Dans cette interview, parue dans les colonnes de L’Éco (N°108 / du 16 au 31 mars 2015), le PDG des Laboratoires Vénus, une entreprise algérienne spécialisée dans la production de produits cosmétiques et de beauté, revient sur les réalisations de sa société durant l’exercice écoulé. Kamel Moula évoque également les résolutions que se fixe Vénus pour l’année 2015, dont l’axe de l’exportation qui s’impose désormais en métier entier chez cette entreprise.
L’Eco : L’année 2014, était-elle bonne pour les Laboratoires Vénus ?
Kamel Moula : L’année 2014 était bonne pour Vénus. Nous avons eu une croissance de 8% du chiffre d’affaires. Nous marquons ainsi une évolution constante de 8 à 9% depuis maintenant plusieurs années. C’est le fruit d’un effort consenti par toute l’équipe de Vénus. L’entreprise a toujours placé le facteur humain dans l’axe central de son développement, en investissant davantage chaque année dans la formation de ses effectifs. Vénus est également une entreprise qui a depuis toujours investi dans la recherche et développement à même d’offrir des produits de qualité qui répondent aux attentes des consommateurs algériens. C’est ce qui nous différencie éventuellement des produits importés qui sont de tendance généraliste, tandis que les produits Vénus sont adaptés aux attentes de nos consommateurs, à notre culture, mais aussi aux spécificités liées au climat et au genre humain de la région. C’est, en un mot, le secret de notre réussite.
Quels sont les montants investis par votre entreprise dans la recherche et développement ?

Nous faisons essentiellement de l’adaptation des produits aux spécificités du marché algérien. Nos intrants sont importés essentiellement des pays européens et auprès de fabricants et leaders mondiaux de parfumerie et produits de beauté. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires mondiaux pour être réactifs par rapport à l’effet mode qui s’installe maintenant dans l’industrie du cosmétique.
Les importations de produits cosmétiques, souvent contrefaits, sont-elles une menace pour l’entreprise ?
Les produits contrefaits importés ne sont point une menace pour l’entreprise. Bien au contraire. C’est aux travers des méfaits de la contrefaçon que le consommateur algérien s’est réorienté vers le produit algérien. Un produit algérien est sûr et contrôlé en amont. En industrie cosmétique et en d’autres secteurs, si un produit algérien s’avérait mal fait en aval, le consommateur a une adresse du producteur. Ce n’est pas le cas du produit importé. C’est à nous après, entreprise, patronat et institutions de l’Etat, de sensibiliser le consommateur sur le danger des produits contrefaits, souvent importés. Il faut, au bout de la chaîne, arriver à dire « il faut consommer algérien ». Il y va de la pérennité de notre appareil de production, des postes d’emplois et des richesses que créent nos entreprises algériennes. Il y a une campagne qui se prépare à ce sujet ; « consommer algérien », au niveau du ministère du Commerce. C’est une bonne initiative qui nous réjouit et qui valorise le « made in Algeria ». Il y a une prise de conscience quant à l’importance de valoriser le produit algérien afin de limiter les importations et rééquilibrer la balance des paiements.
Quels sont vos objectifs pour l’année 2015 ?
Notre premier objectif pour 2015 étant de maintenir cette croissance amorcée depuis maintenant plusieurs années. Nous visons aussi le redéploiement de l’entreprise sur le marché international. Il est vrai que Vénus faisait de l’exportation, mais nous ne sommes pas occupés de cette question dans ses détails, en tant qu’axe stratégique du développement de l’entreprise. Il est clair que le marché algérien est très important pour nous et que la concurrence est rude sur ce même marché, nous ne pouvions donc laisser notre place vide et aller vers d’autres marchés.
Aujourd’hui, Vénus a une assise assez solide sur le marché algérien, nous allons continuer à renforcer cette assise, mais nous sommes en train de mettre les moyens aussi pour aller vers d’autres marchés à très fort potentiel. Nous allons également mettre des moyens à même de spécifier les produits et les adapter aux différents marchés que nous comptons pénétrer. Les spécificités du marché de l’Afrique noire, à titre d’exemple, ne sont pas les mêmes que celles du marché algérien. Les attentes des consommateurs ne sont pas non plus les mêmes. D’ici la fin de l’année en cours, je pense que nous arriverons à répondre aux spécificités du marché africain. Nous exportons déjà vers la Syrie et nous comptons renforcer notre présence sur ce marché. Nous avons également des marchés sur lesquels nous envisageons nous implanter, dont la Tunisie et le Maroc.
Les capacités de production de votre entreprise sont-elles en mesure de suivre les ambitions à l’international ?
Nos capacités de production augmentent d’année en année. La croissance du chiffre d’affaires devrait générer aussi une augmentation des capacités de production par l’investissement et la hausse des effectifs. Environ 99% de nos bénéfices réalisés sont réinvestis. Nous n’avons pas le droit de reculer. Nous avons aujourd’hui un capital de 1,200 milliard de dinars. Cela témoigne des efforts d’investissement que nous consentons chaque année.
Ali Ben Mohamed