«Guedioura est un garçon très fort, j’étais dans la même situation que lui, je sais que ce n’est pas évident de surmonter cela, mais je reste certain qu’il va revenir plus fort»
Gravement blessé au genou au début de saison au cours du match qui avait opposé Valenciennes à Marseille, Foued Kadir est soumis, depuis, à un suivi médical soutenu afin qu’il puisse revenir rapidement sur les terrains.
Aujourd’hui, sa rééducation est à un stade avancé. D’ailleurs, c’est en marchant le plus normalement du monde qu’il est venu à notre rencontre hier au stade Nungesser, pour une interview.
Il nous parlera de sa convalescence, de la sélection nationale, de l’Algérie et de son avenir. Ainsi, après avoir été à sa rencontre tandis qu’il était avec des béquilles à Saint-Raphaël, Le Buteur le retrouve alors qu’il est sur pied, en attendant de l’interviewer une nouvelle fois lorsqu’il se remettra à jouer.
Tout d’abord merci de nous avoir accueilli Foued ?
Je suis à votre disposition.
Alors, quelles sont vos nouvelles?
Tout va bien, Dieu merci, depuis que j’ai entamé ma rééducation, ça se passe plutôt très bien. Ça avance bien et je suis en train de bosser avec le kiné du club pour vite me remettre. Non, ça va, tout se passe bien.
Vous ne ressentez plus rien ?
Non, absolument rien pour l’instant. Pas de douleurs particulières. Je ne ressens rien pour l’instant. Dieu merci, ça va de mieux en mieux,
Pouvez-vous revenir sur cette période difficile que vous avez endurée et nous dire quel a été votre sentiment lorsque vous avez appris que c’était une blessure grave ?
Vous savez, c’est très difficile d’accepter. Ça a été dur pour moi d’apprendre que c’était les ligaments croisés et qu’il fallait que je sois opéré. Seulement, après deux trois jours, ça m’est passé. Je me suis dit que c’était le destin et que c’était des épreuves qui interviennent sur notre chemin et qu’on doit surmonter. Et puis, c’est dans des situations pareilles qu’on peut savoir si on est fort mentalement
Vous en voulez au Marseillais Cissé qui vous a causé cette blessure ?
Non, mais ce n’était pas lui. Cissé était certes à côté de moi, mais à aucun moment il m’a touché. Je me suis blessé tout seul.
Mais c’est ce qui a pourtant été dit ?
Ce n’est pas vrai, je me suis blessé tout seul. En fait, j’allais effectuer un appui, puis le genou a tourné et les ligaments ont été touchés.
Vous avez eu droit à un élan de solidarité digne de ce nom, puisque plusieurs de vos camarades en sélection ont tenu à vous encourager à travers leurs déclarations faites au journal Le Buteur, quelle a été votre réaction ?
Ça fait plaisir, énormément plaisir, lorsqu’on est dans une telle situation de constater une telle solidarité, surtout lorsqu’elle provient de vos camarades de la sélection, du staff technique des membres du club (Valenciennes) qui vous appellent. Ça vous donne envie de vous bagarrer et de rester fort mentalement pour justement vite revenir.
Vous avez certainement pensé à vos camarades blessés, notamment à Adlane Guedioura qui n’a pas été gâté par le sort, car lui aussi souffre d’une grave blessure ?
Oui, bien sûr. Je l’ai eu deux ou trois jours après sa blessure pour lui souhaiter un prompt rétablissement. J’étais dans la même situation que lui et je sais que ce n’est pas évident de rester positif, mais Adlane est costaud mentalement, c’est un grand garçon et je pense qu’il va revenir encore plus fort.
Vous avez manqué à la sélection algérie, qu’avez-vous ressenti en voyant vos camarades éprouver des difficultés sur le terrain sans pouvoir leur venir en aide ?
Je ne sais pas si je leur ai vraiment manqué. Mais une chose est certaine, c’est que nous sommes dans une situation délicate, entre guillemets. On a un match important face au Maroc qui aura lieu au mois de mars prochain. C’est une rencontre qu’il faudra impérativement gagner.
