Kadir ne croyait pas en lui

Kadir ne croyait pas en lui
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A dix-huit ans, le milieu algérien limité par sa taille ne pensait jouer qu’en amateur. Dix ans plus tard, il se révèle en L1 à Valenciennes.

C’est l’histoire d’un jeune Franco- Algérien natif de Martigues, qui a échappé aux centres de formation. Fan absolu de Zidane, dont il mimait la technique avec ses potes du quartier, Foued Kadir était à dix-huit ans plus concentré sur l’obtention de son bac STT, que par faire carrière dans le foot. Son père, soudeur de son état, voyait pourtant en lui le joyau d’une famille de quatre enfants, dont trois filles aînées.

«Je rêvais plutôt d’intégrer la police»

«Je jouais encore en promotion honneur, raconte le milieu offensif de vingt-huit ans. Je n’avais pas encore terminé ma croissance. Ma petite taille freinait ma progression. Je rêvais plutôt d’intégrer la police. Mais mon père, qui avait été un bon amateur, se projetait à travers moi. Il voulait que je devienne professionnel.»

Au début des années 2000, Foued Kadir multiplie les essais et convainc partout, du Stade Beaucairois (DH 2001-2002), à l’équipe réserve de Troyes (CFA 2002-2004), en passant par Cannes (N 2004-2007), où il signe son premier contrat fédéral.

«Je pensais que je ne dépasserais jamais le niveau CFA»

«A chaque fois que je grimpais de niveau, ça se passait bien, souligne le milieu nordiste, qui mesure aujourd’hui 1m79 (73kg). Mais je ne croyais pas en moi. Je pensais que je ne dépasserais jamais le niveau CFA. Si je suis arrivé là, c’est donc grâce à mon père, à son éducation stricte et à sa persévérance.» En L2, Ludovic Batelli en fait un titulaire à Amiens (2007-2009), avant que l’adjoint de Philippe Montanier dans le nord, Michel Croin, qui l’avait coaché sur la Croisette, ne le débauche à Valenciennes à l’été 2009, au lendemain de la relégation en Nationale du club picard. A presque vingt-six ans, il découvre la L1.

«Les six premiers mois, l’entraîneur ne comptait pas trop sur moi»

«Les six premiers mois, l’entraîneur ne comptait pas trop sur moi, se souvient Kadir, souvent utilisé par Montanier côté droit, mais c’est ici que j’ai vraiment pris conscience que je pouvais devenir décisif. Avant j’étais un numéro 10 à l’ancienne obnubilé par la passe décisive. Je prenais plus de plaisir à faire marquer les autres.»

«Je dois énormément à la France»

Adolescent, Kadir passait tous ses étés, en famille, dans la région natale de ses parents, à Sétif. L’appel de la sélection algérienne, pour la CAN 2010 en Angola, fut donc pour lui une première révélation, avant qu’il n’honore sa première sélection face à l’Irlande (0-3 le 28 mai 2010), puis il enchaîne trois titularisations convaincantes lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud. «Je suis autant Français qu’Algérien, confie-t-il. Je dois énormément à la France. Mais jouer pour l’Algérie était un rêve. J’en suis vraiment très fier. C’est une façon d’honorer mes racines.»

Il se sent «plus libre» dans le 4-2-3-1

Une fierté prolongée par Vahid Halilhodzic, le sélectionneur des Fennecs l’ayant titularisé face à la République centrafricaine (2-0) le 9 octobre 2011, sur le côté droit. Kadir, revenu d’une rupture des ligaments croisés du genou droit, survenue contre l’OM le 14 aout 2010 (3-2), est aujourd’hui plus épanoui, comme l’attestent ses performances cette saison. En soutien de l’avant-centre dans l’axe, où il inscrit deux buts en L1 en treize titularisations ; dont celui de la victoire, contre le leader Montpellier, samedi dernier (1-0). Il dit se sentir «plus libre» dans le 4-2-3-1 de Daniel Sanchez.

D. Sanchez : «Cette année, Foued doit se projeter dans la surface»

«C’est son meilleur poste, confirme l’entraîneur de VA, club pour lequel Kadir est sous contrat jusqu’en juin 2013. Il peut dépanner sur un côté mais il lui manque de la vitesse. Là, il apporte du liant entre le milieu et l’attaque. Et il est capable de marquer. Il l’a fait à des moments importants la saison passée (quatre buts pour onze titularisations, contribuant au maintien en L1). Cette année, il doit le faire encore plus, en se projetant dans la surface, où 80% des buts sont inscrits.» Mais Foued Kadir n’a-t-il pas déjà trouvé sa place ?

In L’EQUIPE