Après une cinquième soirée toute de sons, de couleurs et de voix multiples aux couleurs de la Palestine et de solidarité « non-stop » avec le peuple de Ghaza, la dixième édition du Festival arabe de Djemila a amorcé mardi sa sixieme soirée avec la même verve, le même enthousiasme et ce même cri porté sans cesse à la face du monde par des femmes et des hommes de culture.
Après une cinquième soirée toute de sons, de couleurs et de voix multiples aux couleurs de la Palestine et de solidarité « non-stop » avec le peuple de Ghaza, la dixième édition du Festival arabe de Djemila a amorcé mardi sa sixieme soirée avec la même verve, le même enthousiasme et ce même cri porté sans cesse à la face du monde par des femmes et des hommes de culture.
Ils sont venus du monde arabe pour exprimer haut et fort leur indignation face à l’agression barbare d’Israël qui n’épargne dans son œuvre barbare ni les enfants, ni les femmes et encore moins tous ces vieux qui meurent, nourrissant l’espoir de voir la terre de leurs ancêtres être le berceau de leurs enfants.
« Ghaza, la blessure, Ghaza, l’héroïque » que de voix l’auront chantée et contée à travers des poèmes que de poignantes images défilant sur les écrans géants de ces retrouvailles arabes portaient au paroxysme de l’émotion. Des femmes et des hommes, qui de leur plume aiguisée, de leur voix sublime ou de leurs doigts découvrant Ghaza sous ses gravats au moment où cet enfant, un survivant parmi d’autres survivants de son âge, le visage en sang s’interrogeait, se demandait ce qui venait d’arriver et implorait le monde entier à faire justice, faire que tous les enfants naissent pour être heureux et grandissent, l’espoir en bandoulière, sur la terre de leurs aînés. Cette terre qu’ils arrosent de leur sang pour que l’olivier porte à jamais le message d’un peuple qui lutte et qui meurt chaque jour debout.
A l’issue d’une cinquième soirée aux couleurs algériennes, syriennes et marocaines, le chanteur algérien Si Kamel, auteur d’une belle prestation, débitait difficilement sous le poids d’une forte émotion ses sentiments et son soutien pour le frère de Palestine : «Je suis heureux de participer pour la première fois à ce grand festival qui se tient dans mon pays, cette Algérie que nous voudrions voir sans cesse aussi forte et tête haute dans le concert des nations. Comme mon espoir est également grand de voir le peuple palestinien auquel je rends un vibrant hommage ce soir vivre en paix et aspirer à un avenir meilleur. Pour ce peuple j’ai composé une chanson parce que je considère que l’artiste c’est comme un journaliste, il est porteur d’un message fort et doit être témoin de son temps. Je voudrais saisir cette occasion pour dire à tous ceux que la conscience anime encore que lorsqu’un Palestinien verse une larme, la planète en verse dix. La Palestine est une histoire très émotionnelle et quand je pense à toutes ces femmes enceintes, à tous ces enfants massacrés, je ne peux comme beaucoup rester insensible et garder un cœur de pierre.
La Palestine qu’on le veuille ou non est une plaie béante sur la terre, une plaie qui ne se refermera que lorsque tous les Palestiniens pourront vivre en paix chez eux. »
Le chanteur marocain Hatem Ammor chantera Ghza Testech hed et ne manquera pas non plus d’émettre le vœu de voir le monde entier entendre le cri de Ghaza, ce cri que des artistes arabes sont venus lancer haut et fort à partir de cette terre de Djemila, appelant lui aussi à l’arrêt de la terrible hémorragie et cette agression contre Ghaza.
Autant de sentiments forts qui font de Djemila-Baalbeck hier, Djemila – Ghaza aujourd’hui et qui sont également exprimés par la chanteuse syrienne Hala Koseir, qui prend part pour la première fois à ce festival et ne manque pas d’en souligner la portée humanitaire et l’impact de la solidarité avec la Palestine et Ghaza blessée : « Je voudrais dire merci à tous ceux là qui se sont impliqués dans une aussi belle œuvre, à leur tête le Président de la République. » Elle parle de la situation qui prévaut en terre palestinienne, en Syrie et en Irak et poursuit : « Tous les Arabes doivent mettre la main dans la main face à ces agressions. » La sixième soirée de ce festival n’en sera que plus belle et plus révélatrice avec le « Kaiser » de la chanson arabe, l’Irakien Kadhem Essaher qui connaît très bien Djemila pour s’y être déjà produit. Il est resté égal à lui-même, faisant état d’une très belle prestation sur cette grande esplanade qui lui a réservé l’accueil qui se devait et ovationné plus d’une fois.
Kadhem parle ce soir du peuple arabe et des défis que toute la nation arabe a à charge de relever dans cette période difficile : «En tant qu’artiste nous avons en effet à charge de véhiculer dans notre message ici et ailleurs, à travers le monde que nous sommes un peuple de paix, de civilisation et de fraternité. Nous sommes là aussi pour montrer une autre grande vertu que porte notre dimension humanitaire et faire pour que notre destin ne soit pas toujours celui de la douleur, de la guerre, de la destruction et du terrorisme, comme si nous n’avions pas autre chose à mettre en exergue, nos cultures diverses, notre sens de la création, notre civilisation, notre sens de la promotion de l’homme, nos principes et combiens de valeurs multiples. Je me pose alors la question de savoir jusqu’à quand allons-nous faire de la figuration et ne plus donner l’occasion à quiconque de décider à notre place. »
Visiblement affecté par tous ces drames qui touchent le monde arabe, Kadhem, marque le pas un moment et poursuit : «C’est à la jeunesse, ce précieux capital des nations arabes, de prendre en charge l’avenir de tous nos peuples et faire que forts de nos acquis à tous les niveaux, nous puissions vivre dans la paix et la sécurité, que nous prenions notre destin en main, sans que personne ne vienne d’ailleurs pour décider à nos place et nous diriger. C’est ce que doit prouver au monde entier notre jeunesse en montrant et ses capacités et ses potentialités et offrir à nos enfants des conditions de vie décentes, sans cesse ouvertes sur le progrès.»
Il chante Tadhaker, il chante l’enfance blessée, pleure une patrie écorchée par les affres de l’agression, croulant sous les bombes de l’ennemi, s’en remet à toutes les consciences du monde pour que cessent à jamais les larmes des innocents. Kadhem Essaher porte sur ses épaules l’écharpe palestinienne et répond aux vœux d’une fillette qui lui remet celle de la solidarité avec Ghaza et l’enroule autour de son cou.
Il s’évade, tente de s’isoler dans le monde de Nizar Kabani, chante l’amour, la femme mais revient vite à la réalité d’un autre monde quand il interprète Ya Guiblet el Ouchak et chante Baghdad, sa plaie amère et cette guerre destructrice. Il dénonce les «samasira» de la guerre, les commerçants de sang et crie à la face du monde «Alahou Akbar min damar el Harb» enchaînant avec Ya Ghourbata pour dire son exil, portant l’émotion à son paroxysme et achève son tour de chant en soulignant : «Vous êtes un public merveilleux, et vous un grand peuple. Bravo pour ce formidable élan de solidarité ! Ce soir ma pensée va aux enfants de Ghaza et ceux de Baghdad. »
Saber El Houari et Zakia Mohamed prennent le relais jusqu’aux premières lueurs du jour.
F . Zoghbi