Un mot sur cette série de mauvais résultats de la sélection algérienne ?
Pour revenir aux dernières confrontations jouées, on connaît l’Afrique, on sait que ce n’est jamais évident de jouer à l’extérieur face à ces équipes supposées inférieures. Après, en tant que joueurs, on ne voit pas les choses de la même manière que les supporteurs. Sans vouloir chercher des excuses, les conditions de jeu sont parfois déterminantes dans le sort d’un match. L’important, c’est de tout donner, mouiller le maillot et, après, le résultat est ce qu’il est. Voilà !
Quoique l’on comprenne parfaitement votre analyse, mais un professionnel ne peut pas se cacher derrière l’alibi des conditions climatiques, c’est la République centrafricaine quand même, l’Algérie a mal tourné ce jour-là…
C’est sûr, comme je viens de le dire, il ne faut pas chercher des excuses, mais bon, peut-être qu’il n’y avait pas les ingrédients, et peut-être l’envie. Après, je ne sais pas, je n’étais pas sur place. J’étais sur mon canapé et, pour moi, c’est difficile d’en parler comme ça sans vraiment ressentir ce que mes coéquipiers ont enduré.
Vous avez vu le match contre la RCA, selon vous, qu’est-ce qui n’a pas marché ?
J’ai trouvé mes camarades un peu affaiblis. Il n’y avait pas de pèche, ça manquait de puissance et d’énergie. Je ne sais pas si c’est dû à la chaleur ou à l’humidité, mais bon !
Ça pourrait être dû aussi au fait qu’il y a eu un changement d’entraîneur, il n’a pas eu beaucoup de temps pour préparer son équipe…
C’est possible aussi, le changement d’entraîneur, c’est tout ou rien. Si on avait gagné trois buts à zéro, on aurait dit que c’était le coach qui a eu sa touche et quand on perd, on dit que c’est aussi le coach qui n’a pas eu assez de temps
En plus de Kadir, il manquait ce jour-là des titulaires indiscutables de la sélection, à l’image de Matmour, Ziani, Halliche et peut-être bien Guedioura, ça fait cinq absences, peut-on accorder des circonstances atténuantes dans ce cas ?
Oui, c’est certain. Il manquait certains titulaires, mais je pense que les joueurs qui étaient sur place à Bangui sont tout aussi valables, cela est certain. C’était un onze de départ assez costaud avec des joueurs qui évoluent dans de bons championnats en Europe. Bon, il ne faut pas se chercher des excuses, il faut passer à autre chose et oublier ce match.
Sur le plan de la cohésion, ce n’est pas simple, cinq absences, c’est beaucoup, c’est la moitié de l’équipe…
Oui, je suis d’accord, ce n’est pas simple de remplacer des titulaires habitués à jouer plus souvent, mais les joueurs qui ont été alignés sont aussi d’un très bon niveau. Je crois qu’il faudra mieux penser à nous rectifier au lieu de trop s’attarder à vivre avec ce match perdu à Bangui.
Vous semblez très optimiste, comment vous voyez les chances de la sélection dans ce groupe D ?
On possède encore toutes nos chances. Il ne faut rien lâcher. Rien n’est fait, il reste encore pas mal de matchs, et celui du Maroc sera décisif, là on est bien d’accord. Ce qui est sûr et certain, c’est qu’on est toujours en course, il suffit de gagner le prochain duel face aux Marocains à Alger et tout sera relancé.
Justement, les Marocains s’agitent déjà et avancent que l’Algérie sera éliminée chez elle à Alger, c’est-à-dire dès la prochaine confrontation, une petite réaction ?
Écoutez, ils sont en position de force. Ils sont premiers du groupe, ils ont une très belle équipe. Ça aussi, il ne faut pas le cacher. Un grand coach (Eric Gerets) qu’on a connu ici à l’OM où il a effectué un excellent travail. Donc, aujourd’hui, ils peuvent se permettre d’avancer certaines choses, mais la vérité, ce sera sur le terrain. On en parlera le 25 mars.
Connaissez-vous certains joueurs marocains ?
