La conférence de presse tenue par son père, deux avocats et deux médecins se veut comme une preuve comme quoi le joueur a été bel et bien victime d’une agression brutale et que justice doit être faite dans cette affaire. De ce côté-là, les membres de la famille ont présenté un dossier complet et des rapports d’autopsie faits à l’hôpital militaire de Douala. Le docteur Moun André qu’on décrit comme un docteur dit «de renommée mondiale», mais qui n’apparaît pas sur les recherches sur le net.
Jusque-là, tout semble légitime. Les Camerounais veulent à tout prix connaître la vérité et être fixés sur les véritables raisons de la disparition du joueur. Cependant, la tâche noire au cours de ce point de presse, c’est lorsque le père du joueur prend la parole et aborde directement l’aspect financier. «Le tiens à dire que ni la JSK ni la FAF n’ont tenu leur promesses. On n’a reçu aucun centime ! », dira-t-il. Mais franchement, que vient faire l’argent dans cette histoire ? Pourquoi évoquer ce volet lors d’une conférence de presse qui devrait être destinée exclusivement «à la cause de la mort d’Albert Ebossé». Alors, la question se pose et s’impose : cherchent-ils l’argent ou la vérité ? En quoi le rapport d’autopsie établi au Cameroun, par un médecin camerounais, serait plus crédible que celui fait à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja ? Sur quelles bases, de quel droit et surtout dans quel intérêt va-t-on remettre en question la crédibilité d’un hôpital militaire algérien, d’un médecin algérien, donc d’un pays comme l’Algérie ? Il est vrai que la même chose pourrait être dite sur l’autopsie faite au Cameroun, faite dans un hôpital militaire camerounais par un médecin local, sauf que dans ce deuxième cas, l’argent entre en jeu. Il est sûr qu’on n’aura jamais douté des intentions de la famille Ebossé si le père du joueur n’avait pas évoqué cet aspect-là au cours de la conférence de presse. Ce n’est pas le cas, donc le doute est permis. Derrière, il y a les parents, l’épouse, les frères, les cousins…Veulent-il utiliser leur fils pour subtiliser de l’argent à la JSK et à la FAF en remettant en cause les circonstances de sa mort et en faisant pression par une contre-expertise faite par un médecin camerounais? C’est une hypothèse tout à fait défendable. Sont-ils sincères ? Est-ce une simple maladresse du père d’Ebossé ? C’est aussi défendable.
Une troisième autopsie s’impose
Le rapport fait au Cameroun présente un rapport contraire et contradictoire à celui établi en Algérie. Comme la science ne ment jamais et qu’il ne pourrait y avoir qu’une seule vérité et une seule, il serait plus qu’indéniable de procéder à une troisième autopsie qui serait faite dans un hôpital neutre et avec un médecin neutre. C’est la seule et unique manière d’établir la verité et de rendre hommage au grand homme qu’était Albert Ebossé. Parce qu’il faut le dire, parents du défunt, le Cameroun, la JSK, les supporters kabyle et tout humain sur cette Terre ayant entendu parler de cette affaire souhaiteraient connaître la verité et lever tout doute et ombre sur «le comment» Albert Bodjongo Ebossé a été tué. Et la meilleure façon aux Ebossé de prouver leurs bonnes intentions est de soumettre le corps du défunt à une partie neutre. La moindre hésitation serait un aveu de mauvaise foi.
I. Z.
La JSK refuse tout commentaire
Par ailleurs, pour en savoir un peu plus sur cette affaire, on a essayé et à plusieurs reprises d’avoir Mohand-Chérif Hannachi ainsi que certains dirigeants pour une réaction officielle. Cependant, les dirigeants kabyles se refusent à tout commentaire, préférant observer le silence.
Contre-expertise de l’autopsie d’Ebossé
Les Camerounais avancent la thèse de l’assassinat
Par Islam Zemam
Sur demande du père de feu Ebossé, l’hôpital militaire de Douala a fait une nouvelle autopsie du corps de l’ancien joueur de la JSK. La nouveauté, c’est que le docteur Moun André qui a fait l’autopsie parle directement d’un assassinat froidement perpétré.
En effet, le père d’Ebossé a tenu à ce qu’une nouvelle autopsie soit pratiquée afin de faire la lumière sur la vérité, comme le disent les avocats de la famille. C’est pour cette raison qu’ils ont organisé une conférence de presse pour aborder les résultats des examens pratiqués sur la dépouille du défunt joueur de la JSK. Les Camerounais n’y sont pas allés par quatre chemins puisqu’ils avancent ni plus ni moins la thèse de l’assassinat froidement perpétré contre l’ancien avant-centre des Canaris. Un assassinat qui fait suite à une première agression qui aurait causé une luxation de l’épaule au joueur et ce avant même de rentrer aux vestiaires. Ce n’est pas tout, puisque le docteur Moun André avance aussi que plusieurs zones d’ombre subsistent dans cette affaire et qu’il y avait une intention de dissimulation de la part des autorités algériennes. Pour appuyer leurs dires, les avocats de la famille avancent aussi le fait que l’enquête n’avance pas et qu’ils veulent être partie prenante dans cette affaire pour pouvoir enfin lever le voile sur ce qui s’est passé en aidant les autorités algériennes dans l’avancement de ce dossier. Dans ledit rapport d’autopsie, on mentionne que le joueur a été victime d’une agression brutale et que 5 lésions ont été découvertes. Voici les conclusions qu’on peut lire sur le rapport détaillé du médecin, le docteur Moun André, qui est sûr de ses résultats que voici ci-dessous :
Sur le crâne
1- Une embarrure de la calotte
2- La fracture des os de la base du crâne
3- La fracture des vertèbres cervicales.
