C’est un Abdelkader Ghezzal très heureux et ému de la qualification au Mondial brésilien acquise par l’Algérie qu’on a eu, hier matin, au bout du fil. Discret dans les médias depuis plusieurs mois, l’actuel sociétaire de Latina a accepté de s’exprimer et comme souvent, il a choisi Le Buteur pour le faire. Le joueur a tout d’abord tenu à féliciter ses coéquipiers pour leur belle qualification, et rendre un hommage plus particulier à Bougherra, l’unique buteur du match d’avant-hier. Kader, qui fêtera ses 29 ans le 5 décembre prochain, se veut toujours ambitieux et assure dans cet entretien que son objectif est de revenir rapidement en sélection pour garantir sa présence au pays de la Samba.
L’Algérie qui se qualifie pour la 4e fois de son histoire au Mondial. On imagine que vous avez bien fêté ça…
Ah oui, et comment ! J’étais très content de cette victoire et de cette belle qualification. J’ai vibré lors de ce match, qui était très intense. On a beaucoup stressé.
Dites-nous comment avez-vous suivi ce match ?
Je l’ai suivi avec un pote à travers la télé, bien évidemment. Néanmoins, j’étais en contact permanent avec ma famille, mes frères, plus particulièrement via la Webcam. On a sauté de bonheur après le but de Bougherra. Une joie indescriptible.
Pourquoi n’avoir pas fait le déplacement à Blida pour suivre le match de très près ?
Croyez-moi, j’aurai bien aimé venir au pays et être avec mes coéquipiers au stade pour vivre ses grands moments de bonheur. Malheureusement et comme vous le savez très bien, quand on est joueur professionnel, on ne peut faire ce qu’on veut. J’avais un entraînement et il n’était pas possible pour moi de faire le déplacement.
Avez-vous contacté certains joueurs, avant le match, pour les encourager ?
Je ne vous cache pas, j’ai appelé un seul joueur l’après-midi même du match, et c’était Boughy (Bougherra). J’ai tenu à lui souhaiter bon courage et je lui ai dit de transmettre mon message de soutien aux autres joueurs. Il m’a décris un peu l’ambiance qu’il y avait. Madjid est expérimenté et sait gérer ce genre de matchs à grosse pression.
On peut dire que vous lui avez porté chance, puisqu’il a été le héros du match en inscrivant le but libérateur qui va nous emmener au Brésil…
Oui, c’est vrai (rires…). En tout cas, je dois dire que je suis très content pour lui. Madjid est une personne formidable et mérite ce qui lui arrive. Il a beaucoup donné au pays, en répondant toujours présent à l’appel de la sélection. D’ailleurs, je compte le rappeler ce soir (Ndlr, hier) au téléphone pour le féliciter et lui tirer un gros coup de chapeau pour le grand match qu’il a fourni.
Beaucoup estiment que c’est tout un symbole qu’un joueur comme Bougherra soit notre sauveur, si on peut dire cela comme ça. Etes-vous d’accord ?
Oui, je suis totalement d’accord. Bougherra représente parfaitement la sélection nationale, et d’ailleurs même l’Algérie. C’est un véritable battant et un joueur qui s’est toujours sacrifié. Ce n’est peut-être pas une coïncidence qu’il soit le héros que tout un peuple attendait. Après, vous savez, c’est aussi un travail de tout un groupe. Il faut féliciter tout le monde et ne pas omettre le gros travail des attaquants, qui ont beaucoup donné, même s’ils n’ont pas été récompensés.
Que pensez-vous du rendement de l’équipe lors de ce match. On était un peu crispés, non ?
Oui, c’est clair qu’on n’a pas joué un match extraordinaire, mais c’est tout à fait normal. Les joueurs étaient sous pression et croyez-moi, ce n’est pas facile de gérer l’attente de tout un pays. La pression était terrible, mais les joueurs ont su rester mobilisés et concentrés sur le terrain jusqu’au bout. On a vu le même état d’esprit en 2009 et cela a été au final déterminant. Après, dans ce genre de match, peu importe la manière. L’essentiel est qu’on ait gagné et qu’on soit désormais officiellement qualifiés pour jouer un autre Mondial.
Justement, pour ce Mondial-2014, on aura droit à la présence des cinq mêmes nations africaines qui étaient en Afrique du Sud, quatre ans plutôt. On peut dire que la hiérarchie a été respectée…
L’expérience en est un facteur important, mais pour nous, l’essentiel est que l’Algérie a validé sa qualification. On est un grand pays de football et je pense qu’il est très important de participer régulièrement à ce genre de compétition. N’oublions pas surtout de souligner le gros travail du sélectionneur, qui a été pour beaucoup dans cette qualification.
Quel a été, selon-vous, le rôle de Halilhodzic dans cette qualification ?
Halilhodzic a joué un très grand rôle dans cette qualification. Il ne faut pas oublier que lorsqu’il a pris en main l’EN, on était un peu perdus et on avait loupé un peu nos repères. Le coach a su remobiliser tout le monde et surtout apporter progressivement du sang neuf dans l’équipe. Il y a eu l’arrivée de nouveaux joueurs pétris de qualités et tout cela a été bénéfique pour l’équipe ensuite.