Oui, Je connais Merouane Chamakh, Chrétien, Hadji, mais je ne les connais pas plus que ça, quoi ! C’est une équipe très forte avec de bonnes individualités, donc, ça promet un très beau match.
Et si on revenait sur votre rééducation, ça se passe comment ?
Dieu merci, ça se passe très bien, je travaille tous les jours avec le kiné du club, Baicry Jérôme, et franchement, il me fait très bien bosser. Il sait ce qu’il fait et il me fait vraiment avancer, dans le bon sens du terme.
Donc, on peut espérer vous voir prêt pour le match du Maroc…
Inch’Allah, c’est tout ce que je souhaite en tous les cas. J’espère vraiment être de retour au mois de février-mars et être prêt pour ce match qui attend la sélection contre les Marocains.
Oui, mais on a appris que vous serez prêt pour la fin du mois de décembre ou au plus tard début janvier…
Non, ça ne sera pas possible, je crois que si tout se passe bien et comme prévu,Inch’Allah, je serai prêt pour la compétition, au mois de février.
Parlons de votre club maintenant. Franchement, on fait preuve d’une marque de confiance assez importante en vous renouvelant pour deux saisons, malgré cette énorme blessure aux ligaments ; un petit mot là-dessus ?
Tout à fait. Je dois dire que j’étais en pourparlers avec la direction de mon club, depuis l’année dernière. Il y avait deux ou trois détails à régler concernant les modalités du nouveau contrat à signer qui ont fait que les choses ont un petit peu traîné. Mais bon, tout a été ficelé maintenant et franchement, j’aurais bien aimé renouveler, avant que je ne contracte cette blessure au genou.
Mais le club a fait des efforts considérables pour vous, du moment que vous revenez de blessure ?
Je l’ai d’ailleurs bien dit sur le site du club. Depuis que j’ai été blessé, j’ai bénéficié du soutien de tout le monde : le staff technique, mes coéquipiers et tous les acteurs du club valenciennois. Et puis, lorsqu’on voit que le club affiche sa volonté de me renouveler, ça me booste et me donne fortement l’envie de prolonger.
Quels seront vos défis pour le reste de la saison qui s’annonce chargée ?
Déjà, il faudra revenir à cent pour cent, c’est ce qui compte le plus pour moi. Par la suite, être là présent et utile pour mon club Valenciennes et l’Equipe nationale algérienne, en souhaitant prendre part à un maximum de matchs.
On a appris que beaucoup de clubs voulaient s’attacher de vos services ; vous le confirmez ?
Oui, il y a eu quelques contacts, mais ça n’est pas allé très loin. Après la Coupe du monde, certaines équipes m’ont fait des propositions concrètes. Mais pour l’heure, il n’y a pas de suivi.
Le public algérien, qui suit vos performances, voudrait mieux vous connaître vous l’homme de tous les jours…
Franchement, ce n’est pas facile de parler de soi-même. Mais bon, je vais essayer de vous répondre. Ben voilà, je suis quelqu’un qui ne se prend pas trop la tête, qui aime bien rigoler, qui aime aussi chambrer et puis je suis un homme simple et peut-être un peu réservé.
Quelle est votre qualité principale ?
Je suis humble et je fais tout pour le rester. J’aime bien la simplicité.
Un défaut, juste un petit ?
(Rires) Il y en a plein, comme tout être humain. Mais je ne vais pas les étaler ici sur le journal.
Allez, juste un pour nos lecteurs qui vous admirent beaucoup ?
(Il réfléchit) Un mauvais cuisinier (il éclate de rire).
Vous vous êtes souvent rendu à Sétif, on croit savoir que vous êtes trop attaché à la ville de vos parents ?
C’est cela. Je dois vous faire savoir que j’y vais en vacances depuis que je suis petit. Donc, je connais bien cette ville que j’aime bien. Mes parents sont originaires de Sétif.
Vous êtes donc supporter de l’Entente ?
Ah oui, comme mon père qui est fan de cette équipe depuis plusieurs années.
Un petit peu déçu par le ratage de l’Entente en Champion’s League Africaine ?
