Kadiria (Bouira): Une commune aux potentialités sous-exploitées

Kadiria (Bouira): Une commune aux potentialités sous-exploitées

Les citoyens de la commune vivent dans la précarité la plus extrême.

En effet, ce chef-lieu de daïra qui compte, selon le recensement de 2016 plus de 25 000 habitants, peine toujours à sortir la tête de l’eau, et ce, en dépit des multiples plans de relance entrepris par les pouvoirs publics. Toutefois, cette paisible commune recèle d’énormes potentialités qui peuvent briser les chaînes de cette précarité présumée sans fin. L’un des nombreux atouts de cette municipalité est sans conteste l’agriculture et plus précisément, celle des arbres fruitiers. En effet, Kadiria offre des terres fertiles, extrêmement propices à la culture des oranges, mandarines, citrons, double fine, Thomson, clémentines, etc. D’ailleurs, c’est à cette activité que s’adonne la quasi-majorité de la population. À ce propos, un agriculteur de la région notera : “Le bon Dieu nous a donné une terre riche et fertile, qui, pour un minimum de travail, nous offre des récoltes très significatives”. Il regrette “l’abandon” par les autorités locales. “Nos terres ne demandent qu’à être cultivées. Néanmoins, pour ce faire, il est impératif que les autorités locales mettent la main à la poche et décident une fois pour toutes d’investir dans la région. Car cette terre a besoin d’être irriguée, entretenue, afin qu’elle puisse livrer ses richesses…”, dira-t-il d’un ton ferme. Et de conclure : “Que l’État se décide à nous donner le coup de pouce nécessaire, et vous verrez le résultat !” Ce témoignage reflète bien la capacité des habitants à se surpasser en matière de production d’agrumes et autres arbres fruitiers, si tant est que le financement suive. Un autre facteur économique qui pourrait tirer cette commune de sa torpeur est celui de l’artisanat.

Cette activité, indissociable à la région et sa culture, semble avoir été complément délaissée par la population. Pourtant, ce segment économique est quasi vital pour la renaissance de Kadiria. Ainsi, l’exemple de la poterie modelée à la main a le plus souvent, un usage domestique et par la même possède un caractère utilitaire (plats à galettes et à couscous, pots à eau ou à sauce, marmite, cruches à eau, etc.). Ces trésors restent méconnus du grand public, du fait que ni les citoyens, encore moins les autorités locales, ne daignent s’y intéresser. Comme l’expliquera cette vieille dame rencontrée au détour d’une étable. “Écoutez, certes on n’a pas fait de grandes études, d’ailleurs pour ma part, je n’ai jamais mis les pieds à l’école. Malgré cela, nos mains peuvent réaliser de véritables prodiges”, dit-elle non sans une certaine fierté avant d’ajouter : “Notre commune ne paie pas de mine de prime abord. Toutefois, il suffirait de peu pour qu’elle dévoile toutes ses richesses et que la population se retrousse les manches… Et ce ‘peu’ ne peut venir que des autorités locales.” Outre l’agriculture et l’artisanat, Kadiria est gâtée par Dame Nature.

Des paysages grandioses, qui peuvent relancer un tourisme moribond. Jugez-en plutôt : végétation luxuriante, vue imprenable sur les monts de Beggas et de Ghadiwa au nord et bordée par les rives de oued Isser au sud. Ce dernier, bien qu’il ait perdu de sa superbe au fil des années, reste un endroit privilégié pour les amoureux de la pêche à la ligne. Cette beauté et féerie à l’état brut pourraient aisément donner naissance à un tourisme florissant.

RAMDANE BOURAHLA