Là, on sent à travers votre discours que vous n’êtes pas trop concerné. Vous avez perdu espoir de revenir en sélection…
Non, pas du tout. Au contraire, je garde bien l’espoir de retrouver un jour la sélection. J’ai cet objectif et Inch’Allah, je parviendrai à l’atteindre très prochainement. N’oubliez pas que j’ai eu l’année dernière cette opération au genou, qui m’a beaucoup ralenti et freiné dans mon ascension avec les Verts. Pour autant, je reste optimiste quant à un retour triomphant en sélection.
Donc, vous visez à jouer le Mondial brésilien…
C’est clair. Vous savez, je suis un joueur ambitieux et du moment que je continue à exercer ce métier, je resterai toujours au service de la sélection. Depuis quelques semaines, je retrouve mon niveau et je marque. Ça s’annonce de bon augure et si je continue sur cette voie, et je sais que je peux prétendre à un retour en sélection.
Le week-end dernier, vous avez inscrit un très joli but face à votre ancien club, Bari, qui a permis à votre club d’assurer une précieuse victoire au final…
Oui, ce fut un beau but quand même. J’étais très content de cette réalisation qui a permis à mon équipe de gagner la partie et de remonter encore au classement. El Hamdoulilah, physiquement, je suis bien et c’est à moi maintenant de continuer à travailler davantage pour être au sommet de ma forme.
Parlez-nous un peu de cette équipe de Latina pour laquelle vous joués. On ne la connaît pas vraiment ici en Algérie…
Oui, c’est une équipe pas très connue, mais croyez-moi, dans ce club, on est très professionnels. Tout est structuré et mis en place pour aider l’équipe à franchir un nouveau palier. Latina a assuré trois montées successives et est en train de marquer petit à petit son histoire dans le championnat italien. Cette saison, on ambitionne de réaliser un bon championnat, et on verra par la suite ce qu’on peut réellement atteindre. En tout cas, dans la vie, il y a un réel enthousiasme et une grosse ferveur autour de ce club.
Ainsi, on ne peut dire que les supporters des Verts vous ont oublié, puisqu’ils ne cessent de réclamer votre retour, notamment via les réseaux sociaux…
Oui, j’ai vu ça. D’ailleurs sur mon twitter, mes fans ne cessent d’espérer mon retour en sélection et croyez moi, cela me fait énormément plaisir. Je suis honoré par toute cette sympathie et cela prouve une chose, c’est que j’ai toujours joué à fond sous le maillot des Verts. Ces encouragements m’apportent aussi de la force pour me battre au quotidien aux entraînements et lors des matchs de mon club pour attirer de nouveau l’œil du coach national. Je profite de l’occasion pour remercier à travers vos colonnes tous ceux qui m’envoient des messages sur mon twitter et mon facebook aussi.
A ce propos, Samir Zaoui, votre ancien coéquipier en sélection, a tenu récemment dans une émission sur le plateau de Djazairia Foot à vous encenser et mettre en lumière votre gros travail en sélection, expliquant que le fait que vous ne marquiez pas beaucoup de buts, c’était surtout à cause du schéma tactique mis en place et de votre générosité à vouloir aider vos coéquipiers en défense. Ces propos vous font plaisir, n’est-ce pas ?
Croyez-moi, je voue un grand respect à Zaoui, que j’ai toujours considéré comme un véritable pote en sélection. C’est quelqu’un qui aime profondément l’Algérie et qui s’est toujours sacrifié. Après, c’est clair que ses paroles me vont droit au cœur et je l’en remercie.
Et quelles sont les nouvelles de votre petit frère, Rachid, qui est toujours blessé ?
Oui, Rachid a eu quelques soucis en ce début de saison. Maintenant, il revient tout doucement. Il travaille quotidiennement avec un kiné pour parfaire sa rééducation. Il a recommencé à courir et il fera son retour très bientôt sur les terrains.
Et au sujet de son choix de sélection. Les Algériens attendent toujours de le savoir…
Je vous l’avais dit dans une précédente interview. Lui et moi savons pour quelle sélection il jouera. Cependant, je pense qu’il ne veut pas se précipiter. Il est blessé et il doit se focaliser surtout sur sa blessure et faire en sorte de retrouver le plus rapidement sa forme optimale. Après, quand le temps viendra, il annoncera son choix.
Hier, vous auriez aimé être à Alger pour sortir dans les rues et défiler avec les millions d’Algériens…
Evidemment. J’en avais tellement envie, notamment après le coup de sifflet final.
Vous avez mis un peu d’ambiance alors à Latina…
(Il rigole…) A vrai dire, dans le vestiaire du club, j’ai mis en début de semaine mon poster avec le maillot national, pour apporter à ma manière mon soutien à la sélection. Mes coéquipiers en club m’ont beaucoup chambré. Ce matin, je me suis présenté à l’entraînement avec fierté, j’ai pris ma revanche comme il se doit.