Oui, un petit peu, mais cette équipe est régulière dans ses résultats. Elle est souvent parmi les meilleures équipes d’Algérie. Depuis quelques années déjà, l’Entente a élevé son niveau de jeu. Maintenant, des mauvais résultats interviennent toujours, on ne peut pas tout gagner.
Un petit mot sur la performance de la JSK en Coupe d’Afrique qui a battu Al Ismaily et Al Ahly, deux équipes égyptiennes de son groupe ?
Franchement, c’est une excellente performance que celle réalisée par la JSK. Battre deux grosses équipes égyptiennes n’est facile à réaliser, je leur tire chapeau.
Benchikha, l’entraîneur national, qu’on a rencontré à Sochaux samedi, nous a demandé de vous passer le bonjour ; une réaction ?
Déjà, je le remercie par le bais de votre journal, de m’avoir appelé le lendemain de ma blessure contractée contre l’OM. Ça m’a énormément touché. Je vous prie de lui passer le bonjour.
Seriez-vous du voyage au Luxembourg avec la sélection lors du prochain
stage ?
Je ne sais pas trop, mais on verra bien. Si c’est dans une semaine, je ne crois pas trop pouvoir effectuer ce déplacement. Je travaille beaucoup avec le kiné et je ne veux pas trop interrompre mon programme de travail. Rais Mbolhi m’a appelé pour m’inviter à ce match, mais je ne pourrai pas y aller pour des raisons que j’ai citées.
C’est votre pote en sélection, Rais ?
Oui, c’est avec lui que je m’entends parfaitement bien. Après, tous les autres aussi sont mes amis et mes frères. En équipe d’Algérie, on vit comme une vraie famille. J’aime tout le monde, je vais vers les gens et les gens viennent vers moi sans problème donc, il n’y a pas de soucis là-dessus.
Kadir arrière droit, il se sent bien ?
(Il rit franchement), Comme je l’ai déjà dit, je reste à la disposition de la sélection. Si on me demande de jouer gardien de but, je le ferai sans problème. C’est un devoir. Car je pense que lorsqu’il s’agit de défendre le maillot national, je dois être prêt à tous les sacrifices et jouer avec le cœur pour représenter dignement les couleurs de son pays.
Quel est votre poste de prédilection ?
Mon poste préféré, c’est celui qu’on m’attribue à Valenciennes, Milieu de terrain axial relayeur, un numéro 8 ou 10 à l’ancienne.
En sélection, êtes-vous capable de postuler à une place ?
Oui, bien sûr que je suis capable, je n’ai pas peur de la concurrence. Maintenant, il y a un coach qui est là pour mettre son équipe en place, et c’est à lui de voir là où je dois être utilisé.
C’est un peu votre faute, Foued, vous sortez des grands matchs à droite…
(Il rigole encore) Oui, c’est vrai, en Coupe du monde, ça s’est super bien passé et quand ça marche bien, le coach n’a pas de raison de changer. Après, c’est à lui de faire ses choix.
Vous donnez rendez-vous au peuple algérien pour quand ?
Ce sera inch’Allah pour le grand derby contre les Marocains à Alger.
Une victoire face au Maroc fera oublier aux fans algériens tous leurs malheurs ; vous le savez, ce n’est pas l’Egypte, mais c’est un rival aussi, le Maroc ?
Je le sais parfaitement. Ça va être chaud, et je sais qu’une victoire face à notre rival maghrébin fera énormément plaisir aux fans algériens. C’est pourquoi je tiens vraiment à jouer ce match face au Maroc.
Franchement, ça a été un plaisir de vous interviewer, car certains m’ont mis en garde en me disant de ne pas me risquer avec vous. Mais là, on découvre quelqu’un de charmant et très sympa…
Non, c’est peut-être parce que je suis tranquille et que je ne parle pas trop, voilà tout. C’est facile de juger les gens, mais moi je demande d’abord qu’on me connaisse, avant de porter un quelconque jugement sur ma personne.
Un dernier mot pour les fans ?
Je leur demande de continuer à nous encourager. Je leur dis de ne pas perdre espoir. Pour notre part, on fera tout pour les combler de joie et arracher la qualification.