Si Moussa Saïb n’a pas travaillé la saison dernière en Algérie, c’est bien parce qu’il n’avait pas le diplôme FAF 3, équivalent au diplôme CAF B, seul document à même de lui permettre d’obtenir la licence d’entraîneur pour la première division.
En acceptant le poste d’entraîneur de la JS Kabylie pour la saison prochaine, il était conscient de cette carence, mais confiant quant à la résolution de ce problème car il a entamé, depuis une année, une formation devant lui permettre d’obtenir ses diplômes d’entraîneur. Pour lui, il n’est pas en infraction avec la réglementation puisqu’il a entamé la démarche de se mettre en conformité avec la loi. Or, les déclarations faites hier matin par Boualem Laroum, en marge de l’ouverture d’une session de formation pour l’obtention de la licence d’entraîneur FAF A (1er degré), remettent en cause beaucoup de certitudes du côté de la Kabylie.
Laroum rejette la faute sur Saïb
En affirmant que Saïb ne pourra pas entraîner en première division la saison prochaine faute d’avoir le diplôme nécessaire, le directeur de la formation auprès de la FAF a jeté un froid au sein de la JSK et même chez l’intéressé. Déjà que la situation du club kabyle est peu reluisante en championnat, c’est un souci de plus, peut-être même un souci de trop.
Pour Laroum, Saïb ne s’est pas manifesté pour passer la deuxième session du stage pour le diplôme FAF 2 qu’il a entamé il y a 8 mois. Lorsqu’on sait que le futur entraîneur de la JSK doit passer encore trois sessions juste pour le diplôme FAF 2 et que d’autres sessions l’attendront pour le diplôme FAF 3, ce ne sera pas demain la veille qu’il pourra obtenir la fameuse licence. Ainsi, sa qualification pour le 8 septembre, date supposée du début du championnat, est remise en cause.
Pénaliser un entraîneur déjà champion, une aberration
Faut-il pour autant condamner Saïb à rester une saison de plus sans travailler ? Si le souci de Boualem Laroum de respecter la réglementation est légitime – c’est même tout à son honneur, lui qui milite depuis des années pour que les entraîneurs algériens aient une formation standardisée aux normes internationales -, ce serait une erreur de priver Saïb du banc de touche, surtout qu’il a montré sa volonté de faire la formation nécessaire. Ce serait même une aberration typiquement algérienne qu’il ne puisse pas exercer, une aberration comme seul le système du football algérien peut engendrer, vu que, ironie de l’histoire, il a déjà été champion d’Algérie comme… entraîneur ! C’était en 2008, à la tête justement de la JSK. Un entraîneur champion d’Algérie qui, trois ans après, n’a pas les qualifications pour exercer, c’est bien la preuve qu’il y a maldonne quelque part.
Une dérogation comme pour Cherif El Ouazzani, solution plausible
Pourtant, le problème n’est pas du tout rédhibitoire. Comme cela a été le cas pour Si Tahar Cherif El Ouazzani, qui avait obtenu une dérogation l’année dernière en sa qualité d’ancien international, de surcroît champion d’Afrique des nations, Moussa Saïb devrait se voir lui aussi délivrer une dérogation puisque lui aussi est ancien international et a été champion d’Afrique. Du moment que l’intéressé a fait la preuve de sa bonne foi en entamant sa formation, il suffit juste de lui donner le temps de la terminer tout en le laissant exercer un métier dans lequel il a fait ses preuves, titre de champion oblige.
Même les Allemands ont délivré une dérogation à Babbel
En cela, l’Algérie ne constituerait pas une exception. En plus des cas cités par Saïb (lire interview) pour illustrer les exceptions qu’il y a eu en France pour permettre à certains entraîneurs d’exercer en attendant d’avoir leurs diplômes, il faut ajouter celui de Markus Babbel, ancien international allemand, qui avait été autorisé à entraîner à l’Eintracht Frankfurt il y a deux ans, le temps de terminer sa formation, bien qu’il n’avait pas le diplôme requis pour exercer dans la Bundesliga. Si on a fait cela en Allemagne, pays de la rigueur, de la discipline et du tout-scientifique, pourquoi ne pas le faire en Algérie ?
Saïb : «J’attends la 2e session du stage FAF 2 depuis janvier»
Des doutes subsistent quant à la possibilité pour vous d’obtenir le diplôme nécessaire pour pouvoir entraîner une équipe seniors en Algérie. Qu’en est-il de votre situation concernant ce point ?
J’attends la deuxième session du diplôme FAF 2 (2e degré, ndlr) que je suis en train de passer. J’ai terminé la première session en janvier dernier à Aïn Benian et, depuis, j’attends qu’on nous convoque pour la deuxième session. D’ailleurs, je suis étonné qu’on ne l’ait pas encore fait.
