Alors que la Libye s’enfonce dans une guerre civile, Mouammar El Kaddafi persiste. Son régime a réussi à unir les Libyens contre lui et à renforcer leur détermination à en finir.
Aujourd’hui encore les combats se poursuivent et s’amplifient à l’ouest de Tripoli, notamment dans la ville de Zawiyah, et des combats meurtriers continuent d’avoir lieu entre les tribus pro et anti Kaddafi, notamment à Syrte. Hier à l’aube, les mercenaires de Kaddafi ont lancé une offensive contre la ville de Zawiyah, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, à travers laquelle des quartiers populaires ont été pris pour cible. Une offensive que les rebelles ont réussi à repousser en détruisant 4 chars d’assaut et un certain nombre de véhicules militaires appartenant aux forces de Kaddafi. Les insurgés assurent avoir repoussé l’assaut des forces pro-Kaddafi à Zawiyah. «Ils sont entrés à six heures ce matin avec des moyens importants, des centaines de soldats appuyés par des chars. Nos combattants ont riposté. Nous sommes sortis vainqueurs pour le moment et des civils sont en train de se rassembler sur la place», a déclaré hier un porte-parole de l’opposition, selon l’AFP. Toutefois, le reflux des forces de Kaddafi pourrait être temporaire. Selon Al Jazeera, ce dernier a envoyé des renforts vers Zawiyah au moment où les révolutionnaires s’apprêtaient à conquérir cette ville après de violentes attaques entre les deux protagonistes. Un retrait partiel des chars de l’armée de Kaddafi a été constaté au centre de la ville de Zawiyah, à l’ouest de la capitale libyenne, où deux chars ont explosé, et quelques mercenaireS du colonel ont été faits prisonniers. Ainsi, selon des sources médicales, ces affrontements auraient fait hier pas moins de 7 personnes et des dizaines de blessés. Des témoignages rapportés par la chaîne Al Jazeera ont indiqué que des blessés ont été exécutés par balle dans certaines rues de Zawiyah.
Au même moment, le «Conseil national» mis en place par l’opposition libyenne pour renverser Mouammar Kaddafi et préparer une transition politique tenait sa «première réunion formelle», selon le porte-parole Moustafa Gheriani, qui pour des raisons sécuritaires ne donnera ni le lieu ni l’heure de la tenue de cette réunion. Ce «Conseil national», composé de 30 membres et présidé par l’ancien ministre de la Justice, Mustapha Mohamad Abdeljalil, a été créé fin février à Benghazi par l’opposition libyenne pour représenter les régions du pays tombées aux mains des opposants.
Par ailleurs, des sources hospitalières à Ajdabiya rapportées par l’AFP, font état de huit personnes tuées et plus de 20 blessées dans les combats d’avant-hier à Ras Lanouf, localité pétrolière stratégique dans l’est de la Libye, dont les rebelles affirment avoir pris le contrôle. A ce décor macabre vient s’ajouter une explosion, dont l’origine reste encore indéterminée, survenue avant-hier à Benghazi dans un dépôt d’armes, causant la mort de 27 personnes. A ce sujet, un porte-parole du Conseil national indépendant précisera : «Nous ne savons toujours pas avec certitude si c’était un sabotage, un accident ou une frappe aérienne, mais personne n’a vu d’avion».
Kaddafi continue à profiter du pétrole libyen
Les autorités libyennes ont touché dans les deux dernières semaines 770 millions de dollars en revenus pétroliers, malgré les sanctions internationales prises contre le régime de Mouammar Kaddafi, affirme le Financial Times. Le journal indique que les recettes générées par les exportations de pétrole «atterrissent à la banque centrale de Libye, et sont potentiellement sous le contrôle direct du colonel Kaddafi».
Tripoli réclame la suspension des sanctions de l’ONU
La Libye a réclamé avant-hier au Conseil de sécurité de l’ONU de suspendre les sanctions adoptées samedi dernier contre le dirigeant libyen, justifiant que le recours à la force contre les manifestants a été «minimal» et que le gouvernement était «stupéfait» par les sanctions adoptées dans une résolution samedi. De plus, Tripoli réclame que l’interdiction de voyage et le gel des avoirs de Kaddafi et son entourage «soit suspendus jusqu’à ce que la vérité soit établie».
Canada appelle Tripoli à «coopérer pleinement» avec la CPI
Le Canada a appelé le régime libyen à «coopérer pleinement» avec la Cour pénale internationale (CPI) et son procureur Luis Moreno-Ocampo qui a ouvert une enquête pour «crimes contre l’humanité» en Libye, soulignant dans ce contexte que le «régime libyen ne peut agir en toute impunité et qu’il devra répondre de ses graves crimes internationaux».
Par Lynda N. Bourebrab