Journée pharmaceutique sur l’automédication : Quand le pharmacien peut remplacer (sans risque) l’ordonnance

Journée pharmaceutique sur l’automédication : Quand le pharmacien peut remplacer (sans risque) l’ordonnance

Écrit par Fazil Asmar

D’après le Conseil de l’Ordre des pharmaciens, 20% des malades qui franchissent le seuil des officines demandent conseil auprès de leur pharmacien pour l’acquisition de médicaments sans passer par les médecins. Une pratique qui n’est pas sans déplaire aux représentants des officines de pharmacie, espérant que l’automédication se répande.

Le Snapo en a même fait la thématique de sa 11e Journée pharmaceutique qui s’est tenue, hier à l’hôtel El Aurassi. «C’est un sujet qui a toujours été jugé sensible, avec une fâcheuse tendance à mettre, à tort ou à raison, le pharmacien d’officine en mauvaise posture quant à une dispensation irrationnelle du médicament», souligne le président du Snapo, Messaoud Belambri.

D’autant plus, selon le président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens, Abdelkrim Touahria, que la plupart des officines ne savent pas quels sont les médicaments pouvant être prescrits sans ordonnance. Il a appelé, dans ce sens, la tutelle à organiser des formations en continu au profit des pharmaciens pour les tenir informés sur ces questions.

«L’automédication représente des avantages à condition qu’elle soit maîtrisée par les officines. Cette dernière ne peut pas remplacer le médecin, mais peut le compléter dans les soins de pathologies bénignes», explique-t-il. Etant un espace accessible, assure Belambri, l’officine est le premier maillon de la chaîne de soin que le patient cherche à consulter de façon naturelle. «Elle doit rassurer le patient, le conseiller. Si elle est bien encadrée, l’automédication trouvera parfaitement sa place comme elle l’a trouvé dans les pays les plus développés et les plus industrialisés. Elle a un rôle positif à jouer en plus dans l’éducation des patients, pour en faire des patients responsables et non infantilisés», dit-il. Les avantages de l’automédication, d’après le président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, ne sont pas que d’un point de vue sanitaire, mais également économique. Sur le plan sanitaire, elle incite le patient à se prendre en charge via les conseils de son pharmacien, tandis que sur le plan économique, vu que les médicaments non prescrits ne sont pas remboursables, elle permet un équilibre financier dans les caisses de la Sécurité sociale et assurent des entrées financières confortables aux officines. «Sa mise en place sera favorisée une fois la liste des médicaments de la nomenclature divulguée. Ce qui est d’ailleurs le cas. Mais aussi si les marges bénéficiaires sont révisées», précise-t-il. La révision des marges bénéficiaires d’ailleurs, indique le président du Snapo, sont débattues actuellement au niveau de la tutelle. «Nous saluons le travail de collaboration entre nous et le ministère dans tous les volets qui concernent le secteur», confie-il. Une collaboration pour laquelle se réjouit également le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hazbellaoui, dont le discours a été lu par son représentant, Hamou Hafed, directeur de la pharmacie au ministère. Le ministre considère l’automédication comme étant d’«actualité brûlante», qui s’inscrit dans la politique d’optimisation des ressources dans le secteur. Il a assuré que les ateliers organisés dans le cadre de cette journée sont des thèmes lancés dans le cadre de la nouvelle stratégie de la santé.