Sept ans après la saisie en 2018 de 701 kilos de cocaïne sur le port d’Oran, le tribunal criminel de Dar El-Beïda près d’Alger doit juger à partir du dimanche 15 juin six personnes, citées dans l’affaire El Bouchi, en référence à son principal accusé, Kamel Chikhi. Promoteur immobilier influent à Alger, l’homme avait élargi ses activités à la très rentable importation de viande, lui valant son surnom d’« El Bouchi », mais aussi au trafic de drogue, selon la justice algérienne.
La justice devrait ouvrir ce dimanche, pour la première fois, le dossier concernant la contrebande de 7 quintaux de cocaïne dissimulés dans une cargaison de viande, découverts à bord d’un navire commercial au port d’Oran à l’été 2018. L’affaire implique notamment Kamal Chikhi, plus connu sous le nom de « El Boucher ».
Selon l’acte de renvoi, « El Boucher » comparaîtra comme principal accusé dans ce scandale de cocaïne devant la Cour criminelle de première instance de Dar El Beida à Alger. Il sera accompagné de 5 autres accusés. Outre ses deux frères « Chikhi.N » et « Chikhi.M », il s’agit aussi de « M.N », « B. Abdenasser » et « Ch.Rachid ».
L’affaire implique également deux personnes morales : la SARL « Donia Meat » et la SARL « Amazon », spécialisées dans l’importation de viande. Il faut dire que les accusés font face à de lourdes charges. Il s’agit notamment de la gestion, l’organisation et le financement d’un groupe criminel organisé transnational, l »achat, le stockage, l’expédition et le transport illégal de stupéfiants, le blanchiment d’argent par le transfert de biens et de revenus criminels ou encore, l’acquisition et la possession de biens provenant d’activités criminelles.

Ces accusations s’inscrivent dans le cadre d’activités d’un groupe criminel organisé opérant à travers les frontières nationales, avec pour objectif de dissimuler l’origine illicite des fonds.
Affaire de la cocaïne : Les détails de l’enquête dévoilés
Le dossier « cocaïne et El-Boucher » a été transmis par le juge d’instruction de la 9e chambre du tribunal de Sidi M’hamed le 23 mai 2021 au procureur général près la cour d’Alger. Ce dernier l’a ensuite transféré à la chambre d’accusation qui a rejeté, le 30 juin 2021, les demandes de libération de tous les accusés détenus dans l’affaire, avant de décider finalement de renvoyer le dossier devant la Cour criminelle de première instance de Dar El-Beida.
Selon les informations contenues dans le dossier, le propriétaire du bureau de transit chargé des procédures légales pour les importations de viande de la société de Kamel Chikhi, a déclaré lors de l’enquête que le numéro de série du conteneur transportant la cocaïne ne figurait pas parmi les numéros de série enregistrés dans les documents relatifs à la cargaison de viande en provenance du Brésil.
Cette grande affaire de corruption avait connu la saisie de 603 plaques de poudre blanche conditionnées dans 34 cartons pour un poids total de 701 kg, 590 plaques emballées dans du plastique transparent et 13 plaques sans emballage extérieur. Des matériels ont été également saisis et il s’agit de 40 sacs étanches rouges neufs, 15 lampes aquatiques, 2 chaînes métalliques, 2 cordes, 1 batterie pour les lampes aquatiques, 2 bandes adhésives plastiques ainsi que des documents administratifs de l’entreprise suspecte.
Le rapport technique révèle que sur les 6 échantillons analysés, la substance s’est avérée être de la cocaïne solide avec un degré de pureté de 85%. Destinée au commerce de gros, cette drogue nécessite un traitement avant consommation qui multiplie son poids par 10, portant ainsi le poids final potentiel à 70 quintaux.
Enfin, il est utile à rappeler que le ministère de la Défense avait déjà confirmé que cette saisie, réalisée au port d’Oran par les garde-frontières en coordination avec la gendarmerie nationale et les douanes, « représente la plus importante quantité de cocaïne interceptée en Algérie depuis 2012 », année où 165 kg avaient été saisis dans une cargaison de lait en poudre importée de Nouvelle-Zélande.