Kadhafi suscite la colère des anti-putsch

Kadhafi suscite la colère des anti-putsch
kadhafi.jpg

Le dirigeant libyen et président de l’Union africaine Mouammar Kadhafi a affirmé jeudi à Nouakchott que le dossier des sanctions contre la Mauritanie était «clos», mais a été vivement critiqué par le front anti-putsch qui le juge trop favorable à la junte au pouvoir. Pour sa première médiation internationale depuis son élection le 2 février à la présidence de l’UA, le dirigeant libyen, connu pour ses coups d’éclat, a pris des positions contestées concernant la crise née du coup d’Etat du 6 août. Si elles sont confirmées par les responsables de l’UA à Addis-Abeba, elles souligneraient un changement radical de l’organisation panafricaine envers les putschistes. «Je me suis assuré que les autorités militaires sont déterminées à organiser une élection présidentielle le 6 juin, ce dossier [des sanctions de l’UA] est désormais clos», a déclaré Kadhafi à la presse, avant son départ de Nouakchott.

«Le problème est terminé, le dossier clos, parce que ce qui est recherché c’est le retour à la vie civile», a encore expliqué le dirigeant libyen, qui a mené pendant trois jours une médiation à Nouakchott. Ce putsch, qui avait renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait été vivement condamné. Et le 5 février, l’UA avait décidé de prendre des sanctions ciblées contre les membres civils et militaires de la junte, comprenant notamment «une prohibition des déplacements des membres civils et militaires de la junte, le refus systématique des visas, le contrôle des comptes bancaires».

La veille, le nouveau président de l’UA avait appelé le pays à «regarder devant, vers la Mauritanie nouvelle qui naîtra après le 6 juin», date du scrutin présidentiel organisé par la junte, estimant que «ce qui est fini est fini» dans une allusion au coup d’Etat. Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), opposé au putsch et qui soutient Ould Cheikh Abdallahi comme seul président légitime, a vivement critiqué cette prise de position. «Nous ne pourrons jamais prendre part à une médiation sous l’autorité de la Libye tant que les Libyens n’auront pas changé d’attitude et cessé de chercher à nous faire accepter le fait accompli putschiste», a affirmé jeudi le porte-parole du front. Kadhafi «sort du mandat de médiateur et rend impossible la poursuite des négociations dans ces conditions», a souligné le responsable du FNDD Mohamed Ould Moloud.

Les «déclarations du président Kadhafi prenant fait et cause pour la junte militaire putschiste» constituent «une atteinte fondamentale à son rôle de médiateur et une violation des directives de la communauté internationale», précise un communiqué du front. Mais avant de quitter la Mauritanie pour la Guinée-Bissau, le dirigeant libyen a affirmé qu’il voulait exprimer la volonté de tous d’aller vers une élection comme solution à la crise, sa date restant à déterminer par les Mauritaniens eux-mêmes. Mais, en début de soirée, le porte-parole du gouvernement, Kory Ould Abdel Mola, a enfoncé le clou : la date du 6 juin pour l’élection présidentielle n’est «pas discutable», a-t-il martelé.

LG Algérie