Les observateurs étaient très sceptiques de voir la JSK revenir avec un résultat positif du Sénégal, compte tenu de toutes les circonstances qui ont précédé ce déplacement. Plusieurs défections enregistrées, ainsi que la succession des résultats négatifs en championnat national.
S’agissant de l’effectif très amoindri qui a été en terre de la Teranga (terre d’hospitalité) jamais dans l’histoire de la JSK, le club algérien ayant le plus grand nombre de participations africaines, il n’y a eu un déplacement en Afrique noire avec seulement quinze joueurs dont trois gardiens de but. En effet, ce n’est que face aux Lions de la Teranga que Rachid Belhout a fait face à l’indisponibilité d’une bonne partie de ses éléments.
Cette situation complexe, unique dans les annales de notre football, a débuté lorsque la JSK a démarré sa nouvelle aventure africaine face à la modeste équipe de la Mauritanie (Tevragh Zeina). Qu’à cela ne tienne, les Canaris ont fait le déplacement et se sont même préparés comme ils ont l’habitude de le faire sous la coupe de Rachid Belhout et ses assistants, ainsi que Guillou, qui ont fait un travail colossal durant leur séjour de deux jours au Sénégal. Cela pour préparer le match, et surtout ne perdre aucun joueur à la veille de la rencontre. En effet, avant-hier, le jeune Lamhene qui a ressenti des douleurs au genou a été invité à quitter la pelouse. La JSK a réussi une partie de la qualification, en attendant de confirmer dans deux semaines à Tizi.
Un schéma tactique et une organisation sans faute
De l’avis de tous ceux qui étaient avant-hier au stade Demba-Diop de Dakar, la JSK était bien meilleure que son vis-à-vis sur le plan organisation sur le terrain. N’était cette balle arrêtée qui permit à l’équipe locale de revenir au score sur corner, les protégés de Belhout avaient largement la possibilité d’engranger les trois points. En première mi-temps le jeu des Canaris a été quelque peu à l’avantage des locaux, balles aériennes notamment, mais la qualité a changé favorablement en deuxième mi-temps. C’est d’ailleurs après 7’ de la reprise que Yalaoui a donné l’avantage à son équipe, suite à un joli centre de Younès. Il faut dire que même si l’équipe du Jarraf restait inconnue, Belhout a profité des deux cassettes qui lui ont été remises pour décortiquer son jeu et trouver ne serait-ce qu’une seule lacune à exploiter pour revenir de Dakar avec un résultat positif.
Une volonté de fer à confirmer au retour
Il n’y a pas que le côté tactique qui a dominé avant-hier, puisqu’on a senti une grande motivation chez tous les joueurs. L’effectif décimé n’a à aucun moment été pris de panique, depuis le premier jour de l’arrivée du club kabyle à Dakar. Les joueurs se sont entraînés normalement, et ont donné le meilleur d’eux-mêmes pendant 90 mn pour garder intactes leurs chances de qualification aux poules. La volonté sans égal dont ont fait preuve les coéquipiers de Nali sera présente, sûrement, au match retour à Tizi.
Lamine Dieng change de discours
L’entraîneur en chef de cette équipe de la médina de Dakar, l’ASC Jarraf, n’a pas cessé de déclarer en fin de semaine dernière dans la presse sénégalaise que la seule solution pour pouvoir éliminer la JSK de la course à une place aux poules de la CAF est de lui marquer deux buts au minimum au match aller. Le technicien dakarois savait pertinemment qu’en cas de faux pas à domicile les chances de voir son équipe se racheter auprès de son public, après l’élimination en Champions league, seraient très minces. Ce que craignait l’ex-international sénégalais Liamine Dieng est arrivé : la JSK avec quatorze joueurs seulement sur la feuille de match est revenue en Algérie avec un précieux point du match nul, assurant ainsi une bonne partie de la qualification en attendant le déroulement du match retour prévu dans deux semaines. Après le match, Liamine Dieng a été pris d’assaut par les journalistes locaux auxquels nous nous sommes joints pour prendre part au point de presse qu’il a donné au stade même. Il ne semblait nullement affecté par le résultat final, c’est toutefois le sentiment qu’il a affiché en déclarant : «Je ne pense pas que mon équipe a fait son mauvais match face à la JSK, notre domination était totale mais nous avons péché dans la finition. Vous avez vu comme moi qu’ils ont opéré par un bloc défensif et je m’attendais à ce qu’ils viennent chercher un point, c’est tout. Je ne suis pas encore battu, il nous reste une deuxième manche à jouer en Kabylie, et je peux même vous dire que nous irons pour gagner. »
«Nous avons déjà été tenus en échec à domicile, puis gagné à l’extérieur»
Etayant ses propos pour convaincre les présents que son équipe n’est pas encore éliminée de ce dernier round avant la phase des poules, Dieng dira : «Ce n’est pas parce que nous avons laissé filer deux points aujourd’hui que nous sommes éliminés. On a vécu le même scénario à l’entame de la dernière compétition de la Champions league, nous avions été tenus en échec et nous sommes parvenus à gagner à l’extérieur. C’est ce que nous essayerons de reproduire face à la JSK. »
«L’enjeu de gagner à domicile a pesé sur mes joueurs»
«Même l’enjeu de gagner cette équipe à domicile a beaucoup pesé sur mes joueurs, qui commettaient des erreurs techniques que je déplore aussi. Je reste persuadé que si nous comptons sur notre détermination de passer en poules, on peut battre la JSK à Tizi Ouzou», affirma Dieng.
