Reda Hamiani, sévère envers les plans quinquennaux précédents
n marge des Journées techniques sur le financement des mégaprojets, Reda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprises, a fait part hier à une assistance nombreuse -de sévères remarques -sur la politique de développement de notre pays, «sans pour autant lui porter atteinte» a-t-il indiqué.
A l’occasion d’un séminaire sur le f inancement des mégaprojets organisé hier et aujourd’hui à l’hôtel El Aurassi, à l’initiative du Cabinet de conseil ENHANCEAL de Paris, de nombreux experts ont pris part ces deux Journées, notamment Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprises.
Prof itant de la tribune qui lui a été accordée au premier jour des travaux, le patron des patrons, et accessoirement viceprésident de la Chambre algérosuisse de commerce, a présenté une large liste des préoccupations des patrons algériens quant aux plans quinquennaux passés et à venir.
Rappelant à l’assistance le souhait du secteur privé d’avoir plus de places dans les ambitieux plans quinquennaux entrepris par le gouvernement, il a comparé leurs parts dans les projets antérieurs à «une peau de chagrin».
En effet, Mr Hamiani fait remarquer qu’au vu l’immensité des projets en cours et leur nombre, le secteur privé n’a pas été assez sollicité. Encore plus, selon lui, si les infrastructures publiques (autoroutes, barrages, ponts etc) relèvent du secteur public, car peu rentables pour des operateurs privés, les autres projets, eux, auraient dû être du fait du secteur privé.
«On aurait pu miser plus sur les marchés et moins sur la dépense publique» a-t-il déclaré. Second point aussi important abordé par Réda Hamiani, celui du transfert de technologie et de savoir-faire. Un fait qui ne tient qu’à l’Algérie. «Nous avons jusque-là payé, acheté, mais pas demandé un transfert de technologie ».
Selon lui, ceci dépendrait de nous. Nous devons insister sur des clauses de transfert de savoir-faire. Et les plans quinquennaux précédents auraient pu permettre cela. «Jusqu’à quand l’Algérie continuera- t-elle à acheter des autoroutes, des barrages…» Les 5 studieuses dernières années auraient dû être saisies pour associer les entreprises algériennes à leurs partenaires étrangers, d’après lui.
Et ce n’est, semble- t-il, pas la première occasion que rate l’Algérie. Et il rappelle: dans les années 80, un projet d’acheminement du gaz vers l’Europe via la mer avait réuni l’Algérie et l’Italie. Pionniers dans ce domaine, les deux pays avaient mis en place un pipeline de gaz à 600 mètres sous la mer.
Aujourd’hui, si l’Italie a exploité cette expérience, en créant un institut spécialisé devenu entre temps de renommée mondiale, l’Algérie n’en a malheureusement tiré aucun prof it. D’autres projets de ce type ont vu le jour chez nous, toujours pilotés par des étrangers.
«Nous payons beaucoup plus cher les mêmes projets que le Maroc, la Tunisie, l’Inde ou la Malaisie» 3ème et dernier point auquel Mr Hamiani a accordé de l’importance ; celui de la formation. Le manque criant dans ce créneau mène, selon lui, est lié à certaines aberrations spécif iques à l’Algérie.
«Ce qui se fait au Maroc, en Tunisie et en Inde, est payé beaucoup plus cher en Algérie » a-t-il expliqué. Selon ses propos, ceci est dû aux «exigences algériennes en terme de qualité et de délais». Mais pas seulement. Selon lui, le manque de management des projets y est pour quelque chose.
«Il n’y a pas de management des projets en Algérie» a-t-il indiqué. Résultats, les vieux reflexes -et surtout les mauvaisont la dent dure dans notre pays. En effet, «nous tirons rarement les conclusions des projets précédents » a-t-il conclu.
Habib Raouf