Sur l’épaule gauche :
Une luxation et une fracture macquée de la clavicule du même côté
I. Z.
Maître Ruben Billap : «On connaît la vérité, on passe à l’action»
«Bien entendu, il y a une première étape, celle de la recherche de la vérité. On vous a dit au cours de cette conférence comment nous avons procédé. Nous avons trouvé la vérité. Nous avons essayé de saisir qui de droit pour que la vérité soit suffisamment publiée. Comme nous l’avons dit et promis, nous allons désormais passer à l’action. J’ai saisi, dans un premier temps, le procureur de la République à Douala. Ensuite, j’ai saisi le médecin-chef de l’hôpital militaire muni de ce résultat d’autopsie. Maintenant, je vais saisir la première autorité du Cameroun, Paul Dia, président de la République, le ministre des Relations extérieures, le ministre des Sports et de l’Education physique, le président du comité de normalisation, le président de la CAF, celui de la FIFA. C’était pour conjuguer les efforts pour pouvoir saisir les autorités compétentes algériennes, qu’elles soient politiques ou judiciaires. Je le dis face à la lenteur administrative de l’autre côté ou ce qu’on peut appeler l’inertie, on a décidé conjointement avec mon collègue français de passer à l’action.»
I. Z.
Maître Jean-Jacques Bertrand : «Si la JSK ne concourt pas, elle doit en supporter les conséquences»
«Face au silence des autorités algériennes, c’est déjà essayer de percer ce mur. On a un corps qui est revenu au Cameroun avec des éléments qui ne permettaient pas de procéder à des examens. Le médecin légiste nous l’a confirmé. Nous devons avoir réponse à ces questions et avoir une copie du rapport fait en Algérie et savoir où en est l’enquête, où en est l’enquête promise par le ministre de l’Intérieur. On doit savoir également où en sont les poursuites judiciaires. Avec les éléments que l’on a, on peut concourir avec les autorités algériennes à la découverte de la vérité et la poursuite des coupables. Ses parents, frères et sœurs dans un projet en Algérie où les coupables seront jugés. On fait en sorte que les autorités sportives au-delà de la dimension politique du football que représente cette affaire. Nous allons saisir la FIFA du litige qu’a le joueur avec son club puisque son club (la JSK) fait silence complet. Ses responsabilités doivent être jugées aussi. On sait qu’un club doit la sécurité absolue à toutes les personnes présentes dans une enceinte sportive, surtout quand il reçoit, il doit protéger ses joueurs. Quand on voit que le joueur a été victime d’une agression terrible, certainement à plusieurs en retournant aux vestiaires. Si le club ne veut pas concourir à la découverte de la vérité, il doit en supporter les conséquences. La FIFA doit prendre ses responsabilités à son égard.»
Le Dr Moun André : «Ebossé a été froidement assassiné»
«Je l’ai dit dans mon rapport, le joueur est mort des suites d’une agression brutale. Avec poly-traumatismes sur le crâne, sur les os de la base du crâne, sur la colonne vertébrale, les cervicales. On a vu une luxation de l’épaule côté gauche, une fracture méconnue de la clavicule à 2 cm de la jonction avec le sternum. Ça fait 5 lésions patentes qui ne correspondent pas à la thèse d’une pierre lancée des gradins. Albert Ebossé a été assassiné. Je l’ai dit, Ebossé est mort des suites d’une agression brutale et je résume les conclusions. Le cerveau était congestif et rougeâtre et cet œdème provient d’un coup direct. Sur le crâne, il y avait un petit dénivelé, des suites de cette première agression. L’agression initiale, c’était quand on l’a immobilisé et quand il a eu la luxation à l’épaule. Le tableau peut être second, puisqu’on n’était pas là. On est dans la conjoncture. Cette absence de jonction dans la clavicule qui était flottante. La peau avait une lésion cutanée et on n’a pas pu la suivre pour déterminer si c’était dû à un objet contendant.»
«Une volonté de dissimulation»
«Il y a manifestement une volonté de dissimulation dans l’autopsie pour préserver la véracité dans une contre- expertise. On ne perd pas le tissu. La première lésion, c’est la luxation, la seconde, le cerveau congestif qui permet de voir qu’il a reçu un coup direct. La cirrhosité qui sort, lorsque vous subissez un traumatisme et un choc sur le crâne. Ebossé est venu avec un traumatisme et cette cirrhose sortait de ses narines. La 4e lésion, il a eu un traumatisme des os du crâne. Pour finir, ces vertèbres avaient été fracturées.»
I. Z.
André Bodjongo : «Argent ? On n’a rien reçu, ni de la JSK ni de la FAF»
Pour sa part, le père du défunt joueur qui a organisé cette conférence de presse a affirmé n’avoir reçu aucune aide, ni par la JSK ni par la FAF. «J’ai inhumé Ebossé, aucun membre de son club la JSK n’était présent. Même jusqu’à ce jour, personne n’est passé présenter les condoléances à la famille. Nous avons appris à travers les médias que le club et la Ligue de football professionnel s’engageaient à verser de l’argent à la famille. Voilà quatre mois que mon fils est mort, la famille n’a rien reçu. Et même l’enquête ouverte sur cette affaire par les autorités algériennes, toujours pas de résultat.»
I. Z.