Kadhafi défie les «coalisés», Washington s’abstient de reconnaître le CNT

Kadhafi défie les «coalisés», Washington s’abstient de reconnaître le CNT

La Libye s’apprêtait hier à enterrer les onze imams tués, selon le régime de Mouammar Kadhafi, dans une frappe aérienne de l’Otan, qui a regretté toute mort de civils.

Les 11 imams ont péri dans la nuit de jeudi à vendredi dans un bombardement de l’Otan à Brega (est), qui a également fait au moins 50 blessés, dont cinq sont dans un état grave, a affirmé le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, lors d’une conférence de presse. Auparavant, l’agence officielle libyenne Jana avait indiqué que 16 personnes avaient été tuées et 30 blessées dans ce raid.

Les funérailles des dignitaires religieux devaient se dérouler dans la journée, selon des responsables libyens. Dans un communiqué, l’Otan a expliqué avoir touché un centre de commandement et de contrôle tôt vendredi, précisant qu’il était utilisé par le régime pour «coordonner des frappes contre la population civile» :

«Nous sommes au courant d’allégations sur des victimes civiles en connexion avec la frappe, et bien que nous nous ne puissions confirmer la validité de ces affirmations, nous regrettons toute perte de vies civiles innocentes quand elles se produisent», a indiqué l’Alliance atlantique.

Des imams présents à la conférence de presse de M. Ibrahim ont appelé à des représailles, pressant les musulmans à travers le monde à tuer «1000 personnes pour chaque imam tué», notamment en «France, Italie, Danemark, Qatar et Emirats arabes unis».

Toujours à propos des raids, un centre du Croissant-Rouge a été atteint par des bombardements menés par l’Otan sur Misrata, selon la télévision libyenne. Al Libiya a diffusé des images de médecins et d’infirmières portant des uniformes du Croissant-Rouge s’affairant près de blessés dans un bâtiment présenté comme étant celui de l’organisation.

Selon la chaîne publique, les bâtiments de guerre de l’Otan ont également bombardé des quartiers ouest de la ville portuaire ainsi que les faubourgs de la ville voisine de Zlitane. Dans un bref message audio diffusé par la Télévision d’Etat, le dirigeant libyen a déclaré que les bombardements de la force militaire ne l’atteindraient pas.

«Je vais vous dire que vos bombardements ne m’atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur cœur», a-t-il indiqué. Des frappes aériennes de l’Otan avaient touché jeudi matin le vaste complexe résidentiel du dirigeant, faisant trois morts, dont deux journalistes, et 27 blessés, selon un bilan officiel.

Cette intervention du colonel Kadhafi, qui n’est plus apparu en public depuis le 30 avril dernier est survenue alors que Rome venait d’évoquer la possibilité qu’il soit blessé et qu’il ait quitté la capitale libyenne. Le ministère italien des affaires étrangères, Franco Frattini, avait ainsi jugé «crédibles» des déclarations de l’évêque de Tripoli qui allait dans ce sens, tout en précisant que son gouvernement ne disposait «d’aucun élément sur le sort actuel de Kadhafi».

Toutefois, le religieux, Mgr Giovanni Martinelli, a démenti quelques heures plus tard dans une interview à RFI avoir tenu de tels propos. Côté diplomatie, l’opposition ne semble pas avoir fait un carton plein. Les États-Unis se sont abstenus de reconnaître diplomatiquement le Conseil national de transition (CNL), tout en le jugeant «légitime et crédible» lors de la visite de son dirigeant Mahmoud Jibril à la Maison-Blanche.

Interrogé sur la chaîne CNN, M. Jibril avait dit attendre de ses entretiens à la Maison-Blanche que les États-Unis reconnaissent officiellement les rebelles libyens. Par ailleurs, la crise libyenne s’est transportée au centre-ville d’Ottawa hier, alors qu’une contre-manifestation devant l’ambassade de Libye a rapidement fait place à des escarmouches et à des slogans dénonçant chacun le camp ennemi,

forçant les policiers à intervenir en nombre important. Quant au plan humanitaire, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a estimé que quelque 1200 personnes fuyant la Libye pourraient avoir péri en Méditerranée ces derniers mois.

Par Anis Djaad. et Agences