Qui vous a dit qu’on allait vous convoquer ?
Les encadreurs de la première session. Ils nous ont dit que nous allions être incessamment convoqués pour la deuxième session. Même moi je suis inquiet car, pour le diplôme FAF 2, il faut passer quatre sessions et je n’en suis qu’à la première. Je ne suis pas le seul dans mon cas. Ceux qui étaient avec moi dans la première session attendent toujours, à l’instar des Kaci Saïd, Hamada, Mahieddine Meftah, Badji et Dziri. Justement, à la fin du match USMA-JSK, j’ai discuté avec Dziri sur ce sujet et il m’a dit qu’il est lui aussi dans l’attente d’une convocation. Voyant qu’ils sont nombreux dans mon cas, j’ai été quelque peu rassuré, mais je ne serai satisfait qu’une fois avoir passé mes diplômes.
Selon Boualem Laroum, directeur de la formation à la FAF, il n’a jamais été question de convocations préalables et c’est à vous, candidats, de vous inscrire par Internet aux sessions de formation organisées par la FAF…
Personne ne m’a expliqué cela. D’habitude, nous sommes convoqués soit individuellement, soit par voie de presse. Je ne savais pas que c’est à travers le site Web de la FAF qu’il faut s’inscrire ou s’informer. Moi, je me suis tenu à ce qu’on nous avait dit à la fin de la session de janvier dernier à Aïn Benian, à savoir que nous allions être incessamment convoqués.
Savez-vous que le défaut de licence FAF 3, équivalent de la licence CAF B, ne vous permettra pas d’entraîner en Algérie ?
Oui, je le sais, et c’est parce que je n’avais pas de licence que je n’ai pas pu travailler en Algérie l’année passée. Je suis tout à fait conscient que je dois passer mes diplômes et je suis très motivé à le faire. J’ai discuté personnellement avec Boualem Laroum il y a quelque temps et il m’a bien expliqué que je suis obligé de passer mes diplômes. Or, au risque de me répéter, j’attends qu’on me convoque pour la deuxième session du stage de formation pour la licence FAF 2. J’attends juste un signe, c’est tout. Je pense qu’il y a eu un problème de communication, d’où ce quiproquo, mais loin de moi l’idée de vouloir me soustraire à cette obligation.
Ne pensez-vous pas que la situation est urgente dans la perspective des matches de la phase des poules de la Coupe de la CAF qui débute le 15 juillet, soit dans une dizaine de jours ?
Je ne sais pas ce que prévoit la réglementation concernant la Coupe de la CAF et on n’en a pas parlé lors de mes discussions avec la JSK. Que voulez-vous que je vous dise ? Il faudra voir ce qu’on peut faire. Dans le pire des cas, je suivrai les matches à partir de la tribune. Il peut toujours y avoir une solution.
Cependant, pour ce qui est de la saison 2011-2012, il sera impossible pour vous d’avoir le diplôme FAF 3, avant le début du championnat d’Algérie. Comment faire, dès lors ?
J’ai affiché ma volonté de passer mes diplômes en participant déjà à des sessions de stages. Je répète que je suis disposé à suivre les autres sessions. En attendant, j’espère que la FAF m’accordera une dérogation d’une année, ne serait-ce qu’en ma qualité d’ancien international. Dans d’autres pays, des entraîneurs sont autorisés à coacher sans licence durant une année, à charge pour eux de passer les diplômes nécessaires durant cette période. Je citerai, à titre d’exemple, les cas de Pablo Correa à Nancy, Stéphane Galtier à Saint-Etienne et même Didier Deschamps lorsqu’il avait commencé sa carrière d’entraîneur à Monaco. J’espère que la FAF me délivrera cette dérogation et je m’engage à faire le nécessaire pour l’obtention de mon diplôme.
Laroum : «On attend la réception du dossier de Saïb pour voir»
Invité à nous éclairer un peu plus sur la situation du nouvel entraîneur de la JSK, Moussa Saïb, engagé par Hannachi pour amorcer un nouveau départ avec le club kabyle, Boualem Laroum, le directeur technique national par intérim et chargé de la formation des entraîneurs au niveau de la FAF, a déclaré : «Du moment que la réglementation ne le permet pas, Saïb ou tout autre entraîneur ne possédant pas la licence CAF ne peut exercer en championnat de Ligue 1 professionnelle. Après, sur le plan continental, normalement, cela devrait se faire. Maintenant, le cas Moussa Saïb est similaire à celui de Dziri, Cherif El Ouazzani et Bouali qui sont en train de finaliser leur formation pour obtenir cette licence CAF. On va attendre la réception de son dossier, l’étudier, après on verra.»