L’un des pionniers du tourisme algérien, en l’occurrence Kadi Mohammed Seghir, dit Kiki, a tiré sa révérence lundi dernier, à l’âge de 64 ans, à Annaba. Diplômé de l’École de tourisme de l’Aurassi (1980-1982), à Alger, Mohammed Seghir fut le premier à avoir créé une agence privée de tourisme en Algérie, en l’occurrence Médina Tour. Orientée vers l’ouverture des cultures et des civilisations, sa vision du tourisme a charmé plusieurs pays de la rive de la Méditerranée et du Maghreb.
D’aucuns n’y croyaient, à l’époque, quand il a avait entamé ses démarches pour créer la première agence privée de tourisme. Mohammed Seghir avait estimé que seule l’ouverture du marché pouvait donner du punch pour la dimension régionale.
Il finira par avoir gain de cause, et les professionnels du secteur lui rendent un vibrant hommage de son vivant. Mieux, il ira loin en défiant les ordres établis pour organiser les tour-opérateurs vers plusieurs pays pour permettre aux Algériens de découvrir les richesses touristiques du monde. “C’est une grande perte pour l’Algérie et pour le tourisme. C’est un grand professionnel. Il a tout donné pour son pays sans demander une contrepartie. Son départ nous a affectés”, a déclaré à Liberté le DG de l’Office national du tourisme algérien, Mohamed Chérif Selatnia.
De son côté, Saïd Boukhelifa, un spécialiste du tourisme, regrette le départ de “Monsieur tourisme” estimant que Mohammed Seghir réunissait la dimension humaine et la dimension professionnelle d’une manière extraordinaire. Il était le meilleur de notre promotion et jouissait d’une grande intelligence.
En larmes, Mohamed Chérif Djebari, copain de chambre de Kiki durant les années 1980-1982, a estimé que “Mohammed Seghir a toujours incarné le tourisme algérien. Il était aussi le premier à explorer les trésors de saint-Augustin dans la région de l’Est algérien. Personne ne l’avait fait avant lui ! Il a réussi à rivaliser avec les grands du tourisme mondial, car il n’avait pas la notion du gain facile avec les Omra et la billetterie (…) Grâce à son agence, il avait réussi à organiser le Congrès mondial de la route, qui avait réuni 1 200 congressistes en 2006 alors que l’infrastructure hôtelière n’était pas suffisante.
Il a été félicité par le gouvernement pour ses capacités prodigieuses d’organisation”. Mohammed Seghir a longuement lutté contre la maladie qui le rongeait, mais le mal du siècle a fini par avoir le dessus. Il y a moins de deux semaines, des anciens du secteur se sont rendus à Annaba pour lui rendre un hommage. Un dernier. Adieu Kiki !