Arrêtés par la police dans la matinée de dimanche 8 mai, une dizaine de militants algériens ont été finalement libérés après quelques heures de détention au Commissariat de Cavaignac. « Tout le monde a été relâché », affirme à DNA Kader Fares Affak, lui-même interpellé.
Ces jeunes militants, à l’appel lancé sur facebook par le groupe « jeunesse 8 mai 45 », s’apprêtaient à organiser un rassemblement à la place de la Grande-Poste au centre d’Alger à l’occasion du 8 mai avant que la police n’intervienne pour opérer des arrestations musclées.
Violemment interpellés, ces militants ont été retenus, pendant plusieurs heures, au niveau du commissariat de Cavaignac, au centre d’Alger. Kader Fares, joint par téléphone, est ulcéré par les méthodes de la police. « Nous constatons un grave précédent ! Maintenant, la police embarque les gens avant même qu’ils commencent à manifester », ajoute-t-il.
S’ils n’ont pas fait l’objet d’un traitement dégradant au Commissariat, les personnes arrêtées ont eu droit à un florilège d’insultes. « Il n y a pas eu de graves dépassements au commissariat. Bref, comme d’habitude, il y a eu des dépassements verbaux et des mots déplacés proférées par de certains policiers », confie Kader.
La police n’a retenu aucune charge contre ces militants, d’ailleurs ils n’ont pas signé de procès verbaux, raconte encore notre interlocuteur.
L’intervention des policiers à briser toute manifestation pacifique démontre, selon les termes de notre interlocuteur « la folie du pouvoir ». « Alors que les jeunes algériens aspirent au changement, le pouvoir a montré aujourd’hui encore sa volonté de confisquer même la date symbolique du 8 mai 1945. Ils nous ont empêchés de célébrer cette date à notre manière. C’est un terrible déni de citoyenneté », s’indigne-t-il.
Ce militant, prévient par ailleurs, qu’il « n’est plus question de revenir sur des acquis de libertés arrachés de hautes luttes ». « Les gens doivent résister de plus en plus, à multiplier ce genre d’actions et ne pas baisser les bras », dit-il, estimant que « le pouvoir doit comprendre que la réponse de la jeunesse sera déterminée et déterminante. »
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, dans un communiqué publiée sur son site web, dénonce « ces atteintes répétées à la liberté d’expression et au rassemblement pacifique en violation des engagements internationaux de l’Algérie en matière de protection des droits de l’Homme. »
La LADDH considère en outre que « la chasse » menée contre des Algériens qui militent pacifiquement pour leurs libertés constitue un « déni de citoyenneté ». « Ce comportement est la négation même du discours officiel promettant des réformes politiques », souligne encore la LADDH.
Les autorités algériennes continuent d’interdire les manifestations publiques dans la capitale en vertu d’une loi en vigueur depuis juin 2001 et cela malgré la levée en février dernier de l’état d’urgence.