée samedi le 26 février 2011 à Alger par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie. Ce comportement de voyous est absolument inacceptable.

Le syndicat national des journalistes condamne cet acte ignoble, ses auteurs et ses commanditaires. Le Syndicat exige, par ailleurs, des sanctions immédiates et exemplaires à l’ encontre des policiers agresseurs et appelle les plus hautes autorités du pays à mettre fin à ces pratiques qui tendent à se banaliser.

Casser du journaliste est devenu un défouloir pour les troupes répressives d’un Pouvoir qui n’oublie jamais ses réflexes, en interne, lui qui cherche à se parer d’un vernis de démocratie, en externe.

Ces agressions physiques et morales contre les journalistes ne sont, en outre, que l’aspect apparent d’un dispositif répressif d’ensemble écrasant la presse algérienne depuis 1999. La chape est tellement étouffante que l’exercice de la profession de journaliste, selon les normes universellement connus, relève plus de la bravoure dans l’Algérie de nos jours.