Quand il a débarqué en équipe nationale, Vahid Halilhodzic a mis tous les joueurs sur un pied d’égalité. Il n’a pas pris en compte le passé des joueurs en EN.
Il est venu avec une seule idée en tête, celle d’ouvrir une nouvelle page avec la sélection algérienne abattue par une élimination de la CAN 2012 et le cuisant revers de Marrakech. En cours de route, Vahid découvre au fur et à mesure les nouveaux joueurs, deux d’entre eux ont fini par l’impressionner par leur professionnalisme et leur comportement en groupe. Foued Kadir et Mehdi Lacen répondent parfaitement aux exigences du haut niveau.
Le coach des Verts a insisté depuis qu’il est en poste sur le fait que le football se joue au présent. Ni le passé du joueur ni encore moins son futur ou ce qu’il pourra donner dans deux ou trois ans ne compteront pour lui. C’est la forme actuelle, ce que le joueur peut lui donner dans l’immédiat qui est important.
«Pas de cadres, pas de locaux et pas de stagiaires avec moi…»
Le débat sur «les joueurs cadres» et les joueurs ordinaires a fait couler beaucoup d’encre. Le Bosniaque donnait l’impression d’un entraîneur qui veut éliminer les joueurs qu’on présentait comme «les intouchables» ou les cadres. Mais après quelques mois, on s’est aperçu que le but du sélectionneur était de mettre tout le monde sur le même pied. Il ne voulait pas qu’un joueur reçoive un traitement de faveur parce qu’il est ancien ou qu’un autre soit marginalisé parce qu’il évolue dans le championnat algérien. Son objectif principal était d’installer une concurrence loyale. «Seul le terrain tranchera. Seul le travail payera et seule la performance pèsera dans la balance. Si tu es bon, tu seras là, sinon, tu resteras chez toi…», disait Vahid Halilhodzic à ses joueurs et devant la presse. Son discours avait du mal à passer au début, mais à partir du 3e stage, tout le monde semblait content et convaincu par la méthode de Coach Vahid : «Je sais que si je suis bon, je serais convoqué… La concurrence ne me fait pas peur… avec moi ou sans moi, l’essentiel est que l’équipe gagne…» C’est à cela que ressembla le discours des joueurs après le match de la Centrafrique.
Lacen, le premier à taper dans l’œil du coach
Le travail d’observation a commencé à Marcoussis. Vahid, d’un œil très observateur, suivait de loin le comportement des joueurs : le geste, la parole, le réflexe, la remarque… tout était étudié. Dans l’une de ses interviews accordées, il fera cette confidence : «Je reste loin des joueurs et je remarque leur comportement. Je vois qui discute avec qui, qui est proche de qui, qui est heureux, qui est content, qui est préoccupé. Qui est timide, qui est sociable… Je vois tout…» Le premier qui a tapé dans l’œil du coach était Mehdi Lacen. Le joueur de Getafe discutait avec tout le monde, ne faisait partie d’aucun groupe. Ponctuel, sérieux, humble, il passe presque inaperçu. Ce sont-là ses principales qualités. Son agressivité, sa méchanceté et sa hargne, il les montre sur le terrain. En effet, Mehdi est agressif, combatif et joue tous les matchs avec le même sérieux et la même volonté. Il était aux yeux du coach le joueur professionnel par excellence.
Kadir, le joueur parfait, selon Vahid Halilhodzic
En ce qui concerne les qualités footballistiques, un seul joueur s’est distingué lors de ce match. C’était Mourad Meghni. Lors du match d’application, Mourad était tout simplement époustouflant. Les autres joueurs ont été moyens ou faibles. Seulement, l’objet de ce stage n’était pas de juger les joueurs sur leurs qualités physiques. Le plus important était le problème psychologique, les clans qui commençaient à se former et le moral des troupes qui était au plus bas. Il a fallu donc attendre le match de la Tanzanie. Malheureusement, ce match n’avait servi qu’à éliminer certains joueurs. Aucun autre joueur ne s’est distingué, si ce n’est Mehdi Lacen qui a confirmé ce que pensait de lui son coach. Vahid a donc remis ça au match de la Centrafrique. Et là contre toute attente, un joueur fera parler de lui : Fouad Kadir. Pour Vahid, il est complet.
Titulaire dans son club, discipliné, polyvalent, il attaque, défend et marque des buts…
Le sélectionneur national aurait confié à l’un de ses proches que Kadir était le genre de joueur qu’il aime. «Kadir sait défendre, jouer au football, attaquer et marquer des buts. C’est un milieu de terrain complet.» Le numéro 7 de Valenciennes a prouvé lors de la Coupe du monde (Vahid a revu tous les matchs) qu’il avait une grande culture tactique. En plus du fait qu’il défende bien et remplisse son rôle de défenseur convenablement, Kadir aidait beaucoup les attaquants et n’hésitait pas à monter dès que l’occasion se présentait à lui. Il a de bonnes bases, sa technique lui permet de jouer à n’importe quel poste sans aucun problème. Vahid l’a fait jouer comme milieu gauche. Encore une fois, il s’est montré efficace. Il a marqué deux buts en seulement deux matchs. Côté discipline, Kadir est ce qu’il y a de plus exemplaire. A l’image de Mehdi Lacen, c’est le genre de joueur qui ne pourrait jamais être mêlé de loin comme de près à un conflit. Il s’entend avec tout le monde et n’a de problème avec personne. Même le personnel de l’équipe nationale l’apprécie beaucoup. Son meilleur ami est Raïs Mbolhi, un autre joueur réservé qui ne s’occupe que de ses affaires. Vahid aurait confié «qu’il aimerait que tous ses joueurs soient comme Kadir». Si on fait une petite comparaison entre Kadir et Lacen, on trouvera que ces deux joueurs ont plusieurs points communs. Ils jouent dans le haut niveau, ils sont titulaires, réguliers, disciplinés, réservés, ils ont une forte personnalité… Que de bons points communs… ou presque. A. B.