Belhout «Qu’on arrête de dire que l’adversaire est modeste lorsqu’on gagne !»
Satisfait du résultat de son équipe, le premier responsable du staff technique de la JSK Rachid Belhout nous a donné le secret de ce nul réalisé en terre sénégalaise. La plus grande satisfaction, dit-il, c’est le fait que ses hommes ont surpassé les nombreux obstacles, à savoir le manque d’effectif, les suspendus, les blessés. Toutefois, et de par sa grande expérience sur les terrains, Rachid Belhout a tenu à nous faire savoir que son équipe n’est toujours pas qualifiée et qu’il fallait garder les pieds sur terre en prévision du match retour.
«On aurait pu marquer plus d’un but si on avait bien exploité les espaces»
Comme à son habitude, l’entraîneur kabyle est revenu sur la physionomie de la rencontre. Belhout estime que son équipe avait la possibilité de marquer plus d’un but, vu les nombreuses occasions qui se sont présentées en première période, mais il reconnaît que ses joueurs n’ont pas très bien exploité tous les espaces de jeu : «J’avais demandé à mes joueurs de prendre leurs précautions lors du premier quart d’heure, du moment qu’on n’avait pas une grande idée sur l’adversaire. Au fil des minutes, nous avons constaté que cette équipe était prenable. Je reconnais que mon équipe aurait pu marquer plus d’un but, si on avait bien exploité tous les espaces de jeu. Mais un nul reste un bon score.»
«Notre bonne organisation sur le terrain a fait la différence»
«Nous étions bien organisés sur le terrain, notamment en seconde période. Même après le but égalisateur, les joueurs ne se sont à aucun moment relâchés. C’est important. Ils sont restés concentrés dans la partie. Tous ces paramètres ont fait la différence. Maintenant, il va falloir sortir un grand match au retour. Pour ma part, je me suis préparé à la difficulté de la rencontre compte tenu des circonstances qui l’on précédé. Les blessés, les suspendus et le risque de cartons nous a beaucoup perturbés. Je suis heureux que tout soit bien passé», déclare-t-il.
«Ziti était époustouflant»
En s’exprimant sur le niveau de ses joueurs, l’entraîneur en chef de la JSK a marqué un temps de réflexion sur la prestation de Ziti. Le jeune international algérien qui a occupé à nouveau son poste dans l’axe aux côtés de Rial, a donné satisfaction : «En l’alignant dans l’axe, je savais que Ziti allait faire une grande rencontre. Il était époustouflant dans l’axe. Sa polyvalence va beaucoup l’aider à l’avenir. C’est un joueur qui a beaucoup progressé depuis sa venue à la JSK.»
«Je souhaite qu’il reste à la disposition du club»
Toutefois, Belhout a émis le vœu que le sélectionneur Azzedine Aït Djoudi se montre compréhensif, en le laissant à la disposition de la JSK : «Je souhaite que Ziti reste à la disposition de la JSK pour le match retour face aux Jarraf. Aït Djoudi dispose de Khelili, je pense que c’est suffisant. Nous avons un match important à préparer. Nous allons émettre le vœu qu’il reste avec nous.»
«C’est le moment de faire vivre l’Afrique à Lamhene»
Après Ziti, Belhout s’est exprimé sur les qualités du jeune Mokhtar Lamhene : «C’est le moment de faire vivre l’Afrique à Lamhene. C’est un jeune joueur qui a un grand potentiel au milieu du terrain. Il va avoir plus de chance à l’avenir. Je vais l’aligner dans les prochaines journées, afin qu’il puisse retrouver toute sa confiance.»
«Nous ne sommes pas encore qualifiés»
Le coach kabyle a tenu à mettre en garde ses joueurs contre tout relâchement, en prévision du match retour à Tizi : «Les joueurs ont le droit de se réjouir de ce résultat, mais ils doivent se mettre dans la tête qu’ils ne sont pas encore qualifiés. La qualification se jouera en deux manches. Et pour passer, il va falloir sortir à nouveau une grande rencontre à Tizi, dans une dizaine de jours. Maintenant que nous avons une meilleure idée sur l’adversaire, la préparation sera meilleure. La défaite des Sénégalais en Tunisie sur le score de 5 à 0 ne reflète pas le niveau de cette équipe. Il faudra donc garder les pieds sur terre.»
«Le retour des blessés et suspendus sera à notre avantage»
Rachid Belhout estime que son équipe sera plus forte au match retour, avec le retour des joueurs suspendus et blessés telle que Berchiche, Oussalah et Tedjar : «Le groupe va se compléter au match retour. Les blessés et les suspendus vont être d’un grand apport pour nous. Nous sommes avantagés de ce côté-là.»
«Lorsqu’on perd, on nous descend en flammes, et lorsqu’on gagne on dit que l’adversaire est faible»
En dernier lieu, Belhout n’a pas caché son mécontentement vis-à-vis de certaines personnes qui, d’après lui, minimisent les performances de la JSK : «Qu’on arrête de dire que l’adversaire est modeste lorsqu’on gagne. Lorsqu’on perd, on nous descend en flammes, et lorsqu’on gagne on dit que l’adversaire est faible. On ne dit jamais que la JSK est supérieure ! Je me demande pourquoi. Cette fois, on a sorti une rencontre d’un bon niveau et on fera de même au retour.»