Le front social est au summum de sa colère et s’insurge contre des conditions de travail et de vie insoutenables.
La contestation frappe et plonge plusieurs secteurs dans la paralysie. Une situation qui semble échapper à un gouvernement qui tarde à rétablir l’ordre.
La vague de contestation qui a fortement secoué l’Algérie en 2011 parallèlement aux printemps arabes, reprend de plus belle en ce printemps après une halte observée l’année dernière. La protestation bat son plein en ces jours et ne laisse aucun secteur ni région à l’abri. Rien que pour cette semaine, pas moins de six secteurs ont été paralysés par des grèves et des rassemblements. L’Enseignement supérieur, l’Education, la Santé, la Justice, les assurances, les boulangers, l’emploi, l’Habitat sont autant de secteurs touchés par la contestation. Même les employés du consulat général de France ont rejoint les rangs des protestataires. Dans la Justice, ce sont toutes les audiences pénales et criminelles devant se dérouler au siège de la cour d’Alger qui sont renvoyées à des dates ultérieures, suite au boycott des avocats du barreau d’Alger. Les robes noires ont en effet, observé dimanche une journée de protestation pour dénoncer l’incident qui a eu lieu au tribunal criminel d’Alger entre le premier responsable du barreau d’Alger, Abdelmadjid Selini, et le juge Hellali Tayeb. A travers cette action, les avocats s’insurgent également contre «les multiples formes d’atteinte au droit de la défense». Selon le président du Conseil de l’ordre du bureau d’Alger Abdelmajid Sellini «la radicalisation de ce mouvement n’est pas à écarter» vu «la dégradation des conditions des droits de la défense ainsi que des graves dérives dans l’exercice judiciaire constatées quotidiennement dans les différentes institutions judiciaires». Pour la Santé, ce sont les praticiens de la santé publique qui observent une grève de trois jours depuis hier. Selon le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) l’appel à la grève a eu un écho favorable auprès de cette corporation avec un taux de suivi de 75% à l’échelle nationale. tandis que les patients continuent à payer les frais de la paralysie et gestion catastrophique de la santé et les grévistes, eux, préfèrent lutter pour faire aboutir leurs droits socioprofessionnels. Ils réclament notamment, l’amendement du statut particulier concernant une dizaine d’articles, dont celui lié à l’accès de près de 5 000 praticiens au grade principal. Dans le Sud, les Hauts-Plateaux et les Aurès ce sont les travailleurs de la Fonction publique qui observent cette semaine une nouvelle grève cyclique de trois jours à l’appel de six syndicats autonomes représentant les différents secteurs de la Fonction publique. Les meneurs de ce mouvement exigent des réponses officielles quant à l’actualisation des indemnités de poste et de zone avec effet rétroactif au profit des personnels de ces régions. Du côté de l’Enseignement supérieur, ce sont les corps communs qui observent cette semaine une grève de 5 jours pour réclamer la révision du statut particulier des corps communs, des corps spécifiques et techniques et la titularisation des agents contractuels. Les enseignants de l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA) ont par ailleurs observé, hier, un rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion de l’Ecole par l’actuelle directrice. Les boulangers ne sont pas en reste, ils observent aujourd’hui une grève nationale pour exiger une subvention plus avantageuse sur le prix de la farine, entre autres.
Par Yasmine Ayadi